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Critique de le_Bison


La nuit traverse ma vie. Elle illumine mes pages. Lorsque le sommeil n'a pas frappé à la porte de mon pub, je pense à la mort, je regarde les étoiles. Les pages de ma vie ne sont guère grandes et imagées, alors je me tourne vers d'autres pages, celles de Whitey, sexagénaire, blanc et respectable, deux mots qui vont bien ensemble. Père de 5 enfants, et surtout ancien maire de la petite bourgade de Hammond, État de New-York. Là-bas, il ne fait pas nuit, c'est bien au petit matin, au bord d'une petite route, que sa route s'arrête. Devant lui, deux policiers semblent admonester brutalement un jeune gars, noir ou basané, peu importe. Droit dans ses mocassins et son ancienne autorité, il décide de s'en mêler, impulsions électriques. Sa nuit commencera quelques jours plus tard. A l'hôpital. Au cimetière. Chez le notaire, un testament à lire.

Le sommeil fuit ma vie. Il s'échappe de la fenêtre de mon âme, et laisse ainsi divaguer de sombres pensées, la nuit, sur la mort, sur les étoiles. Alors, je plonge dans un roman de grande envergure. Comme un albatros déployant ces ailes, le roman déploient ses pages. Presque 1000 au compteur. Ça en fait une sacrée vie, celle de Whitey, de sa veuve et de sa succession. le roman de ma vie aurait du mal à contenir 10 pages. 923 pages, je mets un peu plus de précision dans mes dires, et peut-être qu'à compter les pages comme on compte les moutons, le sommeil va s'emparer un peu de ma vie. Plus de 900 pages donc passionnantes de bout en bout.

La mort obsède ma vie. Elle est là tapie dans la nuit, se faufile entre le sommeil et les étoiles, sous le bel oeil de la lune, bleue dans ma tête, brillante dans le ciel. La mort, et dire que je n'aurais pas lu toute la biographique de cette grande écrivaine qu'est Joyce Carol Oates. J'ai arrêté de compter, je fais genre mais je sais pertinemment qu'avec celui-là, j'en suis au dixième, comme autant de bières bues au cours de ce pavé littéraire. Mais quand on aime on ne compte pas. On pense simplement au silence de l'amour. Et un peu, beaucoup, passionnément, à la mort. JCO, je fais au plus court pour épeler son nom, avant que la mort ne l'emporte sur ma chronique, fait partie de mes grands auteurs de la littérature américaine. Rien ne sert à faire un classement de ces oeuvres majeures, mais ce dernier atteindrait certainement les cieux de ses écrits.

Les étoiles brillent de leurs milles éclats, de leurs milles vies. A illuminer ma nuit, mon sommeil, ma mort. Là-haut, je m'y vois déjà, tutoyer la lune bleue, la caresser au plus près de mon regard silencieux. Mais avant, redescendre, des cendres éparpillées, aux pieds d'un sequoia ou d'un rosier, racines emmêlées de la société nord-américaine. Joyce Carol Oates distille par ci par là, entre moments de grâce et de torpeurs, quelques bribes de racisme, de bourgeoisie et de néo-hippie. Au sein d'une famille presque ordinaire qu'un instant presque ordinaire a bousculé, bouleversé, c'est tout le traumatisme d'une Amérique qui se dévoile au cours de ces 1 kg 075 de littérature, lourde, riche et enivrante.
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