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Critique de Crossroads


Madame Frye, on a une bonne et une mauvaise nouvelle.
La bonne, on vient de retrouver votre fille, Sybilla.
La mauvaise, elle semble avoir été séquestrée, battue, violée, recouverte d'excréments et d'insultes racistes. Sinon, tout va bien.

S'inspirant une fois encore d'un fait divers réel (l'affaire Tawana Brawley en 1971), Joyce Carol Oates dépeint avec force et virtuosité les clivages raciaux qui ne manqueront pas de faire écho avec les tragiques événements de ces jours derniers.

Un truc que je ne m'explique toujours pas, c'est ce manque d'accroche récidivant envers l'écriture de l'auteure.
Il me faut systématiquement un temps d'adaptation certain, voire un certain temps de chauffe, avant de profiter pleinement et de sa plume et de son propos.
Mais une fois ce vilain écueil franchi, c'est plaisir de lire à tous les étages.

Sybilla s'en est sortie mais à quel prix.
Son histoire sordide fait la une de moult gazettes nationales.
Elle aimante également les opportunistes un rien cyniques qui pourraient bien y voir l'occasion d'en faire un porte-drapeau pour la cause, et pourquoi pas une Sainte, voire une martyre, en cas de campagne rondement menée. Et puis quitte à se faire mousser, autant y aller franco dans le travestissement assumé et la manipulation éhontée.
Deux frangins aux faux airs de vautours assoiffés de notoriété maîtrisent tous les rouages scéniques et les roueries impudiques nécessaires à une telle mise en orbite personnelle.

Au-delà de ce triste fait divers, l'auteure dresse le constat implacable d'une société incapable de se sortir de l'ornière raciale.
Ni manichéen, ni moralisateur, ce Sacrifice apparaît comme une déflagration, un camouflet aux yeux des légalistes de tout bord rapidement enclins à prendre pour acquis une vérité qui pourrait bien desservir une juste cause originelle.
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