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Critique de Worky


L'auteur nous introduit dans l'esprit d'un homme, Arnaud, qui est en lutte. Contre le consumérisme à outrance, contre les préjugés, contre les logiques libérales court-termistes, contre la bêtise érigée en norme et la médiocrité en valeur. Jusque là, qui le lui reprocherait ?
Le personnage principal défend sa pensée en commettant des actes relevant de la dégradation de la propriété d'autrui, voir du terrorisme. Oui, mais voilà, le problème c'est que ce personnage ne semble guère voir plus loin que ceux qu'il prétend combattre : il s'attaque à une compagnie d'assurance qui n'est jamais qu'une petite boîte locale, il s'en prend à ceux qui conduisent des automobiles allemandes et aux propriétaires qui empêchent les SDF de s'installer dans ou devant leur immeuble. Notre combattant nuit finalement plus à ses semblables qu'au système et à ceux qui tirent les ficelles. Il en devient caricatural : les petites jeunes blancs sont des nantis apeurés qui s'approprient à retardement les codes des jeunes défavorisés quand ces derniers sont espiègles, brillants et plein d'humour. de même, il passe près de dix ans sans dire à sa famille ou à ses connaissances que son meilleur ami et collègue est noir, parce qu'il refuse de le réduire à sa couleur. Si on écarte de la parole autorisée tout ce qui qualifie un individu et qui est susceptible d'être interprété par l'un ou l'autre comme un prétexte à discriminer ou au contraire comme un signe de discrimination, on n'a pas fini de parler de rien. Finalement, le ton du bouquin, c'est le politiquement correct sélectif. Un autre forme de conformisme. Pour achever une vision politique dans le cadre d'un roman comme ça, il faut une approche plus holistique même si elle part du particulier.
Sur le plan de la narration, il y a un personnage principal, qu'on peine à considérer comme un héros et qui ne nous intéresse guère. On ne l'aime pas. On ne le déteste pas non plus. En fait, on ne le comprends pas tellement : ses pensées sont absconses et l'idéologie qui guide ses gestes est confuse, non aboutie.
Il y a des choses assez incohérente dans l'histoire, par exemple : le type, pour ne pas être repéré par les forces de police en laissant des indices, se chausse en 48 qu'il va acheter régulièrement, et en petite boutique plutôt qu'en grande surface à cause des caméras. Une minute...vous croyez vraiment qu'on passe inaperçu en demandant du 48 dans une boutique de chaussures ? En plus en prétextant un achat pour un ami ? La paire de baskets 48 est le cadeau le plus répandu à Rennes, à n'en pas douter...sans compter son « arme » improbable qu'il promène avec lui : un gros recueil de Shakespeare avec lequel il espère « défoncer » la tête d'un potentiel agresseur (ce qu'il finira par faire). À moins qu'il ne s'agisse d'une édition renforcée de métal, on imagine mal faire beaucoup de dégâts avec ça...à part peut-être en proposant une lecture à haute voix devant un parterre de gentils garçons espiègles.
Et puis il y a l'écriture en elle-même. Vaste sujet. L'emploi des adjectifs qualificatifs est pléthorique et surtout ces derniers sont dopés aux anabolisants, comme beaucoup de verbe, ce qui rend certains paragraphes un peu ridicule parfois. Il aurait fallu des exemples, mais je ne me vois pas ouvrir de nouveau ce bouquin pour chercher ce que justement je n'ai pas aimé. Les dialogues sont pénibles : présentés de façon non orthodoxes, sans retour à la ligne, il est parfois difficile de savoir qui parle. Mais surtout, les paroles comme les personnages qui les prononcent ne sont pas crédibles.
En fait, ce bouquin me fait penser aux premières tentatives d'écriture d'un ami qui me soumettait ces écrits quand on avait vingt ans à peine : il y a plus à ôter qu'à ajouter.

Bref, à part quelques traits d'humour (mais pas tous, loin s'en faut) je n'ai pas aimé grand chose dans ce roman alors que j'en espérais beaucoup. Plus on en attend, plus on est déçu.

PS : ah oui, ce qui donne la couleur à la Paella c'est le safran pas le curry, à part pour ceux qui considère que l'épice principal d'un plat de Valencia doit venir d'Inde. Malheureusement, on en trouve de plus en plus nombreux. La mondialisation touche aussi la Paella.
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