AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,81

sur 110 notes
5
5 avis
4
8 avis
3
4 avis
2
1 avis
1
0 avis
Dans ce récit, la journaliste Nuala O'Faolain la cinquantaine venue, livre à travers sa propre existence, plusieurs décennies d'Irlande embourbée dans sa haine entre catholiques et protestants, et la vil Angleterre bien décidée à dicter ces lois.
On pourra se dire, quel intérêt à suivre le parcours de cette femme ? Qu'a t'elle fait d'extraordinaire pour nous raconter sa vie ? Et bien le résultat est tout simplement passionnant.
Une enfance pas folichonne, des relations familiales tendues puis l'envol vers des contrées plus agréables. Nuala raconte sa vie, ces doutes, ces convictions, son envie d'être une femme libre et engagée. Tour à tour touchante, drôle, grave c'est un pan de l'histoire irlandaise qui nous est aussi raconté. Nuala ne triche pas, n'essaie pas d'enjoliver les choses, elle les couche sur le papier sans se cacher, avec lucidité. Et l'on s'aperçoit très vite que son récit nous parle, nous émeut, nous fais sourire. Un très beau regard sur Dublin, sur la place de la femme dans une société ou la religion est profondément ancré, sur la difficulté de s'émanciper, sur l'envie de vivre malgré tout. Un récit touchant d'autant plus que Nuala O'Faolain a été emporté par un cancer foudroyant en 2008. Putain de crabe.

Commenter  J’apprécie          410
Nuala O'Faolain était une journaliste connue en Irlande. Elle publie en 1996 ses mémoires alors âgée d'un peu plus de cinquante ans, présentant sans tabous ce que c'était de grandir dans une Irlande post-partition avec le Royaume-Uni...

