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Critique de LeaTouchBook


Avis de Grybouille (Chroniqueur sur le blog Léa Touch Book) :

Après le mois dernier et le superbe « Des anges dans la neige » nous nous retrouvons pour un nouveau roman de Stewart O'Nan avec « Derniers feux sur Sunset ».

Non, on n'y parle pas d'un incendie.
Non, on n'y parle pas d'un des trois spots du North Shore.
Non, on n'y parle pas de feux tricolores aux intersections.

On y parle de… Francis Scott Fitzgerald, j'en vois un ou deux qui commencent à pianoter sur leur Smartphone pour lancer une recherche « Fitzgerald ? »…
Bon ce n'est pas grave.
Et la génération perdue des écrivains américains ?
Le roman « Gatsby le Magnifique » ? le scénario « Autant on emporte le vent » ?
et j'en passe…
Toujours non ?
Bon là, je ne vous le cache pas, c'est grave ! Mais le p'tit Duc est là alors il y a un peu d'espoir…

Si ces messieurs, dames, veulent bien se donner la peine, c'est par ici que cela se passe avec comme guide Stewart O'Nan.

Nous retrouvons le personnage principal Scott à l'aube de ses 40 ans, derrière lui les années festives avec des dégâts irréparables, son épouse Zelda écrivaine est internée, leur fille Frances « Scottie » est domiciliée chez des amis et lui est ruiné…
Il loge dans un hôtel près de la clinique où Zelda est surveillée, ils vivent à crédit.
« Nous sommes sensés prendre soin l'un de l'autre » et puis tout se dérègle…

Alors l'espoir ? La MGM le recrute comme scénariste (Metro Goldwyn Mayer), « il faut bien que quelqu'un travaille dans cette famille ».

Il faut absolument qu'il trouve de quoi payer l'hôpital pour Zelda qui a des troubles du comportement et pour la scolarité de Scottie, tous les trois séparés, une vie seul avec ses démons.
Alors il part, « Ce qui est perdu est perdu » et il pense être « …un traitre à leur cause ».

La descente a été rude, lui qui a lancé la carrière d'Hemingway, lui qui a connu la gloire jeune, lui qui a connu les fêtes, lui qui a côtoyé le « beau » monde, lui qui a tutoyé les limites de l'alcool et des drogues, maintenant il est sur la corde raide.
Il définit Los Angeles comme dure, sans charme, vulgaire, prospérant sur le dos des émigrés, mi-plage mi-désert…

Arrivé dans les studios de la MGM, bureau, assistante, des têtes connues de ses années fastes, une foule de noms connus (que je vous laisse découvrir le carnet mondain d'Hollywood) et puis la cantine « le restaurant était ouvert à tous, mais les meilleurs places étaient tacitement réservées aux élus ».

Les journées de travail se succèdent, sur des scénarios qui passent de main en main au gré de la volonté des metteurs en scène, des producteurs, des stars, des patrons de la MGM. Il en commence, ne les termine pas tous, tout le monde joue un rôle, il s'y plie. Et puis le soir « Les studios se vidaient comme une ville qu'on évacue ».

Beaucoup de factice, du trompe l'oeil, du copinage, du piston et puis l'alcool pour compenser, le gin cet alcool qui sert aussi à faire les chromes des voitures…
Et puis un soir, lors d'un dîner Sheila Graham, d'origine anglaise, « …la chercheuse d'or avec des obus en guise de poitrine… », fiancée à un vieil aristocrate anglais.

C'est le sosie de Zelda jeune, l'histoire peut commencer…

L'amour, la culpabilité, la jalousie « Je le suis parce que je suis un homme et que tu es une jolie femme… », L'alcoolisme, les voyages dans l'Est « …un devoir regrettable mais nécessaire… », les crises de Zelda « Il avait l'habitude des scènes, les cris, les verres que l'on brise… », leur fille Scottie qui grandit, le temps qui passe, les occasions manquées « …sa punition : Chaque fois qu'il reviendrait, il la trouverait encore et toujours occupée à l'attendre, le coeur rempli d'espoir ».

Un très beau livre qui nous fait réfléchir sur le rapport à la célébrité toujours éphémère, l'absence toujours cruelle, la recherche de soi toujours sous-jacente, les relations avec les « autres », les addictions et ce voyage une fois né que nous sommes tous obligés de faire…

Les personnages,
Connus (célèbres) ou non, tous étonnants…

L'écriture de Stewart O'Nan ? La classe internationale.

Des moments…
A sa fille, « Je suis sûr que tu sais désormais que la vie ne nous offre qu'un nombre restreint de chance… » Scott
« Et que nous réserve le vaste monde, aujourd'hui ? » Scott
« …atteindre cette paix sans laquelle il n'est pas de bonheur » Zelda
« Pourquoi tout le monde lui parlait-il comme à un enfant ? »Scott


En épitaphe sur la tombe de Scott et Zelda dans le Maryland, de nos jours : « Car c'est ainsi que nous allons, barques luttant contre un courant qui nous ramène sans cesse vers le passé ».

Le p'tit Duc ne l'aurait pas lu, il s'en aurait voulu… Merci Monsieur O'Nan.
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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