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Critique de axelreaute


"Quels effets la beauté produit-elle sur l'âme et les organes ? On voudrait bien le savoir à défaut de l'avoir (...) Tout homme est un mystère à lui-même et aux autres, beau ou laid, il s'y débat, s'y cogne constamment, mais la beauté scelle ironiquement cette énigme aux yeux du monde".
Si Jean-Marc Parisis choisit de sous-titrer ce récit Delon dans les yeux, ce n'est bien évidemment pas innocent. Ce fameux regard bleu est associé autant à la beauté de l'acteur qu'à son mystère. Je n'ai pas d'admiration particulière pour Delon, comme tout le monde je le trouvais beau à trente ans, comme beaucoup je ne me lasse pas de revoir le couple Alain Delon / Romy Schneider dans La Piscine. Jean-Marc Parisis, en retraçant les grandes étapes de la vie de l'acteur ne cherche pas non plus à en percer les mystères ou à lever le voile sur des épisodes sulfureux qui ont contribué à épaissir cette aura de beauté vénéneuse qui l'accompagnait. On n'apprendra rien de nouveau sur l'affaire Markovic, pas de scoop, le propos n'est pas là. Non, l'auteur cherche à comprendre comment la beauté de Delon a non seulement influencé sa trajectoire mais a contribué à forger le personnage Delon. Celui dont l'acteur parle à la troisième personne du singulier.
Car c'est bien cette beauté qui le fait remarquer, par les femmes mais également les hommes, une beauté sauvage, magnétique, accentuée par une volonté affichée de mordre la vie à pleines dents. C'est cette beauté qui électrise la caméra à ses débuts, bien plus que son jeu. Il se revendique acteur, et non comédien, "une personnalité, forte, qu'on prend et qu'on met au service du cinéma". Une beauté qui est aussi une barrière et influe forcément sur les relations sociales, encore plus lorsqu'elle est progressivement liée à la célébrité.

"La solitude et l'amitié ne s'excluaient pas, au contraire, elles se bordaient, se renforçaient. La solitude, cette amitié de soi-même, invitait à l'amitié de l'autre. Un homme sans ami ne pouvait goûter les plaisirs de la solitude, trop occupé à s'en chercher un ou à en rêver, il ne prenait pas le temps de s'aimer lui-même. Seul le solitaire pouvait à la fois éprouver l'amitié de l'autre et le goût de soi. Mais dans son cas, il était difficile de démêler si l'amitié que l'on vous vouait était sincère, désintéressée, car tout le monde voulait être l'ami de Delon, d'une star, de la beauté".
Comme le fait remarquer très justement Jean-Marc Parisis, en France, Delon était le seul acteur à posséder ce niveau de beauté - dont on apprend également qu'elle est due aux proportions parfaites des différents éléments qui composent son visage - alors qu'à Hollywood les Paul Newman, Robert Redford, Warren Beatty ou Marlon Brando, chacun dans son genre permettaient en étant plusieurs de dédramatiser la beauté. L'analyse de l'auteur mêle habilement les rôles, les personnages incarnés par Delon et l'homme, si étroitement d'ailleurs qu'il devient difficile de distinguer la part des uns et des autres dans la construction du personnage que chacun de nous a en tête. Sont-ce les rôles qui font l'homme ou l'acteur qui créé ses personnages ? Vaste et passionnant débat.
"Si tout homme est un mystère à lui-même dans l'énigme du temps, l'oeil de la caméra aggrave et le mystère, et l'énigme. Dans l'ordre naturel, animal, nul n'est censé se regarder marcher, parler, sourire, courir, étreindre quarante ou cinquante ans plus tôt - et plus tard. Le cinéma dérègle, perturbe, inverse la marche du temps, sans l'arrêter. D'où l'ironie, la fiction : ce qu'on a été rend irréel ce qu'on est devenu, et inversement".


Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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