TREIZIÈME POÈME
Extrait 3
Les beaux chemins égaux qui couraient à la mer
première,
Les roseaux, et le fleuve, s’inclinent sous la Lumière.
Rivages, je vivrai ! l’abîme a l’éclat de l’Esprit.
Je sonde l’Océan, où l’antique Soleil s’inscrit.
Une vague me jette un bâton. Je dresse un mât de
fortune.
Dans les pierres je sens blanchir comme une voile
opportune.
Debout, je vois les monts ! Debout. Les vaisseaux
et les mers,
Les monts et les vaisseaux font vaciller mes vers.
Amour …
Amour, sur-nom de l’Esprit.
Que l’attache sacrée se rompe…
Que l’attache sacrée se rompe,
et le langage paraît être un ornement du néant.
Réapprendre la réalité par cœur.
Réunir …
Réunir les rudiments de cette petite science que les arbres communiquent.
Il est bon de songer en silence au savoir natif de la terre.
Ce que le vent …
Ce que le vent par bonheur corrobore
dès que nous pensons avec allégresse…
Ce que la source dépose dans notre cœur.
Garder le cap …
Garder le cap dans la nuit de la langue.
Accepter l’attraction des mots simples
(ce haut tropisme délicieux).
Produire en soi …
Produire en soi la possibilité d’un mouvement à jamais plus pur.
Entrer dans ce qui, au cœur du langage, dans la quasi constance
des mots, se prête à une certaine aimantation.
Comme les plantes …
Comme les plantes nous vivons appariés au soleil.
Notre projet n’est-il pas de nous fondre à la flamme ?
À un détail absolu ?
Axiome …
Axiome :
«Le poème rétablit dans sa dignité le sujet qui s’applique à percevoir.»
Tu te dois …
Tu te dois de ne rien vouloir en dehors du paysage du Tout.