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Critique de Renod


« Non. » « le choc. » « Catastrophe.» « Etat de choc.» Les unes des presses quotidiennes et hebdomadaires illustrent bien la stupeur et l'incrédulité des Français au soir du premier tour des élections présidentielles de 2002. le candidat d'extrême-droite s'est qualifié pour le second tour. C'est une première. Dans « French tabloïds », Jean-Hugues Oppel revient sur l'année qui a précédé cette élection. Un président impopulaire dont le septennat a été miné par les affaires doit se faire réélire une nouvelle fois. Les sondages le donnent perdant face à son rival. Ce dernier doit donc être sorti de la course à l'Elysée dès le 21 avril. L'auteur va imaginer deux stratagèmes permettant la conquête des « coeurs et de l'esprit » des électeurs. le premier est un trio de consultants qui a pour mission d'entretenir un climat de peur. Pour ce faire, ils veillent à ce que les médias traitent en permanence de l'insécurité. Chaque fait divers doit être monté en épingle. La peur doit être présente au quotidien. Et quand l'actualité est trop avare en violence, il ne faut pas hésiter à en inventer, voire même à en créer. C'est d'ailleurs l'objectif du second stratagème mené par un policier des services secrets et un prestataire étranger expert en manipulation mentale. Il a pour mission de transformer un citoyen frustré et révolté en un tueur de masse. le drame doit survenir en amont des élections pour marquer durablement les consciences. Nous comprenons mieux la citation de Saint Just mise en épigraphe du roman : « Un peuple n'a qu'un ennemi dangereux, son gouvernement. »

Les chapitres sont entrecoupés de Unes de journaux. Si au départ, ils évoquent des événements anodins comme la fête de l'ortie, les titres consacrés à l'insécurité font se faire plus nombreux et resserrés et rendront une impression de matraquage. le texte est d'une grande fluidité et le lecteur devine facilement les événements en arrière-plan. Une enquête sur un assassinat mène dans une impasse car la hiérarchie policière se montre soucieuse de ses seules statistiques et l'opinion préfère le retentissement d'un fait divers sordide. Alors si en plus l'enquête gêne en haut lieu… passez votre chemin. Oppel tisse une fiction astucieuse autour d'évènement réels. Pour paraphraser Georges Simenon*, chaque détail est vrai, mais l'ensemble est faux, ou plutôt l'ensemble est vrai mais chaque détail est faux… Il faut se garder à la fois de la naïveté et du « complotisme » mais il reste surprenant qu'un seule thème ait été si massivement traité par les médias pendant plusieurs mois, à la veille de ce scrutin.


*http://www.babelio.com/auteur/Georges-Simenon/6804/citations/1170131

** un roman conseillé fortuitement par l'auteur un an avant le premier tour de 2017 lors du salon de Saint-Maur
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