Nuala O'Faolain est quasi une inconnue pour le lecteur français. Alors pourquoi s'attarder sur son autobiographie ? Pour deux raisons simples qui découlent l'une de l'autre : ces mémoires l'ont rendue célèbre dans son pays d'origine et ont fait d'elle presque une institution, car ils constituent le témoignage vrai d'une génération née à l'époque de traditions et qui a vu le changement survenir petit à petit, non sans mal et de nombreuses humbles révolutions. Cet ouvrage dresse un portrait sans tabou de l'Irlande de 1940 à 1995 et fait le constat, à travers l'histoire d'une vie, de l'impact global de la religion sur la société (place des femmes, éducation des enfants, difficile légalisation de l'avortement, la partition d'avec le Royaume-Uni et les conflits réguliers avec l'Irlande du Nord, etc.).
Même si ce récit a déjà vingt ans, et même si la société s'est modernisée comme partout, beaucoup de choses n'ont finalement pas changé, et le témoignage d'O'Faolain n'en est que plus marquant et très instructif sur le pays, sa population et sa vision des choses. Oui, on se fiche pas mal de sa vie, ses amours et son travail, notamment à l'étranger, mais la lecture prend tout son sens dès lors qu'elle remet ses anecdotes personnelles et son expérience dans le contexte historique et social de l'époque en Irlande.
L'autobiographie/les mémoires (car c'est bien à un mélange des deux genres qu'on assiste) d'O'Faolain constitue la moitié de ce livre, la deuxième partie étant consacrée à la republication de certains de ses articles, pas tous de la même qualité, assez souvent trop romancés, mais intéressants dans le sens où ils soulèvent de manière plus directe et plus philosophique ce qui a pu être abordé brièvement dans la biographie.
Bien que ce récit soit daté, ceux qui vivent en Irlande aujourd'hui se retrouvent confrontés à de nombreux héritages idéologiques et religieux du passé, comme une éducation férocement encadrée par la religion, avec un nombre presque ridicule d'établissements athées, ou encore un profond malaise toujours vif dès qu'on parle de l'Irlande du Nord. Les nouvelles générations issues d'une Europe multiculturelle et sans frontières se heurtent toujours à des traditions vieillottes qui survivent, surtout loin des grandes villes telles que Dublin, clairement devenue cosmopolite mais qui a bien sûr toujours un coeur d'habitants plus âgés attachés aux valeurs d'antan.
Finalement, ce récit est aussi le reflet d'un pur conflit de générations assez généralisé partout, originaire d'une pensée à deux vitesses qui s'opposent, entre modernité et traditions passées. On a la même chose en France...
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
Commenter  J’apprécie          200
Je suis bien embêtée... d'un côté, il y a tous les autres romans et biographies de Nuala 0'Faolain qui m'ont procuré un immense plaisir de lecture, et de l'autre il y a celui-ci, sa première publication, celle qui l'a rendue célèbre en Irlande, ma toute dernière lecture pour moi que je gardais comme une friandise cachée dans le placard car je savais qu'ensuite il n'y en aurait plus d'autre ... et malheureusement, quelle déception!
Voici donc le livre qui l'a lancée dans sa carrière littéraire, après avoir travaillé toute sa vie pour la télévision et le journalisme. A cinquante ans passés, Nuala profite d'une période de solitude et d'introspection pour rédiger ses mémoires, ne s'attendant nullement à ce que cette autobiographie remporte immédiatement un tel succès dans son pays, comme elle l'écrira en postface.
Nuala, c'est une femme qui a grandi dans la vieille Irlande et qui s'émancipera comme tant de jeunes et de femmes dans les années 60-70. Dublinoise, elle s'exile plusieurs années à Londres, fuit cette Irlande qui lui est étrangère et qui lui colle une image sur la peau qu'elle refuse. Psychanalytiquement parlant, on pourrait dire qu'en fuyant son pays maternel, c'est aussi sa famille - une mère alcoolique, pauvre et dépressive, un père absent qui ne s'intéresse pas à sa nombreuse progéniture - c'est dont aussi elle qu'elle fuit. C'est ainsi qu'elle ne découvrira réellement l'Irlande que tardivement, et revivra un retournement de situation en s'intéressant à la langue, la musique, les danses, les régions.
