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Critique de Salome20s


Depuis que j'ai lu Marie-Antoinette de Zweig, je suis tombée amoureuse de la dernière dauphine de France. Grâce à cette fabuleuse biographie, je sais tout ce qu'il y a à savoir au sujet de Marie-Antoinette. En tenant l'ouvrage de Christine Orban dans mes mains, j'étais impatiente de voir de quelle façon l'auteur allait formuler ce que je savais déjà et, peut-être, m'en apprendre d'avantage.

J'ai été très surprise dès la première page ! Style presque oral, phrases courtes parfois "punchlines" et surtout la présence physique de l'auteur. En effet, après m'être exclamée " mais ce n'est pas un roman ! ", je me rends compte qu'il s'agit plutôt d'une sorte de journal de bord, celui de Christine Orban, avec des retours dans le passé décousus : l'ordre historique n'est pas respecté dans cet ouvrage.

Après Zweig, tout ce qui est dit dans ce livre est su. Pourtant, il apporte quelque chose de nouveau : le regard intime et familier, celui d'une femme sur une autre. Cette autre femme, la Reine, nous paraît alors nue, sans l'être à proprement dit ( elle qui a tant souffert du manque d'intimité ! ), les voiles épais de l'Histoire et des idées reçues libèrent le corps gracieux de la jeune autrichienne.
Nous lisons alors la vie d'une femme comme les autres, née pour être Reine certes, mais également née comme toutes ses semblables : rieuse, simple, épicurienne et surtout très moderne.
Christine Orban sait très bien mettre en valeur les pensées et les envies futuristes de Marie-Antoinette. Nous oublions alors qu'il est sujet de la Reine et nous sommes tentés de céder à l'amitié que " M.A " nous inspire.

Inspirante, c'est le bon mot. Marie-Antoinette est une femme qui fait rêver et l'auteur ne cache absolument pas le désir qu'elle ressent pour la dauphine. Etant tout autant passionnée par celle-ci, j'ai ressenti toute l'ardeur d'un tel travail d'écriture : comme l'auteur je cours à Caen au nom d'un soulier et je soupire avec elle " Pauvre Marie-Antoinette ".

Ce livre m'a plus que jamais rapproché de cette jeune autrichienne devenue icône féminine internationale. Toute femme qui rencontre Marie-Antoinette " pour de vrai " vit alors ce qu'elle a vécu puisque elle aussi, est femme et que les gens sont toujours les gens : les calomnies, les mensonges et les insultent sont toujours les armes utilisées en masse.
Comment ne pas trembler avec la Reine et avec Christine Orban quand les Tuileries sont attaquées ? Quel genre de femme pourrait continuer à haïr M.A quand celle-ci est accusée à tort des pires crimes envers ses propres enfants ?

L'auteur n'idéalise pas Marie-Antoinette qui a commis bien des fautes en tant que Reine de France. Pourtant, la psychologie même de cette figure historique nous inspire toutes : supprimer l'ordre établi, refuser d'être un spectacle public, dire non aux obligations envers un mari imposé et non satisfaisant. Dire " Non ", tout simplement.
Féministe, rebelle ou absolutiste, Marie-Antoinette s'érige alors seule contre tous, tel une Antigone couverte de poudre et de rubans. La fatalité de la tragédie est indissociable aux deux héroïnes, l'une sera emmurée vivante, l'autre guillotinée.
Où est la différence quand on sait que dans le coeur des femmes résonnent encore, des siècles après, le " Non " assourdissant d'Antigone et le " Non " rieur de Marie-Antoinette.

En fin de compte, le roman de Christine Orban n'est pas à lire avec un regard historique. Il faut rester humain pour comprendre Marie-Antoinette et surtout pour pouvoir l'aimer.
C'est une femme qui n'aurait jamais refusé de naître femme, mais qui aurait peut-être préféré exister un peu plus tard dans L Histoire, loin de la royauté qui lui aurait été fatale...
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