AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Bigmammy


C'est la récente lecture des « Mémoires impubliables » de Pierre Péan qui m'a intriguée : pourquoi tant de ressentiment envers la troïka Colombani, Plenel, Minc ?
Autant se référer à l'enquête massive (comme on dit d'une arme de destruction) publiée en 2003 sur LE quotidien le plus éminent de notre pays, menée par Pierre Péan et Philippe Cohen.
Car je savais que le livre – une rareté puisqu'au prix d'une négociation réciproque, les dirigeants du journal ont accepté de ne pas porter plainte en diffamation en échange d'une impossibilité de rééditer le livre – qui fut tout de même vendu à 60 000 exemplaires dès sa sortie et à 200000 au final – était rangé dans ma bibliothèque. J'ose espérer qu'il n'est pas interdit aujourd'hui d'en publier une critique ...
La période sous revue couvre les années 1994 à 2003. Une nouvelle formule pour le quotidien, une nouvelle équipe de direction, de nouveaux actionnaires, des prises de participations dans des titres rentables permettant d'éponger les pertes du navire amiral, une nouvelle philosophie bien éloignée des principes fondateurs édictés par Hubert Beuve-Méry choisi en 1945 par le général De Gaulle.
Une découverte a postériori pour moi.

En fait, cet ouvrage constitue un anti-manuel de journalisme. Au triptyque des 3 i : indépendance, intégrité, impartialité, le Monde oppose une politique de mise en valeur – en Unes, ou en « ventres » - de nouvelles sensationnelles – essentiellement des « affaires » - et parfois des fake news. A l'époque, il n'y a pourtant pas de réseaux sociaux, mais la mécanique du feuilletonnage est bien huilée. La Presse ne rapporte pas, elle EST l'événement. J'ose espérer que depuis la période décrite, le style du journal, sous une nouvelle direction, a retrouvé une sérénité et une objectivité nécessaires ....

iAffaire politico-financière après scandale, les responsables du journal de l'élite ont largement contribué - du moins pendant la période examinée - à discréditer la classe politique et en particulier l'Elysée – quelle qu'en soit la couleur du locataire – et à diffuser le mot d'ordre bien connu « tous pourris » qui fait la part belle aujourd'hui aux extrémistes de droite comme de gauche.
Ainsi s'explique sans doute la lassitude progressive du lectorat et la baisse continue de la vente au numéro, camouflée par des artifices de communication bien rodés.

Certes, le livre date de près de 20 ans, mais il éclaire le lecteur d'une tendance lourde dans les médias qui explique la crise actuelle de la Presse, une plaie de notre démocratie. Et qui fleurit aujourd'hui dans des vecteurs d'information spécialisés dans les scandales politico financiers à multiples rebondissements. Je ne nomme personne ...
Financement des partis, enrichissement personnels des dirigeants, passé sulfureux de jeunesse des hommes politiques, manoeuvres d'intimidation envers les patrons de grandes entreprises, indulgences appuyées vis-à-vis de contributeurs généreux. Tout y passe, jusqu'à l'écoeurement. Sans compter la biographie familiale édifiante des protagonistes.

Je relève toutefois cette citation (p.263) : « Ce qui distingue le règlement de comptes de l'information critique, c'est la pratique de l'instruction à charge. le Monde conduit dans chacun des cas recensés, une instruction exclusivement à charge. »
Les auteurs de l'ouvrage sont aussi tombés dans ce travers, mais c'est naturellement pour l'édification du public.


Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
Commenter  J’apprécie          61



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}