C’est ce qui est moche, chez certains êtres qu’on a trop aimés : ils vous font les poches en partant , ils ramassent tout, ils vous embarquent des choses qu’on ne savait même pas qu’on les avait en soi, tellement on les portait bien au chaud cachées , tellement qu’après on se sent ouvert à tous les vents, qu’on grelotte sans fin, plus vide et plus mort que les morts.
Qu’est-ce qu’on me reproche, outre le simple fait d’exister ?
Malgré ce qu’affichent certains demeurés mentaux, c’est parfois parce qu’on aime trop quelque chose ou quelqu’un qu’on est bien forcé de le quitter.
Il jouait intérieur, avec un phrasé un petit peu maniéré, très loin du gros son rond, volontiers déclamatoire, qu’affectionnait Coleman Hawkins, il jouait en somme comme on cherche à se faire oublier….
Je l’ai laissée avec sa frimousse de gosse et son amertume trop vaste, avec ses yeux qui n’y voyaient plus bien. Je l’ai laissée avec ses pauvres petits rêves de quatre sous, ces petits rêves, toujours les mêmes, et qui sont le triste apanage des vivants.
Je ne fume plus beaucoup. Dans le temps, j’avais des accélérations de V8 Chevrolet , maintenant je marche comme un 4 cylindres en ligne qui tournerait sur trois pattes.
- Etouffer de la monnaie, tout le monde le fait… N’importe quel parlementaire, le moindre élu local… L’ère du pognon facile, Duke… Ni toi ni moi n’y pouvons quoi que ce soit… Pourquoi pas les flics ? J’ai dû hausser les épaules. Duke a tourné la face vers moi. IL n’y avait ni dégoût, ni amertume dans ses yeux gris, rien qu’une sorte de surprise blessée. (…) A présent, il était devenu trop maigre, et il avait trop l’air d’un homme traqué. C’est long, la traque, c’est fatigant…
On commence à lire, puis un jour on se rend compte qu’on ne fait plus que relire et depuis si longtemps qu’il ne sert à rien de se demander quand, ni si on n’a jamais fait autre chose depuis le début . C’est signe qu’on est passé de l’autre côté, que les vivants ont cessé de vous intéresser en tant que tels...