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Citations sur Gibier d'élevage (26)

Nous étions, mon frère cadet et moi, en train de fouiller avec des bouts de bois dans la terre molle, qui empestait la graisse et la cendre, du crématorium de la vallée - un crématorium de fortune et des plus sommaire : simple fosse presque à fleur de terre dans une clairière dégagée au milieu d'une épaisse végétation d'arbrisseaux. Déjà la brume du crépuscule, aussi froide que les eaux souterraines qui sourdent dans les bois, emplissait le fond de la vallée ; mais sur la maison que nous habitions, sur le petit village groupé autour de la route empierrée, à flanc de coteau, descendait doucement une lumière couleur de raisin pourpre. Je me redressai, tandis qu'un bâillement sans énergie distendait ma cavité buccale. Mon frère aussi se redressa, bâilla et me sourit.
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Ce noir était à nos yeux une sorte de magnifique animal domestique, une bête géniale.
Mais comment pourrais-je donner une idée de l'adoration que nous avions pour lui? des éclats de soleil sur nos peaux lourdes et ruisselantes en ce lointain après-midi d'un été resplendissant? des ombres épaisses sur les dalles de pierre? de l'odeur de nos corps et de celui du Noir? des voix rauques de joie?
Comment dire la plénitude, et le rythme, de tout cela
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Je grelottais. Mordillant mes lèvres parcheminées qui faisaient un léger bruit d'élytres, je regardai intensément chacune des pierres de la route; d'abord voilées d'une patine légèrement dorée qui intensément prit du corps, elles glissèrent à un ton pourpre oppressant, simple frange au départ qui gagna toute la surface; enfin elles s'engloutirent dans une faible lumière violette sans transparence. De temps à autre mes lèvres crevassées se mouillaient de larmes salines qui provoquaient une douloureuse sensation de brûlure.
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- On ne pourrait pas continuer à le garder comme ça au village ? dis-je. Est-ce que tu le crois dangereux.
Ma question se heurta à un mutisme délibéré. Je revécus intérieurement ma surprise et mon effroi de la veille au soir, quand on avait ramené le nègre au village. Que pouvait-il faire, à cette heure, dans sa cave ? S’il s’échappait de son trou, massacrait tous les habitants et les chiens du village, et mettait le feu aux maisons ? Un frisson de terreur parcourut tout mon corps, et je m’efforçai de ne plus penser à cela.
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Appuyé contre le tronc d'un antique paulownia, j'observais les ébats de mes camarades. Avec l'aileron de queue de l'avion abattu, ils avaient fabriqué un traîneau et se laissaient glisser sur l'herbe de la pente. À cheval sur l'arête effilée de leur engin merveilleusement léger, ils dévalaient comme de jeunes animaux.
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Nous étions, mon frère et moi, deux menues graines prisonnières d'une enveloppe dure et d'une pulpe épaisse, deux graines vertes enchâssées dans une fine pellicule qui, à peine chatouillée par la lumière du dehors, frissonnerait et finirait par se détacher.
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Allongé sur le sol transpirant de la cave, le noir était en train de chanter à mi-voix, de sa voix grave, un chant qui nous prenait étrangement aux entrailles, un chant plein de sanglots et de cris étouffés qu’on sentait prêts à fondre sur nous.
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A force de considérer le frémissement de l'épaisse encolure du Noir penché sur la marmite, la tension soudaine et le relâchement de ses muscles, je finissais par voir en lui, étant donné sa docilité, une espèce d'animal gentil et paisible.
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"Les bras passés autour des genoux, le menton reposant même, un peu plus bas, sur ses longues jambes, l'homme leva vers moi des yeux injectés de sang, des yeux huileux dans la viscosité desquels on se sentait pris. Tous mon sang se porta d'un coup à mes oreilles et je devins rouge comme un coq. (...) Les yeux à demi fermés, j'avançais droit devant moi et posai le panier de victuailles devant le soldat noir."
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Un gamin du village voulut me contourner pour aller regarder par le soupirail : un coup de pied dans les reins décoché par Bec-de-Lièvre lui arracha des cris de douleur. Bec-de-Lièvre s'était d'ores et déjà arrogé le pouvoir d'accorder ou non le droit de regarder par le soupirail : et il montait une garde jalouse pur interdire à quiconque de porter atteinte à cette prérogative.
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