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Critique de Floyd2408


Je retrouve avec plaisir la masse critique de Babelio pour sortir de ma zone de confort et découvrir de nouvelles lectures, comme ce recueil de poésies du Catalan Miquel de Palol, deux coeurs pour une bête, traduit par François-Michel Durazzo, aux éditions Jacques André, coll. Poésie XXI. Plongeons dans l'inconnu et l'univers poétique de cet architecte de formation, auteur d'un oeuvre assez prolixe, plutôt exubérante comme l'écrit le quatrième de couverture, ce Barcelonais est l'auteur de nombreux recueils de poésies, de nouvelles, d'essais et de romans, comme le jardin des sept Crépuscules en 2015, À bord du Googol en 2013, le testament d'Alceste en 2019.


La poésie est souvent une émotion propre à chacun, elle éveille, réveille en nous, des sentiments divers et multiples, elle permet de pouvoir se perdre dans la force des mots que le poète nous offre, cet architecte espagnol, érige désormais des édifices prosaïques en langue catalane, cette intimité dévore sa chair intérieure avec une force bestiale romanesque, ces 32 poèmes forgés à la force du poignet saignent les humeurs passionnelles de l'auteur pour faire l'écho de mes émotions sourdes, qui en résonances murmurent un passé perdu, un présent en ébullition, deux coeurs pour une bête, sera ma respiration le temps de sa lecture, mon oxygène artistique et ce transfuge vers des paysages inconnus de mon être en transposition dans cette nouvelle dimension où vogue mon imaginaire sensorielle.


Le titre du recueil, deux coeurs pour une bête, est une fragmentation discordante, un morcellement prosaïque où gravite l'incertitude des poèmes qui composent ce livre intime de pensées. Chaque poème de Miquel de Palol est annotée du lieu et du jour de sa création, comme pour un journal intime, le poète partage au fil des jours qui se succèdent sa face cachée émotionnelle, cet homme se libère de la gravité des événements qui explosent dans sa chair dans l'apesanteur de son écriture où cette émotion de légèreté écrasante s'expose aux regards des lecteurs. Les mots sont cette ambiguïté d'âme, de l'assaillement de l'auteur, entre amour et la douleur, la mort rôde, son champ s'épanouit dans la poésie du Catalan, la blessure, anéantir, détruire, ruines, violence, dramatique, maladie, homicide, cadavres… Sont ces fleurs du mal prosaïques, la souffrance côtoie l'amour comme une évidence, c'est la passion finale d'un amour qui se meurt chaque jour, Miquel de Palol dessine la mort de son couple dans un recueil de poèmes sans pudeur, ni voyeurisme, le lecteur picore à son rythme et son histoire, cette traversée des coeurs en peine et non loin la mort sournoise attend comme un couperet que l'auteur redoute depuis de sa naissance.

Il est toujours difficile de pénétrer dans la rigueur d'un poète et dissoudre sa prose dans une tempête technique et d'explication scolaire, il faudrait pouvoir se laisser porter par l'instant de la lecture, et voguer sur le flot des émotions comme une âme solitaire qui découvre celle d'un inconnu qui se livre à lui, le poète aime derrière ces architectures verbales écrites, oeuvrer un univers qui lui est propre, celui de Miquel de Palol est celui qui anime son regard, la nature qui l'entoure, un arbre, un nuage, un orage, le soleil, la Lune, des buissons, des montagnes, la plage, une terrasse, la mer, la tempête sont des éléments extérieurs propres à la vie à l'inverse de ceux intérieurs qui le torture comme cette hache de Juin, son premier poème, revenant plusieurs fois, pour conclure son dernier, Souvenirs sans adjectifs, cette boucle qui se perpétue sans relâche, cette fuite de la vie et de l'amour !
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