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Critique de Bruno_Cm


Ce livre date. Est daté. Une trentaine d'années ont passé, il y a eu beaucoup de modifications sociétales, sociales, conjugales, sexuelles, de genre, etc.
Pour ma part, je relègue ce livre-ci dans les livres qui n'ont (presque) plus qu'un intérêt « historique » pour leur sujet et thématique.
Toutefois, Pasini, qui par certains aspects peut faire bondir -on peut clairement le trouver excessif ou ridicule par moments-, il faut le replacer dans son contexte, et à cet égard, il apparaît en fait comme défenseur de certaines idées relativement ouvertes et on ne peut pas dénier son humanisme. Et, soyons honnêtes, il y a quand même beaucoup à apprendre de son expérience. Retenir ce qui semble utile et adéquat, laisser tomber le dé-passé et avancer dans la réalité et actualité des sentiments.

Notez que ce livre se lit facilement, il n'est pas réservé aux spécialistes ou aux intellectuels, il me semble accessible sans perte de sérieux ni d'intelligence, précisément.

Bon et de quoi veut parler Pasini : « Etant donné l'incapacité de l'auteur à définir les limites de l'amour, on se limitera dans ce livre à en examiner des aspects particuliers sous le nom de "sentiments".. »
« Je souhaite que ma réflexion ait pu éviter le raccourci facile des recettes pédagogiques préfabriquées et qu'elle ait u moins permis de faire germer le doute chez tous ceux qui, comme le dit un personnage pirandellien, "vivaient aveugles et confiants dans la plénitude de leurs sentiments habituels". »

Question théorique et méthodologique, l'auteur précise que « Cet ouvrage ne défend pas un modèle de psychothérapie mais un projet de micropsychologie des sentiments dans lequel les cas cliniques servent à illustrer les idées, et non l'inverse. [...] En d'autres termes, la micropsychologie des sentiments n'est pas qu'un modèle nouveau pour pénétrer dans le monde affectif, elle représente aussi la mise au point d"'une méthode : un bon usage des sentiments et des émotions peut devenir facteur de guérison.

Un exemple criant de passéisme :
« De mon temps, lorsque deux jeunes gens tombaient amoureux et délaissaient leurs copains, ceux-ci disaient ; "On ne voit plus Georges car il est amoureux." Aujourd'hui, l'amour a perdu ce caractère privé Il faut presque le montrer en public, le décrire aux amis. Je suis stupéfait par la capacité des femmes à raconter leurs amours, à l'amie, au bureau, dans les journaux ou en confession publique à la télévision. C'st comme si l'amour n'était pus une fin mais un moyen pour pouvoir parler de soi. »

Une « vision des sentiments plus démocratique » :
« Il existe une intimité profonde et une intimité étouffante - comme il existe des passions bénéfiques et des passions maléfiques. Je crois en une vision du monde des sentiments plus démocratique, complexe et polyédrique. Et tant pis si cela déçoit eu qui recherchent des certitudes et des valeurs indiscutables, voire même des gourous en mesure de les conditionner » 

Une certaine critique des « bons sentiments », d'humanisme catho-chrétien...
« Obtenir le maximum avec le minimum est un slogan qui fait aussi partie de la culture religieuse depuis ses origines, en particulier de la culture missionnaire. La multiplication des pains et des poissons est un fait quotidien dans bien des hôpitaux du tiers monde ; par-delà les miracles, le cocktail pauvreté/foi permet en général d'obtenir de grands résultats. aides et financements sont certes les bienvenus, mais le véritable moteur des missions consiste dans la créativité et la positivation du désespoir. L'humanisme ne manque pas de recourir à cette vision qui ne peut cependant déboucher sur des réalisations d'envergue que dans les religions, faisant du paradis le moteur de la vie terrestre. »

Des constantes aux thérapies :
« On oublie qu'à la base de la réussite des thérapies psychologiques, il y a des constantes reconnues : la compétence du thérapeute repose sur la rigueur de l'intuition ; c'est la raison pour laquelle la psychanalyse n'appartient pas au monde de la religion mais bien à celui de la science. »

Quelle indication, quelle thérapie :
« ... en cas de rancoeur conjoncturelle et non structurelle, quand les partenaires ne sont pas destructifs mais simplement frustrés par les événements, les thérapies de la communication sont souvent plus indiquées que la psychanalyse classique. »

« La psychanalyse ne vise pas la normalisation des affects, comme on le dit souvent, mais la redécouverte de la partie créative présente en chacun de nous. Elle y parvient précisément au travers de ce "processus d'éclaircissement des confusions" dont j'ai voulu faire le fil conducteur de ce livre. »

Conclusion : Pas un indispensable, vous ne le trouverez sans doute pas si facilement, mais si vous tombez dessus, sachez faire la part des choses et recontextualiser-le. Et lisez des choses actuelles, surtout.

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