AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Fanou87


La scène s'ouvre sur les cris d'une mère à la recherche de sa fille. Celle-ci a disparu et personne ne semble l'avoir vue. La mère perdue alpague les passants en leur montrant la photo de sa chère Sybilla.
Le deuxième chapitre est la découverte de la jeune fille. Elle est retrouvée battue, laissée pour morte, salie d'excréments et des injures racistes ont été écrites sur son corps.Elle est emmenée à l'hôpital et très vite la mère Ednetta veut que sa fille sorte. Quitte à ne pas faire d'examens ni de soins approfondis.

Une policière est amenée à enquêter sur cette abominable agression mais elle ne rencontre pas l'aide nécessaire de la part de Sybilla. Celle-ci se mure dans un silence et ne communique finalement que grâce à quelques post-it sur lesquels elle écrit :
FLICS BLANCS - PORTE UN BADGE - CHEVeux JAUNES - AGE 30 - BLANCS - TOUS BLANCS

Un choc pour la policière. Des policiers blancs mêlés à une sombre affaire de viol? Ca fait remonter à la surface quelques sales souvenirs, surtout dans cette partie de l'Amérique, le New Jersey, qui a vécu les émeutes des années 60.

La mère et la fille quittent l'hôpital et ne donnent plus de nouvelles. Elles ne portent pas plainte et s'isolent de tous. Cette policière ainsi que d'autres personnes aimeraient intervenir dans cette affaire mais face au mutisme de cette jeune victime ainsi que celui de sa mère, il est impossible de faire avancer l'enquête.

Un révérend entend parler de cette affaire et sent le bon filon pour faire passer ses messages anti-blancs, se disant militant des droits civiques. Il séduit la mère avec de douces paroles et convainc Sybilla de se montrer. La difficulté est que les médias ont l'air de s'en fiche de cette histoire. Tour à tour, de chapitres en chapitres, des voix viennent témoigner à propos de ce drame: des enquêteurs, des membres de la famille, un avocat et des témoins.

Nous sommes en 1987 et pourtant ce roman offre une vision très contemporaine de ce qu'il se passe de nos jours en Amérique. Et dans une certaine mesure, dans le monde, avec l'influence des extrémistes religieux.

Quel bonheur de retrouver ma Joyce Carol Oates dans ce roman qui m'a quelque peu déstabilisée. Pas de manichéisme, tout le monde a une part sombre et de lourds secrets. Peu à peu Oates nous montre les vrais visages de Sybilla et sa mère, l'affreux souhait de Anis, le beau-père de Sybilla, l'orgueil et le désir de pouvoir de ce révérend.

Plusieurs fois dans ce roman, l'histoire des droits civiques est expliquée et j'ai apprécié d'en savoir encore plus, notamment sur ces fameuses émeutes.

Encore une fois, l'auteure dissèque la machine américaine en nous proposant des anti-héros et des personnes qui sont happées par leur réalité et leur désespoir.
Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}