Alex Cross, tome 23.5 : Cross Kill

Lorsque l’on quitte le soleil pour l’ombre, il y a toujours un bref moment où l’on est aveuglé, avant que notre vision s’ajuste. C’est aussi, en général, l’instant où notre silhouette se découpe dans un encadrement de porte et, par conséquent, devient une cible facile.

Dans leur genre, les programmateurs sont des artistes, inspecteur. Comme les peintres classiques sont identifiables à leurs coups de pinceau, les grands codeurs informatiques ont une écriture reconnaissable. Ce que j’appelle leur signature, si vous préférez.

J’aimerais savoir jusqu’à quel point il est difficile pour une personne de ressembler presque trait pour trait à une autre.

Docteur en psychologie, j’avais travaillé sur de multiples cas de tueurs en série. Nombreux étaient ceux qui, dans leur enfance, torturaient des animaux pour le simple plaisir.

Sans équivoque, j’étais sa cible. Logique. Il me haïssait presque autant que je le détestais. Savait-il que Sampson serait présent lui aussi à la cantine ? Oui, à en juger par ses deux pistolets. Fermant les yeux, je me le représentai dans l’encadrement de la porte, bras croisés, flingue de gauche dirigé sur moi, celui de droite sur mon équipier.

Quand un flic a été touché, les enquêteurs sont très à cheval sur les détails.

John vivait avec sa mère et sa sœur. Son paternel était tombé au Vietnam. Nous étions dans la même classe de CM2. À dix ans, il était déjà grand. Mais moi aussi. Notre rivalité s’était développée naturellement, même si, au début, nous nous étions ignorés. J’étais plus rapide que lui, ce qu’il n’appréciait pas ; lui était plus costaud que moi, ce que je n’appréciais pas. L’inévitable bagarre s’était soldée par un match nul.
Nous avions été renvoyés de l’école pendant trois jours, histoire de nous apprendre à nous battre comme des chiffonniers. Nana Mama m’avait traîné par la peau du cou présenter mes excuses à Sampson et à sa mère pour avoir décoché le premier coup de poing. Ça m’avait beaucoup contrarié. Quand Sampson, tout aussi agacé, était venu ouvrir la porte, sa lèvre fendue et sa joue droite enflée m’avaient arraché un sourire.

John vivait avec sa mère et sa sœur. Son paternel était tombé au Vietnam. Nous étions dans la même classe de CM2. À dix ans, il était déjà grand. Mais moi aussi. Notre rivalité s’était développée naturellement, même si, au début, nous nous étions ignorés. J’étais plus rapide que lui, ce qu’il n’appréciait pas ; lui était plus costaud que moi, ce que je n’appréciais pas. L’inévitable bagarre s’était soldée par un match nul.
Nous avions été renvoyés de l’école pendant trois jours, histoire de nous apprendre à nous battre comme des chiffonniers. Nana Mama m’avait traîné par la peau du cou présenter mes excuses à Sampson et à sa mère pour avoir décoché le premier coup de poing. Ça m’avait beaucoup contrarié. Quand Sampson, tout aussi agacé, était venu ouvrir la porte, sa lèvre fendue et sa joue droite enflée m’avaient arraché un sourire.