Pourtant, à mes yeux, Nuala est bien profondément irlandaise de coeur, par son exubérance mélancolique, sa foi et malheureusement aussi son alcoolisme, véritable plaie sociale en tout cas à cette époque.
Dans cette autobiographie, Nuala met des mots sur son cheminement jonché de chutes et de rechutes, d'errances, de mal-être et de tentatives de se sortir de ce fardeau familial qui a détruit toute la fratrie O'Faolain, mais aussi de succès en tant que femme et surtout de tâtonnements de ce que peut être et devenir une femme en cette époque de changements, dans un pays profondément catholique et patriarcal.
Ces thèmes, ce sont ceux qu'on retrouve tout au long de son oeuvre et qui m'interpellent, qui expliquent sans aucun doute aussi l'immédiat engouement du public irlandais qui s'est retrouvé dans ce qu'elle a vécu: l'alcoolisme familial, les fratries nombreuses, une éducation bancale et à coups de ceinture, la pauvreté, la pression de l'église. Alors pourquoi cette déception à la lecture? J'ai été très gênée par deux aspects:
tout d'abord j'ai eu du mal à suivre, en particulier au début, les va-et-vients entre les différentes époques de sa vie qu'elle entremêle lorsqu'elle part sur un sujet spécifique, donnant un sentiment de brouillon, de manque de rigueur dans l'écriture.
Le deuxième aspect qui m'a carrément agacée tout au long de ma lecture - heureusement il y avait des accalmies-, c'est cet effet de name-dropping, une liste interminable de noms d'hommes avec qui elle a eu des liaisons et qu'on finit par confondre les uns avec les autres, les personnalités qu'elle a rencontrées, fréquentées, avec qui elle a travaillé, les auteurs qu'elle a lu et étudié, les villes et pays qu'elle a visité avec son amie Nell... comme un désir peut-être inconscient d'en mettre plein la vue pour justifier sa place dans le monde peut-être mais qui m'a personnellement fait lâcher le bouquin plus d'une fois; Si j'ai tenu, c'est parce que c'est elle, et j'ai pourtant bien fait car il y a des moments de profonde lucidité, de beaux moments de lecture.
Ce roman m'a permis de refaire une petite escale dans ce pays que j'aime tant et qui me manque profondément en ce moment.
Commenter  J’apprécie          160
On s'est déjà vu quelque part ? est l'autobiographie particulièrement touchante de Nuala O'Faolain. C'est le livre qui l'a lancée dans l'écriture, avant ses romans (que je connaissais déjà). Il est complété d'une postface où elle cite les innombrables réactions qu'il a suscitées.
Le titre original “Are you somebody ?”, êtes-vous quelqu'un (sous-entendu : de célèbre), fait référence à sa notoriété comme personnalité des media.
Mais c'est aussi, surtout, son interrogation personnelle sur ce qu'elle est, et sur ce qui l'a construite.
Le livre est un peu un fourre-tout : son enfance auprès d'une mère alcoolique, en l'absence d'un père toujours parti au loin. Ses années d'étudiante pauvre, mais en compagnie de multiples artistes (“Il y avait des poètes partout”); ses emplois dans l'enseignement, puis à la radio. Sa vie à Londres, ses retours en Irlande, ses voyages. Et ses amours aussi, vus au prisme de sa jeunesse catholique, puis du féminisme.
Et par-dessus tout : sa passion dévorante pour les livres.
Nuala O'Faolain fait le bilan de sa vie, avec lucidité, sans apitoiement sur elle-même, bien qu'elle regrette profondément de ne pas avoir eu d'enfant.
C'est touchant, c'est beau. C'est une parole universelle.
Belle traduction de Julia Schmidt et Valérie Lermite.
LC thématique d'octobre 2021 : ''Cap au Nord !''
Challenge ABC
Commenter  J’apprécie          110
On s'est déjà vu quelque part?, n'est pas un roman mais une autobiographie essentiellement centrée sur les années 70, même si se glissent plusieurs souvenirs d'enfance. Nuala O'Faolain est née à Dublin au début des années 40, dans une Irlande patriarcale et excessivement marquée par l'emprise de la religion. Mais cette autobiographie ne reprend pas le schéma traditionnel, les souvenirs se succèdent au gré des réminiscences, des noms et des lieux évoqués. Ce n'est pas, à proprement parler, un récit chronologique. En introduction, Nuala O'Faolain expose son pacte autobiographique :

