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Critique de caro64


Un roman fort et poignant pour découvrir l'une des périodes les plus sombres de l'histoire argentine.

Luz, jeune argentine, part à la quête de son existence après 20 ans de vie mais aussi de mensonge. Elle découvre qu'elle n'est pas la petite-fille du Général Dufau, tortionnaire sous la dictature militaire des années 1970. Elle est en fait l'enfant d'une de ses nombreuses victimes disparues: Liliana, jeune femme communiste. C'est alors face à son père, Carlos, exilé en Espagne, que Luz va dérouler son histoire au fil des pages et faire la lumière sur les atrocités commises par la junte militaire argentine.

Une histoire remarquablement racontée sur un rythme époustouflant. Haletant et plein de suspens, ce roman choral nous embarque dans le point de vue de Luz et des personnes que le destin de cette enfant a bouleversées et qui se sont battues, d'abord contre elles-mêmes dans une profonde remise en question, puis contre un système barbare et toute la "banalité du mal" qu'il répand autour de lui. le livre est, du début à la fin, pétri de peur, de souffrance, de violence, celles de Luz et plus encore celles de tous les autres. Les personnages qui entourent Luz et le mensonge où son enfance a été immergée sont hauts en couleur, comme la Bête, le tortionnaire amoureux et sa femme, Myriam, l'ex-prostituée qui connaît la vérité et veut la faire découvrir à Luz, comme le général son grand-père, sa mère la mondaine qui ignore tout, son père adoptif… Luz ou le temps sauvage est un livre de mémoire qui n'exclut pas pour autant une trame romanesque où large place est faite à l'amour, au simple bonheur d'aimer et celui de partager avec d'autres.

Un très beau roman qui, en reconnaissant que toute lumière charrie son ombre, est un hymne à l'espoir et à la justice et qui nous met au coeur du combat des Grands-mères de la place de Mai qui se battent depuis 1977 pour retrouver tous les disparus de ce régime et reconstituer les filiations de ces enfants volés. On n'en sort pas indemne.



En complément de lecture : voir "Argentine, les 500 bébés volés de la dictature" * , un excellent documentaire sorti cette année, trente ans après la fin de la dictature militaire, qui retrace le combat acharné de ces Grand-mères pour retrouver leurs petits-enfants disparus et leur donne la parole ainsi qu'à certains de ces ex-bébés volés devenus adultes. 107 de ces 500 bébés ont découvert leurs véritables origines, certains il y a quelques mois seulement. L'enquête menée par Alexandre Valenti, argentin exilé en France un an après le coup d'État, est extrêmement documentée, précise et très émouvante. Un reportage récompensé à juste titre par le FIPA d'or 2013 au Festival international des programmes audiovisuels de Biarritz, par le Prix du Jury des Jeunes Européens et par le Grand prix du 20ème Figra, le Festival international du grand reportage d'actualité et du documentaire de société du Touquet . Âmes sensibles, s'abstenir.

* https://www.youtube.com/watch?v=m11ulXeBD8g
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