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EAN : 9782070247455
125 pages
Gallimard (10/11/1954)
2.88/5   4 notes
Résumé :
La langue verte (Métamorphoses)
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Norge a longtemps été pour moi un nom attaché aux surréalistes belges sans que je n'aie jamais pu approfondir son écriture. Mais voilà : Petit trésor qui te languissais sur l'étage Belgique de ma bibliothèque, exemplaire 399 de la 1re édition, tu vois je t'ai pris dans mes mains et tu m'as ébouriffé la langue française.

La langue verte se présente un concerto en trois temps:

- Premier temps : Glose est une étude sur la langue verte, ensemble de parlers dont le populaire, les dialectes notamment le wallon (décidément après le joual de Catellier), le langage enfantin et les jeux purement gratuits sur le langage. Un étude oui, mais... qui oserait commencer un essai par :
"Mon chien s'appelle Sophie et répond au nom de Bisoute."
C'est que son étude est déjà littérature, se conjugue aux temps de l'imaginaire, aux accents populaires rehaussés de guipure maniériste (pour ne pas dire maniérée). Nous voilà donc dans ce premier mouvement de la symphonie, aux prises avec une orchestration changeante citant des phrases mélodiques de Queneau à Rabelais - mélodiques parce que les mots dans cet essai sonnent plus qu'ils ne parlent.

- Deuxième temps : Charabias. Si Glose imposait le thème, Charabias sont les variations. Brefs poèmes où se côtoient toutes formes de langages, de vocabulaire, de figures de style ou de chant, allitérations, interjections, jeux de mots, rimes riches ou pauvres - il y en a pour tout le monde - patois, virelangues, abréviations, expressions populaires ou confettis et comptines. Il en faut du culot pour intituler son poème "zoziaux". Un charabia n'est-il pas un langage à la limite de l'incompréhensible dont on perçoit des bribes mais on ne saisit pas la finalité.

- Troisième temps: Verdures, pour revenir au thème titre, Verdures serait la fugue: Suite de poèmes contenant une brève histoire à la forme très étudiée - rimes et mètre -, aux thèmes cette fois bien plus sérieux et parfois même moraux (la mort, l'amour, la passion du Christ, la condition humaine).
"Cher univers, tu m'étonnes"
Si j'ose le terme de fugue, c'est qu'en contrepoint apparaît sans cesse et sans prévenir le thème du langage ou de la communication.
"Vert le verbe qui commence
Et verte la langue en vie"

Oeuvre musicale rafraîchissante que cette langue verte comme la menthe poivrée, la piqûre d'ortie, la brassée de gazon coupé, qui sent la campagne fleurie... fraîche mais lourde d'un certain tragique humain que le poète - définitivement tombé de son piédestal culturel - désespérément tente de d'alléger.
"Des morts, encor des morts.
Toujours cette fin noire.
Changez-moi ce décor,
Ces acteurs, cette foire.

Je veux de francs feuillages,
Et du son de fluteau
Qui passe dans mes âges
Comme un printemps sur l'eau"

Indispensable pour les amateurs de surréalisme, de linguistique ou de littérature belge. Ça tombe bien, c'est tout moi !
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
- Tais-toi, Vénéneux,
Tes molaires mâchent
Un parler squameux
Brugeois ou malgache.
Prends ton violeux,
J'ai ma cornemache ;
Raclons tous les deux
Ce duo fameux
Qui fait rire Dieu
Et pleurer les vaches !
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DEDANS

Dans le sacré sublime
Acharné brasier d'amour,

Dans le sacré rageur,
Absurde bleu de bleu,

Dans le sacré tenaillant
Sourire de l'archange,

Dans le sacré dormeur
Enragé du bête silence,

Dans le sacré fourbis
Noir brûlant de la pensée,

Sans le sacré dansant
Jubilant du vin des vignes,

dans le sacré tonnerre
D'amour-désespoir de tout,

Dans le sacré juron
Profanateur du sacré,

Dans le sacré poumon,
Poumon de poésie,

Norge,

Moi, Ô
j'ai vécu

Dans le sacré.


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LA BONNE FILLE


Et chaque nuit, la merveilleuse enfant du geôlier se
promenait toute nue dans les cellules et donnait du
plaisir à tous les prisonniers. Quel pain d’amour avec le
cruchon, la gamelle. Ineffable chaleur, on t’a bien
reconnue, va ! Ô poésie, ô fleur de cadenas.
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La Langue Verte, 1954


Chute d'une déesse

Paf ! l'a chu, la grande idôlée,
L'était belle et tant cajolée ;
Paf ! l'a chu d'un' seul' tribolée.

Dans ses mâchefers, ses plâtras,
Ses tracas, ses cas, ses fratras,
Paf, l'a bien chu, l'est tote à plat.

Z'orgues, vous peut bien gazouiller.
Z'encens, vous peut bien grésiller.
Z'esprits, vous peut bien zézayer.

Paf, l'a chu et l'est tote à plat.

Fallait pas qu'ell' fass' tant semblant.
Fallait pas qu'ell' no saigne à blanc.
Fallait du cœur, fallait du flanc.

N'en avait plus, n'en avait pas.
N'avait plus qu'feintise et blabla :
L'a bien chu, paf, l'est tote à plat.
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La Langue Verte, 1954


Duo bravache

‒ Salut, Fabuleux,
Ton chapeau bulbeux
Séduit ma rondache
Et le coup de hache
Qui taille tes deux
Naseaux de bravache
Me plaît encor mieux.

‒ Salut, Vénéneux,
Braillard et ganache,
Ton nombril haineux,
Ta joue en panache
Ont un chic mousseux
Comme les huit nœuds
Que font tes moustaches.

‒ Dis-moi, Fabuleux
Si ton groin se fâche
Quand la mouche à flache
Te ratisse un peu
Cet œil farineux
Que tes cils breneux
Ferment de leur bâche ?

‒ Tais-toi, Vénéneux,
Tes molaires mâchent
Un parler squameux
Brugeois ou malgache.
Prends ton violeux,
J'ai ma cornmache ;
Raclons tous les deux
Ce duo fameux
Qui fait rire Dieu
Et pleurer les vaches !
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Videos de Norge (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  Norge
Jeanne Moreau - Chanson à Tuer
Plante ce couteau, minette Mais droit au coeur s'il te plaît La besogne à moitié faite Et les meurtres incomplets Font horreur à l'âme honnête Qui n'aspire qu'au parfait Qui n'aspire qu'au parfait Parfait, parfait, parfait
Les couteaux à cran d'arrêt N'ont cure des pâquerettes L'homme dort comme un boulet Plante ce couteau, minette La nuit saoule de planètes Ne se souviendra jamais Ne se souviendra jamais Jamais, jamais, jamais
Droit au coeur, au coeur discret Qui dans son profond palais Sait mourir sans chansonnette Plante ce couteau, minette La nuit saoule de planètes Ne se souviendra jamais Ne se souviendra jamais Jamais, jamais, jamais
Ne se souviendra jamais

Paroles: Norge Musique: Michel Philippe-Gérard
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