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Claude Seban (Traducteur)
EAN : 9782848768953
923 pages
Philippe Rey (14/10/2021)
3.95/5   175 notes
Résumé :
Un grand roman de Joyce Carol Oates sur la destruction d'une famille par la violence du racisme de la société américaine
Octobre 2010. John Earle McLaren – " Whitey " – a soixante-sept ans. Homme blanc et puissant, père d'une famille de cinq enfants, il est connu comme l'ancien maire respecté de la petite ville de Hammond, dans l'État de New York. Alors quand il aperçoit un matin sur le bord de la chaussée un individu à la peau foncée brutalisé par des offici... >Voir plus
Que lire après La nuit. Le sommeil. La mort. Les étoiles.Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (36) Voir plus Ajouter une critique
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Vous souvenez vous de l'assassinat de George Floyd en 2020 par la police de Minneapolis?
C'est par ce drame analogue que commence le roman de Joyce Carol Oates « La nuit. le sommeil. La mort. Les étoiles. »
La victime John Earle McClaren ancien maire de Hammond est transporté aux urgences suite à un accident de la route causé probablement par un avc. C'est la version officielle. Mais avec son imagination fertile Joyce Carol Oates va nous emmener pendant 900 pages dans une famille « wasp « une famille modèle. La famille c'est comme une maison témoin, on gratte le vernis et quelques fois on a des surprises.
La romancière aurait pu dérouler ce drame mais cela aurait été trop simple, elle va prendre un autre chemin : celui du deuil, de ses conséquences et de ses souvenirs personnels.
Dans la famille McClaren il y a la mère Jessalyn une femme qui vivait dans l'ombre de son mari Whitey, aimée certes mais invisible. Et les cinq enfants, Thom, Beverly, Lorene, Sofia et Virgil.
Lire Joyce Carol Oates c'est comme partir en pays inconnu, je savais où je mettais les pieds. Après « la fille du fossoyeur « ou « Carthage » je savais que cette famille modèle allait souffrir.
« La nuit. le sommeil. La mort. Les étoiles « est un roman addictif, il fallait bien 900 pages pour décrire cette famille hors norme. Merci aux participants de cette lecture commune.

Minuit clair
Voici ton heure mon âme, ton envol libre dans le silence des mots,
Livres fermés, arts désertés, jour aboli, leçon apprise,
Ta force en plénitude émerge, tu te tais, tu admires,
Tu médites tes thèmes favoris,
La nuit, le sommeil, la mort, les étoiles.
Walt Whitman
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La nuit traverse ma vie. Elle illumine mes pages. Lorsque le sommeil n'a pas frappé à la porte de mon pub, je pense à la mort, je regarde les étoiles. Les pages de ma vie ne sont guère grandes et imagées, alors je me tourne vers d'autres pages, celles de Whitey, sexagénaire, blanc et respectable, deux mots qui vont bien ensemble. Père de 5 enfants, et surtout ancien maire de la petite bourgade de Hammond, État de New-York. Là-bas, il ne fait pas nuit, c'est bien au petit matin, au bord d'une petite route, que sa route s'arrête. Devant lui, deux policiers semblent admonester brutalement un jeune gars, noir ou basané, peu importe. Droit dans ses mocassins et son ancienne autorité, il décide de s'en mêler, impulsions électriques. Sa nuit commencera quelques jours plus tard. A l'hôpital. Au cimetière. Chez le notaire, un testament à lire.

Le sommeil fuit ma vie. Il s'échappe de la fenêtre de mon âme, et laisse ainsi divaguer de sombres pensées, la nuit, sur la mort, sur les étoiles. Alors, je plonge dans un roman de grande envergure. Comme un albatros déployant ces ailes, le roman déploient ses pages. Presque 1000 au compteur. Ça en fait une sacrée vie, celle de Whitey, de sa veuve et de sa succession. le roman de ma vie aurait du mal à contenir 10 pages. 923 pages, je mets un peu plus de précision dans mes dires, et peut-être qu'à compter les pages comme on compte les moutons, le sommeil va s'emparer un peu de ma vie. Plus de 900 pages donc passionnantes de bout en bout.

