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Critique de Mamyfran


Bim, bam, boum ! Assise dans mon fauteuil, je ne sais par où commencer cette chronique…
Oh la la ! Mon esprit est embrouillé, je voulais dire : Bing, Bang, Nag-Sung !

Je fais évidemment référence à « L'incroyable Mademoiselle Bang » et ses personnages hétéroclites, une étrange bande dessinée de Yoon-Sun Park qui me laisse pour le moins perplexe.

Je commence par l'objet en lui-même qui ne se présente pas comme une BD ordinaire : c'est une véritable brique composée de … - Ah ! Ben, non, les pages ne sont pas numérotées – ...de nombreuses pages, donc. Les feuilles sont en carton épais et les chapitres sont séparés par des feuilles jaune pétant faisant office d'intercalaires. Cet album est d'une qualité de fabrication robuste et d'une finition plutôt luxueuse.

Les planches sont d'allure classique avec des bandes régulières et des cases rectangulaires aux dimensions variables. L'originalité se situe davantage dans les dessins dans un style presque naïf, privilégiant les traits courbes et les teintes pastel. On observe dans certaines aquarelles regroupées sur une double page la prédominance d'un ton, liée au contexte du récit (exemples : dominante orange pour les scènes de combat, rouge pour la scène du mariage, bleutée pour les scènes de nuit…). le résultat est joli, artistique, voire poétique.

Les phylactères, dans une typographie manuscrite, sont nombreux et occupent un espace important. J'en arrive ainsi au texte et au sens de l'histoire.

Le récit est inspiré d'un conte coréen du XIXème siècle et, par l'intermédiaire d'un gentil et joli petit dragon vert, il nous retrace la vie d'une petite fille que les parents ont depuis la naissance habillée et éduquée en garçon. Celle-ci se complait dans cette attribution de genre et continue à profiter de cette forme de supercherie, au point de passer le concours de haut fonctionnaire pour le roi, poste exclusivement masculin, et devenir général. Mademoiselle Bang, dont il s'agit, va même plus loin en épousant une autre femme, Mademoiselle Bing…

Les messages véhiculés par cette histoire sont ambigus et prêtent à mon avis à la controverse. Je vous livre mes constatations et je vous laisse à vos réflexions :

- Bang, qui est une femme, revendique son droit à une ascension professionnelle et sociale, réservée exclusivement aux hommes, dans un pays et à une époque où cette éventualité est inconcevable. Et pour arriver à ses fins, elle maintient son imposture.

- Tous les pères souhaitent que Bang épouse une de leurs filles. Et personne ne s'étonne et ne s'offusque de ce qu'on lui présente des jeunes filles de 9 et 11 ans à marier.

- Bang choisit de s'unir à Bing dont la physionomie contraste avec toutes les autres : elle est rousse et porte des lunettes !

- Bang et Bing s'unissent en tout état de cause, chacune trouvant des avantages de cette duperie, y compris dans l'accueil d'un enfant apparu miraculeusement.

- L'histoire, les costumes, les traditions font référence à un passé coréen féodal, alors que les paroles et certains éléments sont complètement anachroniques. Ainsi, les personnages s'expriment dans un langage actuel (« Salut ! », « Sauvés, youpi ! »…) en contraste avec une gestuelle asiatique expressive du respect.

Toutes ces remarques n'affectent pas le superbe travail réalisé par Yoon-Sun Park et, si vous envisagez l'oeuvre sous un regard humoristique et imaginaire, sans vous prendre la tête, vous passerez un très bon moment de lecture.

Je termine par un ultime agacement concernant une regrettable évolution du langage. Je parle de l'omission du marqueur « n' » ou « ne » dans la négation : « Tu veux pas venir avec nous ? », « Je peux pas. », « Il a pas voulu m'écouter. » Tant que cela ne s'entendait qu'à l'oral, ça ne me choquait pas. de le voir écrit noir sur blanc dans des ouvrages destinés à la jeunesse me pose problème. Ancienne génération, ancienne enseignante… on NE se refait pas !
Lien : https://memoiredeliseuse.odo..
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