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Critique de RomansNoirsEtPlus


Flics ou voyous ? La différence entre ces mondes est en effet ténue au début des années quatre vingt dix en tout sous la plume de Hugues Pagan. Il nous offre un polar hommage aux romans noirs américains de Hammet ou Chandler. On y retrouve les mêmes ingrédients privilégiés : une police (ultra) corrompue, des personnages hors du temps qui luttent pour un idéal ou pour une cause personnelle. Mais l'argent et le pouvoir sont bien les uniques valeurs. Des dialogues percutants, un rythme survolté et des surnoms à la sauce US auxquels il faut s'accrocher si on veut ne pas perdre le fil . Entre Bingo, Fortune, Starsky( mais sans Hutch) , Charley ,Squirrel ou Duke on peut parfois être un peu largué …
Des surnoms qui vont comme un gant à ses individus à la peau froide qui savent s'accommoder avec la justice tant qu'ils peuvent la manoeuvrer à leur guise.
Je ne vous ai pas encore parlé de l'inspecteur Chess - comme son surnom l'indique c'est un fin tacticien - ex flic qui s'est retrouvé sur la touche et mis en préretraite par sa direction. Fin connaisseur du milieu et des joueurs en présence, il est contacté par un mac de première envergure dont l'une des protégées, Velma, s'est fait assassiner. L'affaire a été étonnamment vite classée . Fortune, qui avait une relation privilégiée avec la prostituée , demande à Chess de reprendre l'enquête à son compte et de découvrir qui l'a tuée. L'ex inspecteur va donc remuer la boue, fouiller dans les poubelles, utiliser ses contacts à l'Usine et dans les rues pour tenter d'élucider cette affaire qui pue et ne présage rien de bon.
Pour se consoler il pourra mettre un bon disque de jazz et se laisser dorloter par Dinah…

Hugues Pagan est un ancien flic mais il ne ménage pas son ancienne maison surnommée ici « L'Usine» ni ses anciens collègues qui passent dans ce roman pour des ripoux de première classe.
Le début du roman peut déstabiliser avec ces personnages qui sortent de partout … mais une fois le pli pris, on se laisse porter par ce récit d'une noirceur mélancolique. Par ces personnages de la nuit , anachroniques qu'on imagine aisément avec un imper et un feutre sur la tête . Des personnages sans visage mais dont les yeux luisent dans l'obscurité à l'affût du mauvais coup. Chess tient le haut du pavé où le fossé entre gentils et méchants est flou. Un solitaire amoureux de jazz et de sa Lady Day accompagnée d'un verre de J&B. Un loup parmi les loups qui a pris trop de coups pour ne pas voir le prochain venir. Rusé et nonchalant il navigue à vue dans cette faune interlope tel le héros baugartien , beau ténébreux dont les belles filles sauvages sont folles.
Un roman qui a la nostalgie de cette époque mais qui sait la rendre vivante , passionnante voire par moment émouvante quand l'amour s'en mêle .
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