La mort obsède ma vie. Elle est là tapie dans la nuit, se faufile entre le sommeil et les étoiles, sous le bel oeil de la lune, bleue dans ma tête, brillante dans le ciel. La mort, et dire que je n'aurais pas lu toute la biographique de cette grande écrivaine qu'est Joyce Carol Oates. J'ai arrêté de compter, je fais genre mais je sais pertinemment qu'avec celui-là, j'en suis au dixième, comme autant de bières bues au cours de ce pavé littéraire. Mais quand on aime on ne compte pas. On pense simplement au silence de l'amour. Et un peu, beaucoup, passionnément, à la mort. JCO, je fais au plus court pour épeler son nom, avant que la mort ne l'emporte sur ma chronique, fait partie de mes grands auteurs de la littérature américaine. Rien ne sert à faire un classement de ces oeuvres majeures, mais ce dernier atteindrait certainement les cieux de ses écrits.

Les étoiles brillent de leurs milles éclats, de leurs milles vies. A illuminer ma nuit, mon sommeil, ma mort. Là-haut, je m'y vois déjà, tutoyer la lune bleue, la caresser au plus près de mon regard silencieux. Mais avant, redescendre, des cendres éparpillées, aux pieds d'un sequoia ou d'un rosier, racines emmêlées de la société nord-américaine. Joyce Carol Oates distille par ci par là, entre moments de grâce et de torpeurs, quelques bribes de racisme, de bourgeoisie et de néo-hippie. Au sein d'une famille presque ordinaire qu'un instant presque ordinaire a bousculé, bouleversé, c'est tout le traumatisme d'une Amérique qui se dévoile au cours de ces 1 kg 075 de littérature, lourde, riche et enivrante.
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Waouh ! Quel coup de coeur ! Un régal, ce livre du début à la fin....
J'ai déjà lu plusieurs livres de cette auteure sans être une fan. J'ai adoré "Le livre des martyrs américains" alors que je n'ai pas apprécié "nous étions les Mulvaney". Avec cette auteure, pour moi, c'est très variable. Mais là, wah, quel roman !
J'ai savouré chacune des pages. J'ai aimé l'histoire (chronique de la destruction d'une famille qui implose suite à la mort du pater familias), j'ai aimé le style, j'ai aimé le découpage du roman en chapitre autour d'un membre de la famille.... et cette question autour de laquelle tourne le roman : a-t-on le droit au bonheur après un deuil ?.....
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Un père de famille, riche. Une famille composée de 5 enfants désormais adultes (pour deux d'entre eux, eux-mêmes parents). Une mère un peu "desperate housewife", mais heureuse.
Un drame, la mort du père qui essaie d'empêcher des violences racistes.
Chaque membre de la famille se retrouve devant son histoire, son vécu au sein de cette famille.
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Un livre sur le veuvage certes mais pas que ça. Pour le coup on ressent le vécu avec le personnage central de la mère, désormais veuve.
Sa description est passionnante. Elle est une merveille de personnage.
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Ce livre est vraiment une réussite. Je vous le conseille vivement. N"hésitez pas à affronter ses 900 et quelques pages, il vaut le détour.
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Le mois prochain paraîtront chez Philippe Rey un recueil de nouvelles, Un (autre) toi, et un roman, Respire… de Joyce Carole Oates, une de mes autrices préférée, et c'est ce qui m'a décidé à enfin me lancer dans son précédent pavé : La nuit. le sommeil. La mort. Les étoiles. le titre de ce beau roman est tiré d'un poème de Walt Whitman dont un extrait est placé en exergue. le roman commence par un prologue violent : John Earle McClaren, surnommé Whitey, descend de sa voiture et intervient quand il constate que deux policiers blancs sont en train de tabasser violemment un jeune homme à la peau noire. Ils continuent à lui infliger des tirs de Taser alors que le pauvre ne proteste même plus. Les deux brutes se retournent contre Whitey et lui font subir un sort semblable. le jeune homme survivra, mais Whitey subit un AVC et sombre dans le coma. La première des cinq parties commence la veille de cette agression, en octobre 2010. L'histoire se terminera en janvier 2012. le séjour du père à l'hôpital est le prétexte pour présenter toute la famille.
