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Critique de Osmanthe


Voici une longue nouvelle de Kenzaburo Oé...nouvelle qui a reçu le prix Akutagawa en 1958, l'équivalent du Goncourt japonais.

Le résultat est là, car en une petite centaine de pages de gros caractères d'une histoire en apparence très simple, l'auteur nous amène à réfléchir sur différentes thématiques touchant à la conscience humaine.

Pendant la guerre, un avion américain s'écrase dans la nature japonaise. Son occupant est un soldat noir, qui va aussitôt être prisonnier des habitants du village proche. En attendant les ordres de l'administration sur la conduite à tenir, on le fait croupir comme une bête dans une cave. Mais bientôt, devant l'attentisme des adultes, les enfants du village, dont le narrateur, vont s'occuper de lui...

Cette nouvelle est une réussite du genre, concentrant en seulement quelques dizaines de pages la progression dramatique, réservant des coups de théâtre, traduisant remarquablement les sentiments ambivalents de l'enfant narrateur et de ses amis et leur perception de ce Noir, à leurs yeux homme-animal (on le nourrit, on joue avec, on le scrute sous toutes les coutures, y compris lorsqu'il fait ses besoins...).

Dans leurs yeux, leurs paroles, leurs actes, on découvre la curiosité, la peur, la haine, la pitié, et évidemment la xénophobie, l'acceptation de l'Etranger dans la mentalité japonaise n'allant pas de soi et faisant question de manière constante.

Mais Oé est subtil (pas prix nobel de littérature pour rien !), l'enchevêtrement des thèmes forge une oeuvre plus complexe et moins monolithique qu'il n'y paraît, qui interroge sur la nature de l'Homme, ce qui le différencie de l'animal...

On voit poindre également chez l'enfant les notions de découverte du corps, de la sensualité, de la sexualité, qui lorsqu'il s'agit d'un autre homme, qu'on perçoit quasi comme une belle bête, créent une forme de trouble pervers.

Ce texte riche et superbement écrit sans pour autant céder aux artifices, prend finalement l'allure d'un récit initiatique et philosophique, et d'une dénonciation de la folie et de la bêtise humaine.
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