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Critique de Osmanthe


En 2027, la France a élu un surnommé Papa à la tête du pays. L'extrême-droite est au pouvoir, les Français réactionnaires ont repris la main, à coup de Foogle et autre Fritter, les réseaux sociaux nationalistes. Sacha, sa femme Mina et leur fille de sept ans Irène sont des parisiens cultivés et privilégiés, Mina est professeure d'histoire en université, passionnée par l'époque Byzantine, Sacha est dans les médias, il intervient sur les plateaux télé pour donner son point de vue sur l'actualité et a produit une série télé historique à succès.

Un jour, Sacha lâche à la télé une imprudente allusion sur un point noir du passé de Papa. Il est dangereux pour Papa, s'il faisait fuiter des informations susceptibles de ruiner la carrière du Président ? C'est qu'ils se connaissent bien, ils ont été amis dans leur jeunesse. ils doivent fuir la France, vite. Sacha pense au Mont Athos et ses monastères orthodoxes, un paradis méditerranéen, où il avait rencontré jadis le père Syméon. Mais très vite, ils sont séparés de Mina, qui détient la clé USB où se trouve tout le contenu de cette amitié de jeunesse et pense-t-elle le terrible secret de Papa…Sacha et Irène rejoignent bien la Grèce, et vont s'émerveiller de la beauté des lieux mais aussi devoir prendre garde, et à ne pas trahir le sexe d'Irène, les filles n'étant pas admises, et se méfier de leurs fréquentations. Mina, rentrée précipitamment à Paris, s'évertue à reconstituer le puzzle, résistant au trouble de sa belle étudiante noire Oshun qui l'héberge et avec laquelle elle avait dans le passé découvert une autre sensualité. Au Mont Athos, Sacha recrée une relation privilégiée avec sa fille qui l'enchante dans son intérêt pour l'histoire et la mythologie de ces lieux sacrés. Mais Sacha comprend vite qu'ils ne sont en sécurité nulle part quand un drone les observe, ils doivent bouger de monastère en monastère, ne jamais s'attarder.

Mina va chercher à approcher Papa au cours d'un meeting pour lui arracher la vérité. Au terme de la lecture du document de la clé, rapport de la main de Papa (Alex), il manque 3 pages pour comprendre le drame qu'Alex et Sacha ont vécu naguère en Egypte. Ces 3 pages, c'est Sacha qui les a gardées précieusement avec lui.

Papa annonce publiquement qu'il se rend au Mont Athos…avec Mina comme monnaie d'échange et la tranquillité contre la remise des documents compromettants par Sacha. Tout va se jouer là.

Christophe Ono-dit-Biot est un peu le Sylvain Tesson des contrées méditerranéennes. Une écriture assez stylée, une érudition phénoménale, avec la même manie de le faire absolument savoir à toutes les pages. Sans oublier des réseaux qui leur assurent la sympathie orientée d'un certain nombre de médias.

Pour ma part, j'ai moyennement adhéré. Et sans dévoiler la fin, j'allais dire tout ça pour ça. Certes, l'atmosphère qui règne en ces magnifiques lieux chargés de spiritualité, la mer et les plantes, les légumes gorgés de soleil, tout cela fait envie. Mais la montagne sacrée accouche finalement d'une souris, laissant comme un goût de déception légèrement amer. Car rapidement, on sent qu'on va tourner en rond. Sacha est véritablement gaga de sa fille, trop mature pour son âge, cela devient le sujet central et c'est fatigant. Pire, côté Mina, dont on anticipe qu'elle va jouer un rôle déterminant, à la lecture du dénouement on est forcés de constater qu'elle aurait aussi bien pu ne pas avoir existé !

Comme si l'auteur, mû au départ par un projet ambitieux n'avait pas su très bien dérouler la pelote, finalement en panne d'inspiration. Hormis l'originalité et la beauté des lieux choisis pour l'intrigue, le scénario est un peu court. Sans même parler de quelques clichés éculés (Quand Sacha dans leur fuite en Grèce fait les courses, il achète des tomates, des aubergines, du thym, du miel…), Ono-dit-Biot créé un monde exclusivement beau, où les imperfections des lieux et personnages n'existent pas. Mina est encore bandante, Irène est une fée, Oshun est forcément une superbe plante noire, et lorsque Sacha croise un touriste suédois, il faut encore qu'il ressemble à Stefan Edberg (c'est bien dans le texte).

On est décidément chez les bourgeois, ces aventures-là ne sont pas pour le peuple, celui justement qui vote à l'extrême-droite, et a voté pour ce président qui boit du Coca-Cola directement à la canette et croque dans un Bounty. le bon peuple a le président qu'il mérite…Un roman finalement peu révolutionnaire, tant les quelques traits brossés de cette France de 2027 sont déjà tellement prévisibles, et tant l'auteur n'oublie pas d'exploiter tous les thèmes ambiants, le nationalisme qui monte, la faillite des élites politiques, la condition de la femme, le développement des moyens de surveillance d'une population de plus en plus docile voire consentante, moyens qui se banalisent.

Un roman à lire pour rêver de soleil pour l'hiver, et à rouvrir pour s'enrichir de mots inconnus, un dictionnaire à portée de main, mais pour moi relativement ennuyeux et sans surprises.

J'adresse un merci sincère à babelio, et aux éditions Gallimard pour cet envoi.
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