***
Jessalyn, l'épouse de Whitey, fait courageusement face bien qu'elle soit dévastée par les événements. Thom, l'aîné des enfants, presque 40 ans, directeur de l'entreprise fondée par son père, tente de prendre les choses en main. Beverly, l'aînée des filles, fébrile et fréquemment malveillante, se pose en victime. Loren, proviseure dans un lycée, joue les femmes fortes. Virgil, l'artiste, le rebelle, culpabilise et continue à chercher sa place. Sophia, la plus jeune, 28 ans, en adoration devant son père, commence par subir la situation. Tous mettaient Whitey sur un piédestal. Aucun, pas même Virgil, ne contestait son autorité de patriarche dont les qualités étaient reconnues et admirées tant dans sa famille que dans la communauté. La mort de Whitey va bouleverser l'ordre familial, révéler rancoeurs et jalousies, mettre au jour des aspects moins glorieux de la vie du père, faire sombrer certains des enfants et en libérer d'autres, pas ceux auxquels on s'attendait. Quant à Jessalyn... Elle est le personnage le plus fouillé, le plus attachant aussi, à mon avis. Dans la troisième partie, « Sans titre : veuve », on la voit recueillir un matou agressif et borgne, le contraire d'un animal domestique, geste qui marque un tournant dans la perception que Jessalyn a de son veuvage et d'elle-même.
***
L'aspect autobiographique du roman est annoncé explicitement dans la dédicace : « À la mémoire de Charlie Gross, mon premier lecteur et mon mari bien-aimé. » le deuil, le chagrin et la dévastation qui l'accompagnent, la manière dont les proches sont affectés même par une mort prévisible constituent, je crois, le socle du roman. Cependant d'autres thèmes parcourent ce beau livre : le racisme de la société américaine, latent ou déclaré, les violences policières, les compromissions qui permettent d'étouffer le scandale, l'hypocrisie, la condescendance d'une classe sociale privilégiée, les relents d'homophobie, etc., autant de critiques plus ou moins ouvertement formulées. Même si le roman soufre de quelques longueurs, je l'ai lu avec passion et sans jamais m'ennuyer. Et je lirai le suivant, c'est sûr, je l'attends déjà !
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En apnée. C'est ainsi que j'ai lu La nuit. le sommeil. La mort. Les étoiles. Un long voyage submergée, quasi sans interruption tandis que les heures ordinaires défilaient et que, bienheureuse, je n'étais là pour personne. L'histoire ne cède pourtant pas au genre du page turner puisqu'il s'agit des mois suivant le décès accidentel d'un patriarche. John Earle McClaren, dit « Whitey » était un blanc, un notable, un ancien homme politique local républicain modéré.
Tandis qu'il rentre en voiture d'un repas réunissant le conseil d'administration des bibliothèques municipales de la ville, il voit soudain un inconnu se faire molester par deux policiers sur le bas-côté de la route. Sur une impulsion, il s'arrête pour porter secours à l'inconnu à qui il sauve ainsi la vie. Son geste altruiste lui coûtera en revanche la sienne puisqu'il mourra quelques semaines après des suites de son hospitalisation. C'est l'histoire de la veuve qu'il laisse et de ses cinq enfants désormais adultes que nous conte le roman. Et à travers lui, c'est une certaine histoire de l'Amérique contemporaine bien entendu.
J'avais été très déçue par le portrait d'un autre patriarche blanc et conservateur qu'avait fait Philippe Roth dans La tâche. A certains égards pourtant, Coleman Silk (la Tâche) et McClaren se ressemblent et le traitement que leur réservent leurs auteurs permet dans les deux cas d'appréhender chez eux une profondeur et une complexité qui les sauvent d'une condamnation hâtive à incarner seulement le type du réactionnaire vieillissant. Mais la grande différence entre les deux romans réside dans l'arrière-plan. Là où Roth se vautre dans une forme de nostalgie légèrement acariâtre, Joyce Carol Oates autorise ses personnages à dépasser leurs petitesses, peint la révolte et les faiblesses à l'oeuvre partout, y compris parmi les élites dominantes. Surtout, l'arrière-plan historico social n'est pas le prétexte à excuser une folie mégalomaniaque, c'est le détonateur et le ressort motivant l'évolution de chacun. Ce qui est nettement plus intéressant.
