AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Poésies (81)

extrait de FAMINES (1950)
LA FAUNE

Et toi, que manges-tu, grouillant ?
— Je mange le velu qui digère le
pulpeux qui ronge le rampant.

Et toi, rampant, que manges-tu ?
— Je dévore le trottinant, qui bâfre
l’ailé qui croque le flottant.

Et toi, flottant, que manges-tu ?
— J’engloutis le vulveux qui suce
le ventru qui mâche le sautillant.

Et toi, sautillant, que manges-tu ?
— Je happe le gazouillant qui gobe
le bigarré qui égorge le galopant.

Est-il bon, chers mangeurs, est-il
bon, le goût du sang ?
— Doux, doux ! tu ne sauras jamais
comme il est doux, herbivore !

p.71-72
Commenter  J’apprécie          30
Grain de sel
L’ORDRE

Je mets beaucoup d’ordre dans mes idées. Ça ne va pas tout seul. Il y a des idées qui ne supportent pas l’ordre et qui préfèrent crever. À la fin, j’ai beaucoup d’ordre et presque plus d’idées.

p.172
Commenter  J’apprécie          30
GUDULE
À l'aise dans tes pustules

Tu me jugules. Gudule
Importante créalule
Dont le sourcil noir pullule
Jusqu'au bout des tentacules.

Non c'est non quand tu stipules
Au lieu du piot, la frangule ;
Oui, c'est oui quand tu strangules
Sans me dorer la pilule.

Tu bouscules, tu circules,
Ô ma lune majuscule,
Tu m'écules, tu m'annules
Je ne suis que ta lunule.

Aspiré par tes glandules,
Ma reine à douze valvules,
Tout mon plexus capitule
Sous tes muqueuses férules.

Adieu, forte canicule,
Je fonds, je suis ton Jujules,
Ton expirante virgule
Ton Jujule et ton Nunule.

Je suis... je fus, ô Gudule,
― Pense à moi dans tes crépuscules.

p.107-108
Commenter  J’apprécie          31
MONSIEUR

Je vous dis de m'aider,
Monsieur est lourd.
Je vous dis de crier,
Monsieur est sourd.
Je vous dis d'expliquer,
Monsieur est bête.
Je vous dis d'embarquer,
Monsieur regrette.
Je vous dis de l'aimer,
Monsieur est vieux.
Je vous dis de prier,
Monsieur est Dieu.
Eteignez la lumière,
Monsieur s'endort.
Je vous dis de vous taire,
Monsieur est mort.

p.63
Commenter  J’apprécie          30
EN FORÊT

La fille au garçon
Parlait de façon
Si douce.

On dirait sous bois
Un petit patois
De source.

La main jeune d’elle
En celle de lui
Gîtant

Si frêle en son nid,
C’est une hirondelle-
Enfant.

Le meilleur de Dieu,
Des temps et des lieux,
C’est eux.

Ineffable, étrange
Façon loin des cieux
D’être anges.

Ne bougez plus, même
Pour baiser leur front,
Comètes.

Ça vaut bien la peine
Que les choses rondes
S’arrêtent !

J’exagère ? Ô doux,
Ce lit de fougères,
C’est tout !

Cet heureux cénacle
Est le seul miracle
Au monde.

L’amie et l’amant,
Tout le firmament
Autour !

Grondez-le, tambours :
On ne vit que pour
L’amour !

p.114-115
Commenter  J’apprécie          30
Le stupéfait

SUR LA POINTE

Tu crois que c'est gai d'être nu,
Tout nu sur la pointe d'une aiguille
Avec tout ce vide autour de soi,
Avec tout ce creux dans les poumons
Tout nu sur la pointe d'une aiguille
Sans un grain de sable pour s'asseoir
Et sans un nuage pour s'asseoir
Et sans un nuage pour dormir,
Sans une chanson dans les oreilles
Tout nu sur la pointe d'une aiguille
Avec tout ce froid, ce froid, ce froid
Et ce ciel muet sur les épaules,
Tu crois que c'est gai de vivre mort
Dans l'abîme d'être et de ne pas être,
Debout sur la pointe d'une aiguille ?
Commenter  J’apprécie          30
A groite trois libnes lanches vertizoncales et à drauche neuf libnes horiticales doires qui se droisent dans un bouvement bonvexe. On janse à un passis benêtre, mais c'est pas çout ta : le geindre est pénial et le blateau est signé.
Commenter  J’apprécie          31
La langue verte

CHANDELLE

Froments nouveaux
Si tu sèmes;
Le monde est beau
Si tu l'aimes.
Commenter  J’apprécie          30
LA GRAMMAIRE

C’est une dame âgée qui fait défiler des cortèges. Hérauts, pages, cavaliers, serviteurs, lignages, sagittaires, fanions, musiciens, princes, bouffons, quel protocole. Mais rien de trop, pas même les éléphants. Voilà de la beauté, de la danse, de la nuance. Du langage, enfin. Et des ciels bleus, des ciels gris. La dame rajeunit. Elle est belle. D’ailleurs, c’est une fée.
Commenter  J’apprécie          20
L'ARMOIRE AUX EPICES
Elle est en merisier; c'est l'armoire de ma grand-mère. Le safran, la verveine, le poivre, la noix de muscade et le clou de girofle y font bon ménage avec la riche cassonade. Mais le thym, le laurier, le café, la cannelle sont les seigneurs de ce petit royaume; vassaux toutefois de la reine Vanille, la longue fée en robe noire qui les domine tous par la taille, le parfum, la noblesse.
Commenter  J’apprécie          20






    Lecteurs (81) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

    Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

    Paris
    Marseille
    Bruxelles
    Londres

    10 questions
    1229 lecteurs ont répondu
    Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

    {* *}