« On s'est déjà vu quelque part? Vous êtes quelqu'un? » demandent-ils. Bon – suis-je quelqu'un? Je ne suis personne selon les critères du monde mais, après tout, qui décide qu'on est quelqu'un? Comment quelqu'un est-il fait? Je n'ai jamais rien fait de remarquable, comme la plupart des gens. [...] J'ai eu envie de faire un compte rendu de ma vie. J'en avais fini avec cette vie de l'ombre. Je me suis assise pour écrire mon introduction, et j'en ai appelé à ma fierté. Je l'ai transformé en Mémoires. (p.10)
Lien : http://leslivresdegeorgesand..
Commenter  J’apprécie          100
Nuala O'Faolain a été une brillante journaliste et documentariste. Elle a notamment officié à l'Irish Times dés la fin des années 80 et y a rédigé de nombreuses chroniques. Quelques années plus tard, lorsqu'un éditeur lui propose de regrouper ses écrits au sein d'un livre, elle accepte et compose pour l'occasion une longue préface sous forme de mémoires. C'est de ce récit, paru en 2002, qu'il est ici question.

« On s'est déjà vu quelque part » est par définition un livre très personnel, intime, qui, au travers de l'évocation de l'enfance, de la jeunesse et des expériences affectives et professionnelles de l'auteure, nous offre une plongée dans l'Irlande, la vraie, sans complaisance aucune et avec une grande sincérité.
Nuala O'Faolain s'exprime simplement et se livre naturellement, sans fards, comme elle l'aurait fait après d'un ou d'une amie. Elle raconte son Irlande, dont les contours n'ont longtemps été que ceux des différentes villes où elle a vécu, n'ayant pour seuls points de repère que sa famille, si bancale malgré les apparences et n'ayant qu'une très vague idée de ce qui pouvait se passer dans le reste du pays. Elle dit la difficulté d'être l'enfant d'une mère dépassée par ses nombreuses et successives maternités, alcoolique et dépressive, et d'un père, figure publique puisque lui-même journaliste, qui ne se préoccupe que peu des siens. Elle explique à quel point les livres ont toujours compté pour elle et comment la chance a joué en sa faveur pour lui permettre, contrairement à ses autres frères et soeurs, de faire des études et d'échapper au destin de femme au foyer qui semblait tout tracé. Elle conte le lourd poids de la religion et le difficile rapport à la sexualité dans une Irlande figée dans le passé et les conventions, ses errances entre expériences sexuelles ratées, parfois violentes, toujours accompagnées de la peur de tomber enceinte, et périodes de quasi fanatisme religieux. Elle raconte la joie d'étudier à l'université, d'abord à Dublin puis en Angleterre, à Oxford, l'exaltation des rencontres qu'elle y fait, son penchant pour les hommes de savoir, ses histoires de coeurs foireuses. Elle témoigne de ce que voulait dire être une femme dans l'Irlande des années 60/70, les débuts du féminisme, la place prépondérante des hommes dans la société. Elle relate ses débuts dans le monde du travail, son exil professionnel en Angleterre puis son retour au pays, qu'elle apprivoise peu à peu au point de se sentir enfin vraiment Irlandaise, son amour des voyages, parfois presque improvisés et qu'elle vit en aventurière avec son amie Nell. Elle dit la solitude affective, l'absence d'enfant, la peur de ne plus jamais être aimée par un homme et la distance qui existe entre elle et ses frères et soeurs malgré l'amour. Tout ça et bien plus encore…

Il est difficile de résumer un tel livre, si riche et si personnel. On parcourant ses pages on a l'impression de lire un journal intime et on s'excuse presque tout en se sentant proche de celle que l'on apprend à connaître au fil des lignes.
C'est une lecture assez unique, émouvante, marquante. Ce livre a fait beaucoup de bruit en Irlande lors de sa sortie parce que Nuala O'Faolain y dit tout haut tout ce que beaucoup avaient toujours passé sous silence, il a aussi été un gros succès littéraire aux États-Unis et, maintenant que je l'ai lu, je n'ai aucun mal à comprendre pourquoi.
Je ne peux donc que vous le conseiller.
Lien : https://mllejuin.wordpress.c..
Commenter  J’apprécie          70
blogoclubPour cette session du blogoclub, consacrée à l'Irlande, les participants ont choisi de lire "On s'est déjà vu quelque part" de Nuala O'Faolain. Cet ouvrage autobiographique, publié en 2002, est le point de départ de la brève carrière d'écrivaine de Nuala, morte en 2008 à Dublin d'un cancer foudroyant. Elle laisse derrière elle une oeuvre profondément personnelle qui fait d'elle une auteure irlandaise reconnue dans le monde.

La vie de Nuala O'Faolain n'est pas un long fleuve tranquille. Riche de rencontres et expériences multiples, c'est une existence semée d'embuches et souvent solitaire. La liberté a un prix...

Comme ses soeurs et les femmes de sa génération elle aurait dû se marier et avoir une flopée d'enfants. L'Irlande, pays profondément ancré dans le catholicisme conservateur ne connaissait pas la contraception. Mais elle n'est pas tombée enceinte et nous explique à quel point le fait de ne pas avoir eu d'enfants l'a sauvée et désespérée tout à la fois. Elle avoue qu'elle n'aurait pas su éduquer des enfants à l'âge d'en avoir parce qu'elle manquait de stabilité, qu'elle voulait gagner sa vie et aspirait à une indépendance financière à une époque où c'était inconciliable avec une vie familiale.

