Nous voilà face à un sacré chantier. La bonne nouvelle, c’est que les jeunes filles et garçons semblent beaucoup mieux intégrer que leurs ainés cette idée de rebattement des cartes et de distribution des rôles.
Et le pire c’est qu’en grandissant, ça ne s’est jamais arrêté, il n’y a pas eu de trêve. Ça a continué à coups de magazines, de pubs, de télé, d’Internet, d’Instagram, de Lagerfeld et de son horreur des grosses, de chirurgie esthétique et de « regardez Demi Moore, comme elle est bien pour son âge », d’injections, de lifting parce qu’on se dit que passé un certain âge, plus aucun homme ne bandera pour nous, que si on ne se fait plus baiser, alors on ne vaut plus rien.
Quand vous étiez petits, pendant que vous dégueulassiez vos pantalons, nous, les filles, devions être jolies, propres, bien coiffées, contrôler notre ration alimentaire, nous épiler dès l’apparition des premiers poils, ne pas être turbulentes, ne pas dire de gros mots parce que « ce n’est pas joli dans la bouche d’une fille », il fallait sourire et faire en sorte que les messieurs nous trouvent mignonnes.
Ces lettres n'ont absolument pas pour but de vous dégoûter à tout jamais des hommes cisgenres ni de vous interdire de fantasmer sur des bellâtres à gourmette. (p. 11)
Baiser sans consentement, c'est bon pour les darons. (p. 9)
Les clients et les suggar daddies savent par exemple quelle est leur place. Ils paient sans aucune ambiguïté pour une prestation précise. Ils ne s'imaginent pas qu'ils vont se faire sucer parce qu'ils ont payé la note du rosé. En cela, le travail du sece est honnête. (p.29)
Aucun système n'est définitivement figé, libre à nous de le renverser.
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