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Critique de Myriam3


Je suis bien embêtée... d'un côté, il y a tous les autres romans et biographies de Nuala 0'Faolain qui m'ont procuré un immense plaisir de lecture, et de l'autre il y a celui-ci, sa première publication, celle qui l'a rendue célèbre en Irlande, ma toute dernière lecture pour moi que je gardais comme une friandise cachée dans le placard car je savais qu'ensuite il n'y en aurait plus d'autre ... et malheureusement, quelle déception!
Voici donc le livre qui l'a lancée dans sa carrière littéraire, après avoir travaillé toute sa vie pour la télévision et le journalisme. A cinquante ans passés, Nuala profite d'une période de solitude et d'introspection pour rédiger ses mémoires, ne s'attendant nullement à ce que cette autobiographie remporte immédiatement un tel succès dans son pays, comme elle l'écrira en postface.
Nuala, c'est une femme qui a grandi dans la vieille Irlande et qui s'émancipera comme tant de jeunes et de femmes dans les années 60-70. Dublinoise, elle s'exile plusieurs années à Londres, fuit cette Irlande qui lui est étrangère et qui lui colle une image sur la peau qu'elle refuse. Psychanalytiquement parlant, on pourrait dire qu'en fuyant son pays maternel, c'est aussi sa famille - une mère alcoolique, pauvre et dépressive, un père absent qui ne s'intéresse pas à sa nombreuse progéniture - c'est dont aussi elle qu'elle fuit. C'est ainsi qu'elle ne découvrira réellement l'Irlande que tardivement, et revivra un retournement de situation en s'intéressant à la langue, la musique, les danses, les régions.
Pourtant, à mes yeux, Nuala est bien profondément irlandaise de coeur, par son exubérance mélancolique, sa foi et malheureusement aussi son alcoolisme, véritable plaie sociale en tout cas à cette époque.
Dans cette autobiographie, Nuala met des mots sur son cheminement jonché de chutes et de rechutes, d'errances, de mal-être et de tentatives de se sortir de ce fardeau familial qui a détruit toute la fratrie O'Faolain, mais aussi de succès en tant que femme et surtout de tâtonnements de ce que peut être et devenir une femme en cette époque de changements, dans un pays profondément catholique et patriarcal.
Ces thèmes, ce sont ceux qu'on retrouve tout au long de son oeuvre et qui m'interpellent, qui expliquent sans aucun doute aussi l'immédiat engouement du public irlandais qui s'est retrouvé dans ce qu'elle a vécu: l'alcoolisme familial, les fratries nombreuses, une éducation bancale et à coups de ceinture, la pauvreté, la pression de l'église. Alors pourquoi cette déception à la lecture? J'ai été très gênée par deux aspects:
tout d'abord j'ai eu du mal à suivre, en particulier au début, les va-et-vients entre les différentes époques de sa vie qu'elle entremêle lorsqu'elle part sur un sujet spécifique, donnant un sentiment de brouillon, de manque de rigueur dans l'écriture.
Le deuxième aspect qui m'a carrément agacée tout au long de ma lecture - heureusement il y avait des accalmies-, c'est cet effet de name-dropping, une liste interminable de noms d'hommes avec qui elle a eu des liaisons et qu'on finit par confondre les uns avec les autres, les personnalités qu'elle a rencontrées, fréquentées, avec qui elle a travaillé, les auteurs qu'elle a lu et étudié, les villes et pays qu'elle a visité avec son amie Nell... comme un désir peut-être inconscient d'en mettre plein la vue pour justifier sa place dans le monde peut-être mais qui m'a personnellement fait lâcher le bouquin plus d'une fois; Si j'ai tenu, c'est parce que c'est elle, et j'ai pourtant bien fait car il y a des moments de profonde lucidité, de beaux moments de lecture.
Ce roman m'a permis de refaire une petite escale dans ce pays que j'aime tant et qui me manque profondément en ce moment.
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