Je mesure 1m79.
Un jour une fille m'a dit qu'elle pouvait me faire confiance juste parce que je lui ai donné ma taille, elle a dit N'importe quel mec aurait rajouté un centimètre pour faire le mètre quatre-vingts, pas toi. Ce qu'elle ne sait pas c'est qu'en réalité, je fais 1m78.
Quand je découvre une musique que j'aime bien je peux l'écouter cinquante fois de suite jusqu'à m'en lasser, parfois jusqu'à ce qu'elle me dégoûte. J'ai parfois l'impression de faire la même chose avec les gens.
Enfant, je t'en voulais de ne pas dire, de ne pas faire. Adulte, je comprends enfin que tu ne sais juste pas dire, tu ne sais juste pas faire. Je suis condamné par l'espoir. Celui d'une résolution, pour nous deux, la promesse que l'hiver glacial qu'en notre relation laissera place à un printemps, pas même un été. Je demande juste un bourgeon. Un peu de verdure. Un petit quelque chose.
Avant je les trouvais cons les gens qui font des tours de square le soir pour se vider la tête. Maintenant, je les trouve toujours cons, mais juste je fais partie du groupe.
Je traîne au lit, fixe le plafond, il fait froid. Je suis fier et frustré, dans cet ordre. Je me lève. J'y pense. Je mange, et j'y pense. Je n'arrive pas à travailler. Le soir, je prends un bain, encore. Je mets "Ivy", encore. Et je m'imagine le revoir. J'ai honte. Pas honte d'avoir fait. Honte d'avoir mal fait. De ne pas avoir pu totalement profiter. Je pense à toutes ces années avec les filles où je voulais faire croire aux autres que pour moi c'était pareil. Je plonge la tête sous l'eau. Je me dis que la découverte de sa sexualité ça passe pas par le sexe comme on le pense, mais par le cœur.
Quand les hérissons naissent, leurs pics sont mous au début. Leur défense n'est pas au point, ils sont fragiles. Ils durcissent assez lentement et leur premier hiver peut leur être fatal à cause de l'hibernation. S'ils se collent à leurs proches, ils se feront piquer et mourront d'infection. Et s'ils se mettent trop loin, ils mourront de froid. La survie du jeune hérisson va dépendre de sa capacité à trouver la
bonne distance. C'est ce que je cherche depuis qu'il m'a dit qu'il allait mourir, la bonne distance. Jusqu'à mes quatorze ans, j'étais trop proche de lui, je voulais être lui, et ça m'a piqué bien salement. Et puis j'ai tout coupé, je m'en foutais totalement, et dès que j'ai quitté la maison pour Paris j'ai décidé de ne plus prendre de nouvelles. J'ai eu froid. Maintenant qu'il a jeté cette carte fatale du Je vais bientôt crever, je me rapproche, avec précaution, je sais qu'il me pique, il faut que je trouve cette bonne distance, vite, avant qu'il ne meure.
Quand les hérissons naissent, leurs pics sont mous au début. Leur défense n'est pas au point, ils sont fragiles. Ils durcissent assez lentement et leur premier hiver peut leur être fatal à cause de l'hibernation. S'ils se collent à leurs proches, ils se feront piquer et mourront d'infection. Et s'ils se mettent trop loin, ils mourront de froid. La survie du jeune hérisson va dépendre de sa capacité à trouver la bonne distance.
Six ans plus tard je comprendrais que la dépression s’immisce grâce à cette pensée. À quoi ça sert de faire mon lit, je vais le défaire ce soir ? Si on laisse cette pensée gagner on est foutu, c’est l’essence même de la vie de faire pour défaire.
Je sens encore une légère distance avec les autres, comme un problème de connexion avec le monde, une petite perte de couleur par intermittence...
Je crois que j'ai une mémoire de la souffrance qui s'efface par sympathie pour moi même peut-être, pour avancer avec des valises plus légères