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Critique de Mikofsky


Il est malaisé de faire une critique sur un recueil de nouvelles, mais j'ai été englouti dans ce livre, principalement à cause d'une nouvelle. Mais avant de plus m'avancer plus en avant dans ce livre je vais d'abord faire une halte pour mieux apprendre qui est cet auteur pas forcément connu à notre époque. J'y ai réfléchi plusieurs minutes mais synthétiser tout l'art d'un homme en quelques phrases est une tache ardue. Je vais donc citer Christophe van de Ponseele qui en quelques lignes résume parfaitement ce que j'ai ressenti en lisant ses nouvelles :

« Thomas Owen, en ses récits, procure cette sensation montante d'angoisse, de mystère insoutenable pour souvent dans les dernières lignes produire une chute à vous couper le souffle. Mêlant adroitement les figures de mort aux figures de sensualité, ses histoires se savourent comme autant de plaisirs sans cesse renouvelés. Ne délaissant pas une certaine pointe d'humour (Le petit fantôme, in Cérémonial Nocturne), il nous invite surtout à entrer dans un monde d'effroi au décor horriblement réel. »
Ces quelques phrases vous permettrons d'emblée de comprendre ce recueil.

Passons maintenant au livre. Constitué de 17 nouvelles variant de 2/3 pages à une vingtaine, excepté une qui monte à plus de 80 pages, qui se trouve être la clé de voûte du recueil, mais nous y reviendront plus tard. Je vais pas m'attarder sur toutes les nouvelles, seulement vous dires lesquelles m'ont le plus emporté : La fille de la pluie, Les lectures dangereuses, Who in am abend ?, La tentation de Saint Antoine. Dans la fille de la pluie un homme séjournant dans un hôtel dans le nord de l'Europe, rencontre sous une pluie torrentielle une jeune fille, les mains en sang qui l'entraîne vers un château abandonné. En une dizaine de pages Owen, mêle l'étrange, l'épouvante mais aussi l'humour : L'homme s'adressant à la femme, au moment où il aperçoit le sang sur ces mains :

« - Vous avez du sang sur les mains …
- Oui. C'est excellent pour la peau. le sang et la pluie la rendent très douce »

Wohin am abend ? (Où aller le soir?) et lectures dangereuses sont tout autant intéressante, et raconte respectivement la rencontre d'une femme avec un vieil homme qui l'emmène retrouvé dans un bar son ancienne amour, mort 5 ans plus tôt, et lectures dangereuses, un homme lisant un livre dont l'histoire se densifie au fur et à mesure des relectures. En ce qui concerne La tentation de Saint Antoine, je peut difficilement vous le résumé sans tout vous raconter, je peux seulement vous dire que j'ai beaucoup ri en lisant cette revisitation de cette scène biblique, même si je ne suis pas totalement sûr que ça soit vraiment le but de l'histoire.

Mais c'est en commençant Étranger à Tabiano que je me suis pris une claque magistrale. Je vois cérémonial nocturne comme un joli cadeau, avec un papier cadeau succulent, constitué des nouvelles précédant étranger à Tabiano. Elles font monter le plaisir, excite l'impatience, s'amuse à titiller la curiosité et là le cadeau débarque avec douceur, une barque dérivant sur un lac calme enfoncé dans le brouillard. C'est avec l'arrivé du héros dans cette barque dans une société jusque-là inconnue, que commence le début d'une étrange expérience littéraire. L'histoire commence comme un récit ethnologique, le narrateur est un aventurier archéologue fasciné par les sociétés méconnus, il va donc tout d'abord se contenter de décrire ce qu'il voit. Subtilement s'impose des détails magiques, des détails qui donnent des frissons. À ce moment-là, l'histoire bascule et on passe de la passivité à l'activité, tant au niveau du peuple qui subit la vie, du héros qui se contente de décrire ce qu'il vit et du chef de l'État, le Grand Malicieux, qui jusque-là ne passe son temps qu'à montrer une image positive de sa société.

En gros ce livre est un régal, pour les personnes qui aime avoir peur, qui aime être dérangé, mais Étranger à Tabiano peut trouver un public encore plus large tant l'histoire est ambitieuse et surtout à quel point elle est aboutie.
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