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Critique de chocobogirl


Corée, années 80. Min-Sun, huit ans, habite en banlieue de Séoul avec sa grande soeur Min-Jin et ses parents. Comme tous les autres enfants du quartier, elle fréquente les cours de natation. Cependant, Min-Sun végète dans la section "canard" des débutants. C'est que la piscine, elle n'aime pas ça. Petite fille solitaire qui souffre de la comparaison avec sa grande soeur qui réussit tout, elle se sent transparente et inférieure aux autres et ses façons de se faire remarquer sont souvent maladroites et malvenues. Son père est quasiment absent et sa mère est bien trop accaparée par ses histoires d'argent et de bourse pour s'occuper d'elle, si ce n'est pour l'encourager à devenir une meilleure nageuse.
La petite Min-Sun se sent donc bien seule et son enfance se déroule dans un contexte bien triste que viendra finalement égayer une autre gamine rejetée.

A travers la tranche d'enfance de Min-sun, on découvre une Corée du Sud contemporaine sous un jour des moins heureux. Les bâtiments et les logements sont des parallélépipèdes froids et austères. La société coréenne valorise avant tout l'argent et la réussite. Les enfants sont incités constamment à devenir les meilleurs et la notion de compétition pèse dès le plus jeune âge. Les relations entre parents et enfants sont rigides et exempt de toute chaleur.
C'est dans cette environnement que grandit Min-Sun, qui porte aussi les soucis et les interrogations de son âge. L'album est centrée sur cette petite fille et ses sentiments. Elle est d'ailleurs le narrateur de cette histoire et nous fait partager la moindre de ses impressions : tristesse, déception, colère, et surtout la solitude. Rabrouée par sa grande soeur, oubliée par sa mère, évitée par ses camarades de classe, Min-Sun peine à trouver sa place dans un monde qui ne valorise que les gagnants.
Se dresse ainsi un portrait très touchant d'une petite fille émouvante qui se débat dans ses problèmes.
On y retrouve ici une enfance universelle avec ses jalousies, ses disputes, ses questions, le besoin d'affection et d'exister pour les autres, son envie de faire partie du groupe comme de s'en distinguer.

Beaucoup de lecteurs n'ont pas su s'attacher à Min-Sun à cause d'une froideur, d'une absence de sentiments que j'ai dû mal à comprendre. Pour ma part, j'ai été extrêmement touchée par cette petite coréenne dans laquelle je m'identifie pleinement. J'ai trouvé au contraire qu'on ressentait parfaitement la moindre de ses émotions, présentées avec pudeur et parfois non-dits. Suis-je plus sensible que d'autres justement à ces fameux non-dits ? Dans tous les cas, j'ai vibré avec elle, j'ai détesté, je me suis accroché en sa compagnie et j'ai refermé cet album gardant toute la tristesse que cet album contenait.

Le graphisme est plus déstabilisant. La très belle couverture annonce des dessins dans une palette de bleus et de blancs exclusifs qui rappelle l'élément centrale de l'eau et de la piscine. Si les couleurs sont très agréables, la physionomie des personnages m'a semblé moins heureuse. Réduits à leur plus simple expression, les détails de leur corps sont souvent absents ou juste suggérés. Les mains et les pieds sont esquissés ou laissés blancs, les visages sont réduit à quelques traits symbolisant les différents orifices. Malgré tout, les personnages ne sont pas dénués d'expression.

Au final, si le dessin ne m'a pas complètement convaincue, j'ai trouvé le scénario plus qu'intéressant et touchant. Pour moi, Sous l'eau, l'obscurité est un bel album intimiste qui, au-delà du portrait sans concession d'une Corée en pleine poussée économique, se révèle être la chronique d'une enfance blessée par la solitude.
A vous de vous faire votre propre avis !
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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