Une chance de ne pas avoir eu d'enfants mais aussi une grande souffrance, quand, à la cinquantaine, elle s'est retrouvée seule, sans mari, sans enfants. Les pages qui m'ont le plus touchée sont celles où elle évoque la période de sa vie où elle n'existait plus sous le regard des hommes, parce qu'elle n'était sans doute plus suffisamment désirable sexuellement. Sans la consolation du regard bienveillant d'un mari, sans enfants, elle s'est senti cruellement seule.

La première partie du livre est consacrée à son enfance et adolescence. Une famille qui avait tout pour être heureuse et qui ne n'a pas été. Un père journaliste, intelligent et fantaisiste mais volage et inapte à assumer une vie familiale. Une mère qui passait ses journées à lire pour oublier ses déboires conjugaux, qu'elle noyait dans l'alcool. Comme sa mère, Nuala a eu de gros soucis, toute sa vie, avec l'alcool, trouvant là un refuge dont elle connaissait pourtant le danger et l'inefficacité à régler les problèmes.

Je pourrais encore écrire des pages et des pages sur ce livre, si riche d'enseignements sur la condition féminine. Nuala a lutté pour faire avancer la cause des femmes en Irlande et nous laisse avec cet ouvrage un témoignage d'une grande sincérité. D'un point de vue littéraire, je n'ai pas trouvé le récit transcendant, la traduction m'a semblé parfois maladroite, mais je le classe tout de même dans mes coups de coeur, car c'est témoignage à lire absolument.

Une auteure dont il me tarde maintenant de découvrir les romans...



Lien : http://sylire.over-blog.com/
Commenter  J’apprécie          70
Le Domaine Etranger de 10/18 effectue un remarquable travail pour faire connaître les écrivains du monde entier. Nuala O'Faolain née au début des années quarante en Irlande a connu la situation de la gent féminine si peu enviable jusqu'à l'époque plus récente.On s'est déjà vu quelque part? est un livre difficile,pas romancé pour deux sous,et qui décrit avec beaucoup de pertinence la lutte des femmes pour une émancipation qui en Irlande,tarda à venir.

Nuala O'Faolain ne se donne pas le beau rôle systématiquement et n'occulte pas ses propres faiblesses, surtout son alcoolisme et ses errances.On se trouve devant de très belles pages sur la sexualité et la flétrissure des corps qui s'usent,et sur la maternité qu'elle ne connaîtra pas.Nantie de problèmes avec son père comme avec sa mère,et issue d'une famille de neuf enfants,l'énergie de cette femme va lui permettre de devenir une journaliste libre et de rencontrer les intellectuels irlandais dont Kavanagh à qui je viens de consacrer une note.Elle qui n'avait guère quitté son canton deviendra voyageuse et se penchera sur la cause des femmes,universelle.Mais rien n'est facile aux femmes et surtout pas en Irlande.Nuala O'Faolain reste une femme seule et ce livre ardu,qui n'en est pas moins bouleversant est un témoignage de ce que peut être la volonté d'exister à part entière.S'adressant aux trottoirs de Dublin elle a ces mots sublimes(nous sommes là en 97):

"Vous êtes faits de beaux et grands blocs de granit. Etes-vous les mêmes que ceux sur lesquels j'ai marché il y a trente ans?Si oui,pourquoi ne pleurez-vous pas?"
Commenter  J’apprécie          50
"On s'est déjà vu quelque part ?" est l'autobiographie de Nuala O'Faolain (1940-2008). Celle-ci fut rédigée en 2002 et fut le premier livre de l'écrivain qui se tourna ensuite vers la fiction. Ce livre fut un énorme succès à sa sortie comme en témoigne la très émouvante postface. Nuala O'Faolain a reçu des centaines de témoignages d'affection de gens ayant été touchés par sa vie ou ayant connu les mêmes problèmes.