Autour de la mort de Whitey, de cette absence sidérante, va peu à peu être exhumé un fonctionnement, une organisation familiale assignant chacun à une place que peu de ses membres auront d'ailleurs remis en cause. L'épouse modèle était heureuse de l'être, profondément. L'aîné a repris de tout coeur le flambeau familial. Trois filles et trois destins assumés : une mère au foyer, une carriériste et une éternelle étudiante. Seule cette dernière et son plus jeune frère sont peut-être délicatement en retrait d'une famille triomphalement conservatrice. Mais de manière tellement feutrée que cette rébellion intègre davantage ceux qui la mènent qu'elle ne les exclut véritablement du cercle familial. La mort du père vient faire vaciller tout cela, évidemment. Mais sans que cela tourne au concours de pyrotechnique. C'est l'autre force de ce roman : pas de cadavre dans le placard, pas d'intrigue ficelée autour d'une coming-out quelconque, pas de révélation qui viendrait rendre illégitime le temps qui appartient désormais au passé. Juste, si l'on peut dire, l'emprise d'un père et d'une conception traditionaliste de la famille. Juste un homme bon, dominant, croyant garantir par sa morale et ses moeurs la durabilité d'un mode de vie exemplaire.
Et on aura compris que le sinistre fait divers qui viendra faucher John Earle McClaren jouera comme un révélateur de tout ce que ce mode de vie avait déjà de fissuré. Sur le plan personnel et sociétal. Comment être quelqu'un de bien dans un monde où les forces de police molestent les plus faibles ? Comment défendre une société qui repose sur de telles bases ? Avec le recul, le lecteur découvrira les peurs et compromissions qui auront cimenté le statu quo, les petites faiblesses qu'abritait le grand homme, les fragiles équilibres sur lesquels se reposaient son épouse et ses enfants. Les semaines et les mois s'enchainant après le deuil, chacun des autres personnages vivra le chagrin et recomposera autrement.
Assez ouvertement inspiré d'éléments autobiographiques, le personnage de Jessalyn, la veuve de Whitey, est le plus complexe. Il porte en lui tout le cheminement de la perte mais ne se réduit pas à cela. Femme au foyer parfaite, Jessalyn l'a été entièrement, avec coeur et Joyce Carol Oates ne commet jamais l'erreur de dénigrer cette identité ou de la supposer fausse. Elle propose juste, par l'expérience du deuil et de l'émancipation que ce dernier impose, une exploration d'une autre manière d'être, une recomposition dont la famille nucléaire originelle ne peut plus être le centre.
C'est très juste, très habile et porteur d'un optimisme, certes subtile, mais solidement ancré dans le devenir de chacun des personnages. Un roman qui dépasse donc largement l'étude de moeurs dont il nourrit son propos. Un roman qui m'a beaucoup plu.
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critiques presse (4)
LaTribuneDeGeneve
17 janvier 2022
Avec la fluette Joyce Carol Oates, c’est souvent du lourd, des bûches ornementées de généalogies cosmiques balancées avec délicatesse. «La nuit. Le sommeil. La mort. Les étoiles» suit ce protocole.
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
LaLibreBelgique
09 janvier 2022
La mort inopinée d’un patriarche vient bousculer l’équilibre d’une famille qui doit s’inventer de nouveaux repères.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeMonde
13 décembre 2021
Enorme saga empruntant son titre à un poème de Walt Whitman (1819-1892), La Nuit. Le sommeil. La mort. Les étoiles est un des grands romans de Joyce Carol Oates.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LesInrocks
29 octobre 2021
L’autrice de “Mudwoman” réussit encore son auscultation de l’Amérique avec un roman ambitieux qui dynamite les préjugés raciaux de la bourgeoisie.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Virgil avait toujours été un enfant rêveur. Un enfant solitaire. Un enfant têtu. A l'école, renfermé. Pour les enfants de son âge, dissimulé. Pour ses frères et sœurs plus âgés, un bébé.
