Citations sur Private Londres (14)
Durant les Jeux, on y accomplissait des rites et des sacrifices. Plus généralement, c’était Olympie tout entière qui semblait constituer un lieu de dévotion.
Pendant plus de mille ans, en temps de paix comme en temps de guerre, les Grecs s’y rassemblaient pour rendre hommage à Zeus et se mesurer lors de compétitions. À l’époque, les médailles n’existaient pas. Une couronne de branches d’olivier suffisait à honorer le vainqueur, ainsi que sa famille et la cité dont il était originaire.
J’avais quatre ans, et je venais de planter un couteau de cuisine dans la cuisse de ma mère, lorsqu’une femme est apparue dans notre taudis, résolue à m’éloigner pour toujours de mes géniteurs. Elle m’a placé dans une institution où je me suis vu contraint de côtoyer d’autres petits monstres abandonnés comme moi, comme moi pleins de fureur et de méfiance.
Je n’ai pas tardé à percevoir que j’étais le plus intelligent, le plus fort et le plus perspicace d’entre eux.
Je vous assure qu’il existe ici-bas des hommes et des femmes de race supérieure.
Je ne plaisante pas. Jésus-Christ, par exemple, appartenait à ces surhommes, au même titre que Martin Luther King ou Gandhi. Jules César était aussi l’un d’eux. Ainsi que Gengis Khan, Thomas Jefferson, Abraham Lincoln et Adolf Hitler.
Je pense également aux scientifiques : Aristote, Galilée, Albert Einstein. Robert Oppenheimer, le père de la bombe atomique. J’ajoute encore plusieurs artistes, tels Léonard de Vinci, Michel-Ange et Vincent Van Gogh, mon préféré, que sa suprématie sur le commun des mortels a fini par rendre fou.
On a dénaturé les jeux Olympiques tels qu’on les célébrait dans l’Antiquité. Les Jeux de l’ère moderne n’honorent plus ni les dieux ni les hommes. Il n’y est même plus question de concorde entre les humains. Les Jeux actuels constituent une parodie, ils ne sont qu’une attraction mise sur pied tous les quatre ans par des bateleurs de foire. Et cette déchéance, on la doit à des voleurs, des tricheurs, des meurtriers et des monstres.
J’avais quitté Londres depuis longtemps, car les plans que j’avais ourdis pour prouver ma supériorité au monde s’y étaient trouvés contrariés.
À force de rouerie et de coups bas, les monstres avaient remporté leur guerre contre moi. C’est pourquoi, lorsque j’ai atterri dans les Balkans à la fin du printemps 1995, dans le cadre d’une mission de maintien de la paix entreprise par l’Onu, ma haine ne connaissait plus de limites. C’était un univers en expansion perpétuelle. Un puits sans fond.
Il s’agissait d’une antiquité grecque, l’une des œuvres d’art favorites de sir Denton : une statue en calcaire, décapitée. Elle figurait un sénateur athénien, serrant un livre dans une main, l’autre posée sur le pommeau d’une épée.
Âgée d’une quarantaine d’années, séduisante, elle possédait de grands yeux ronds, un profil aquilin et une chevelure argentée cascadant sur ses épaules. Lorsque Knight pénétra dans la cuisine de sir Denton Marshall, Pottersfield lui jeta un regard acéré – elle semblait prête à mordre.
J’appartiens bel et bien à une race supérieure, et c’est une énergie millénaire qui porte mes pas.
Les gens de mon espèce sont nés pour accomplir de grandes actions. Chaque jour, nous brûlons d’affronter de nouvelles épreuves. Nous rêvons de conquêtes. Nous souhaitons franchir toutes les limites – spirituelles,politiques, artistiques, scientifiques et physiques. Nous sommes prêts à relever tous les défis, à consentir tous les sacrifices avec la ferveur des martyrs.
Je n’ai pas peur de mourir pour ce que nous avons fait. Nous avons liquidé des monstres. Ce n’était que justice. Nous avons rétabli l’équilibre.