Nuala O'Faolain est la deuxième d'une famille de neuf enfants vivant dans le comté de Dublin. Son père, journaliste, est séduisant, charmant mais peu préoccupé par sa famille. Sa mère se perd dans l'alcool et ne trouve aucun réconfort dans ses enfants. Nuala réussit néanmoins à s'extirper de ce milieu sans argent et sans espoir. C'est l'amour de la littérature qui la porte. Sa mère est une lectrice compulsive et rapidement Nuala le devient à son tour. "J'ai dû voir déjà chez ma mère que lire est un refuge. Qu'on ne peut pas vous atteindre quand vous avez un livre. Bien sûr, dans mon cas, ma mère était le "on". Tout ce qu'elle me demandait de faire – chercher des brindilles pour démarrer le feu, aller promener le bébé dans la poussette – dérangeait ma lecture. Dans les livres, je trouvais le bien-être et le réconfort." Cette passion l'amène a l'université de Dublin puis à Oxford. Elle devient journaliste, productrice à la radio puis à la télévision et enfin chroniqueuse à l'Irish Times. Une belle carrière mais qui ne suffit pas à cicatriser les plaies de l'enfance.

Nuala O'Faolain a toute sa vie cherché l'amour : "Des millions de gens, en dehors de moi, ont pensé qu'un autre être humain était ce dont ils avaient besoin pour combler leur vie et pour combler celle de l'autre – que, ensemble, on peut découvrir le meilleur côté du monde et le meilleur de soi-même." Élevée dans une Irlande patriarcale, Nuala O'Faolain reste prisonnière de l'idée qu'une femme doit se trouver un homme, un mari. Malgré son indépendance, malgré son féminisme, elle recherche cela. Et ses relations avec le hommes furent loin d'être satisfaisantes. Nuala se désespère, boit beaucoup et finit par ressembler à sa mère. C'est finalement l'écriture de "On s'est déjà vu quelque part ?" qui la sauve d'elle-même et qui devient un vibrant hommage aux mots et à l'écriture.

Nuala O'Faolain nous livre un très touchant témoignage sur une femme qui cherche sa place dans une Irlande entrant lentement dans la modernité et voulant conserver ses traditions. Une femme d'une incroyable honnêteté, ne cachant rien de ses fêlures, de ses erreurs et de ses joies. Une femme magnifique dont le parcours m'a vraiment émue.
Lien : http://plaisirsacultiver.wor..
Commenter  J’apprécie          51
Nuala O'Faolain grandit dans une famille de neuf enfants (ce n'est pas ce qu'on appelle une famille nombreuse dans les années 1950 en Irlande) , dans un pays pauvre et engoncé dans le carcan de la religion catholique. Son père est un journaliste connu et reconnu par ses pairs. Il réagit en toute chose de manière excessive que ce soit dans l'amour, dans l'abandon ou la violence envers sa famille. Dans cette société patriarcale du milieu du siècle précédent, la femme n'a pas de statut, elle n'est que le prolongement de son mari. « L'Irlande des années 1940 était un tombeau où les femmes étaient enterrées vives. » La mère de Nuala s'avère incapable d'élever et d'éduquer ses enfants elle souffre de ce qu'on appellerait aujourd'hui, un trouble bipolaire et sombre dans une alcoolodépendance envahissante.
Lien : http://bevanhalennebzh.over-..
Commenter  J’apprécie          40




Lecteurs (275) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz de la Saint-Patrick

Qui est Saint-Patrick?

Le saint patron de l’Irlande
Le saint-patron des brasseurs

8 questions
251 lecteurs ont répondu
Thèmes : fêtes , irlandais , irlande , bière , barCréer un quiz sur ce livre

{* *}