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Critique de PhilippeCastellain


Le romantisme aurait-il existé sans le bacille de la tuberculose ? Ces écrivains, ces peintres, auraient-ils eu une telle soif de vie si les leurs n'avaient été aussi courtes ? Auraient-ils tant recherché la beauté, s'ils n'avaient pas senti leurs forces s'échapper et la terre humide se rapprocher d'eux inexorablement ?

Une question qu'illustre bien Novalis. Pendant allemand de John Keats, il vécut quatre années de plus que ce dernier, ce qui lui permit de laisser une oeuvre nettement plus fournie.

Les disciples à Saïs est l'une de ses oeuvres les plus emblématiques. Étrange texte que celui-ci. Qui est ce Maitre, qui encourage ses disciples à aller découvrir la beauté de la nature, à chercher les pierres étranges et les coquillages rares, qui leur révèle les secrets du monde ? le narrateur lui-même ne le sait pas. Il y a là une profonde réflexion sur les rapports entre science, nature et poésie. Trois domaines qu'il semble se désoler de voir prendre des chemins si différents. S'il avait su jusqu'où ils les mèneraient !

Nombre d'éléments semblent faire références à d'anciennes controverses entre scientifiques de l'époque. A bien des égards, le texte préfigure également l'orientalisme, et la fascination pour le bouddhisme qui apparut plus tard en Europe. Il y a un peu de Saïs dans le Siddhartha de Hermann Hesse

Son Hymne à la Nuit est non moins beau et étrange. Une suite de courts chapitres glorifiant la nuit et le sommeil, que par un étrange retournement il assimile à l'amour spirituel, et à l'amour de sa bien-aimée perdue. La lumière du jour n'est plus libératrice mais séparatrice. le christianisme de Novalis y apparait ; mais c'est dans ses hymnes religieux que s'illustre toute la profondeur de sa foi et de sa spiritualité. Ils furent mis en musique de nombreuses fois, notamment par Schubert.

Le traducteur rapporte qu'à son enterrement son père, qui ne s'était jamais préoccupé des activités poétiques de son fils, fut frappé par la beauté d'un des hymnes, et demanda qui en était l'auteur. « Comment, lui répondit-on, mais vous ne savez donc pas que c'est votre fils ! »
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