A onze ans, Virgil était tombé sous le charme de Wiliam Blake dont il avait découvert les poèmes par hasard dans l'une des vieilles anthologies universitaires de sa mère, entassés dans une bibliothèque.
Rouge-gorge mis en cage, voilà tout le ciel en rage.
Oh ! Virgil avait senti une sorte de courant le traverser, le laissant sans force.
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À l'autre bout de la table, il y avait Steve, le visage empourpré, l'air égaré. Quarante ans et des poussières, le front dégarni et le bas du visage empâté, il parvenait encore à être « séduisant » : du moins au goût des femmes. (Les femmes qui n'avaient pas à le voir le matin de bonne heure, pas rasé, débraillé, la démarche trainante, mal coordonné et vraiment pas souriant.) Beverly n'aimait pas que son mari boive, mais elle pouvait difficilement s'en plaindre dans la mesure où elle buvait aussi, quoique moins visiblement (elle en était sûre).
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Les jambes tremblantes, la veuve pénétra dans la grande maison obscure dont (lui semblait-il) elle avait été absente très longtemps. Le premier choc fut de constater qu'elle avait oublié de fermer à clé : le bouton de porte tourna trop facilement dans sa main.
(Comme Whitey l'aurait gourmandée ! Elle avait cette habitude d'insouciance, de négligence depuis des années, persuadée que la maison d'Old Farm Road était inviolable. Et depuis qu'elle était veuve, elle oubliait tant de choses.)
Elle alluma dans la cuisine. Quelque chose clochait ? Quoi ? Sa vision se brouillait, elle était au bord du malaise.
Elle sentait le sang battre à ses oreilles. Les battements de cœur de la veuve.
Le deuxième choc : Whitey était mort. Comment avait-elle pu l'oublier ? Une vague d'eau sale la submergea : Whitey est mort et enterré. Que fais-tu encore en vie !
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Et puis, un matin du début de mai, elle fut (de nouveau) elle-même. (Ou à peu près.)
Les vagues qui depuis des mois la soulevaient pour la précipiter ensuite sur le dur sable mouillé semblaient s’être retirées. Hébétée, elle osait à peine respirer. Était-ce fini ? Ce terrible malaise, ce mal pareil à la mort, ce chagrin de la veuve pareil à un moignon rongé. Était-elle redevenue elle-même ? L’explosion d’une étoile, une lumière éblouissante répandue sur la surface de la terre. L’appel excité des mésanges autour de la mangeoire.
Neuf neuf neuf ! Un jour neuf.
(p. 409)
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Jessalyn était monté se coucher presque dès leur retour de l'hôpital. Sophia s'était esquivée pour aller se blottir sous une couette dans son ancien lit, ne retirant que ses vêtements de dessus et ses chaussures. Et Virgil, le frère exaspérant, n'avait pas trouvé d'endroit où dormir dans la maison ni rejoint les autres dans la cuisine pour un whisky tardif, il avait préféré aller errer dehors dans la pâle et froide lueur d'un quartier de lune.
"Qu'est-ce qu'il fait à votre avis ? Il communique avec les extraterrestres ?"
Ils s'esclaffèrent, d'un rire méprisant. Mais avec gêne.
(Avalant une gorgée de whisky, qui produisit une merveilleuse sensation de chaleur dans sa gorge et dans la région de son cœur, Beverly pensa : Qui sait ? Leur frère ressemblait lui-même à un extraterrestre !)
(Elle se rappela un film qu'elle avait vu adolescente : L'homme qui venait d'ailleurs ? L'androgyne David Bowie avec ses yeux étranges dans le rôle d'un extraterrestre ayant une sorte de plan voué à l'échec pour... quoi ? Elle avait oublié, ou cela lui avait paru trop obscur à l'époque.)
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Après seize ans de négociations, le réalisateur Stig Björkman a convaincu Joyce Carol Oates, 85 ans, de lui ouvrir les portes de son univers. Portrait sensible de l’immense romancière, inlassable exploratrice de la psyché noire de l'Amérique.
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