Sur une seule page : la foule venant rendre hommage à Mao sur son catafalque, ouvre ce deuxième "opus" d'"Une vie chinoise" . Contrebalancé, à la fin, par les images intimistes de la mort du père.
Entre, ce sont les longues et difficiles années que le héros vit dans le seul but de devenir membre DU parti malgré tous les obstacles. Une vie d'abnégation quasiment religieuse, par son respect d'une seule Règle : celle du Parti.
Et quand enfin, il sera devenu membre du Parti, la donne change !
Nous sommes en 1980, c'est le temps de la "liberalisation de la pensée", c'est le moment de rattraper, d'apprendre de nouveau. Comme de découvrir, avec 10 ans de retard, que l'homme a marché sur la lune. 10 ans d'isolation !
Et enfin les premiers touristes ! Ces premiers touristes seront une sorte de "déclencheur" pour se découvrir, s'intéresser à la rue, à ce qui s'y passe tous les jours. le regard n'est plus rivé sur le parti, il faut que chacun de ses compatriotes voit la Chine telle qu'elle est : "les traditions anciennes, les nouvelles évolutions de la Société.
Encore une fois, c'est cette BD qui me fait comprendre tout le désarroi de ce peuple, toute sa formidable énergie et ...solidarité. Quelle que soit la tourmente.
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Suite de la vie de l'auteur dans la Chine des années 80. C'est une période cruciale de transformation qui voit une certaine libération de la pensée, une ouverture du marché, la sortie de l'isolement avec l'arrivée des premiers touristes, un cheminement vers la modernité… Tout cela ne change cependant pas la base qui reste la toute-puissance du parti. Face aux échecs des politiques précédentes, il s'agit de trouver des coupables, en particulier au sein même du parti. La famille de l'auteur subit de plein fouet cette répression, en particulier son père qui est envoyé des années en camp de travaux forcés. Cela n'empêche pas celui-ci de rester fidèle jusqu'au bout au parti et à l'auteur de vouloir à tout prix intégrer ses rangs. J'ai trouvé totalement sidérant, et même temps compréhensible, cette fidélité et ce désir de faire partie du système qui opprime. Ce processus d'oubli des malheurs est à la fois terrifiant et plein d'espoir. Ce système dilue tous les rôles et fait de chaque personne une victime et un bourreau. La vie chaotique de l'auteur se poursuit et rebondit avec les tremblements de l'histoire. Son témoignage de première main sur la Chine est toujours aussi intéressant mais le dessin toujours aussi pénible.
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