AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Fables choisies (10)

LE TROÈNE ET LE MERLE.
542. — Un troène sentant sur ses subtils rameaux, remplis de fruits nouveaux, les coups de griffes et de bec d’un merle importun, se désolait, avec piteux reproches, contre ce merle et lui demanda pourquoi il lui prenait ses fruits délicats, et au moins qu’il ne le privât pas de ses feuilles qui le défendaient des rayons trop chauds du soleil et que son ongle aigu n’excoriât pas son écorce. À cela le merle vilainement répondit : « Tais-toi, sauvage rejeton ! Ne sais-tu pas que la nature te fait produire ces fruits pour me nourrir ? Ne vois-tu pas que seul au monde, je me sers de cet aliment ? Tu ne sais, vilain, que tu seras, au prochain hiver, l’aliment du feu. » L’arbre écouta ces paroles patiemment, mais non sans larmes ; peu après le merle fut pris en des rêts et on coupa des rameaux pour faire une cage et enfermer le merle ; un bout des branches forma les barreaux de cage, qui firent perdre la liberté à l’oiseau et le troène lui dit : « Ô merle, je ne suis pas encore consumé par le feu, selon ton dire, je te vois d’abord prisonnier, toi qui m’as rongé. » (C. A. 67, v.)
Commenter  J’apprécie          00
LE CHÂTAIGNIER ET LE FIGUIER.
539. — Le châtaignier voyant l’homme sur le figuier pliant ses branches à l’envers, en arrachant les fruits mûrs et les mettant dans sa bouche ouverte, les ouvrant et mangeant à belles dents, agita ses longs rameaux et dit avec un bruissement tumultueux : — Ô figuier, comme la nature t’a moins bien traité que moi ! Vois comme mes doux fils sont préservés, d’abord vêtus d’une fine enveloppe sur laquelle la peau ferme et résistante est placée. Et non content du bénéfice que leur donne leur forte écorce, au-dessus d’elle, des épines fortes et pointues empêchent la main des hommes de leur luire ?

Alors, le figuier se mit à rire avec ses fils et quand il eut fini, il répondit : — L’homme est d’un tel esprit, qu’il te récolte avec les gaules, les pierres ; et les serpes fourragent dans tes rameaux, faisant peu de cas de tes fruits qui tombés sont foulés aux pieds avec les cailloux, de façon qu’ils sont écrasés et arrachés de leur armature : moi, on me prend soigneusement dans les mains, tandis qu’on t’aborde avec le bâton et les pierres. (C. A. 67, v.)
Commenter  J’apprécie          00
L’EAU.
538. — Se trouvant dans la superbe mer, son élément, l’eau vient à ambitionner de s’élever au-dessus de l’air, et aidée par le feu élémentaire elle monta en subtile vapeur et parut aussi subtile que l’air. En s’élevant elle atteint une zone plus subtile et plus froide où le feu l’abandonne et les petits grains restreints déjà s’unissent et se font pesants et en tombant l’orgueilleuse coule. Elle tombe du ciel : elle fut la bienvenue pour la terre sèche où absorbée pour longtemps elle fit pénitence de son péché. (S. K. M. III, 98, v.)
Commenter  J’apprécie          00
LA PIERRE.
537. — Une pierre de belle grandeur se trouva couverte par l’eau ; elle était située à un certain endroit relevé où elle terminait un charmant bosquet, au-dessus d’un chemin rocailleux, parmi les herbes et les fleurs aux couleurs variées. Elle voyait la grande quantité de pierres qui se trouvaient placées sur le chemin. Le désir lui vint de se laisser tomber, se disant à elle-même : « Que fais-je parmi ces herbes ? je veux être en compagnie de mes sœurs. » Et elle se laisse tomber et vient rouler dans la compagnie désirée. Au bout de peu de temps, les roues des voitures, les pieds ferrés des chevaux et ceux des passants ne la laissaient pas en repos ; ce fut à qui la pousserait, la frapperait et parfois elle perdit des morceaux. Quand elle fut couverte de boue et de la fiente des animaux, elle regarda avec regret l’endroit qu’elle avait quitté, ce lieu de la solitude et de la tranquille paix.

Cela arrive à ceux qui veulent sortir de la vie solitaire et contemplative pour venir habiter dans la ville, parmi le peuple, parmi d’infinis maux. (C. A. 172, v.)
Commenter  J’apprécie          00
LE PAPIER ET L’ENCRE.
536. — Se voyant tout mâchuré par la noirceur épaisse de l’encre, le papier se lamente ; mais elle lui montre que les paroles qui sont tracées sur lui seront une raison de sa conservation. (R. 1322.)
Commenter  J’apprécie          00
LE RASOIR.
534. — Sortant un jour du manche qui lui fait une gaine, le rasoir placé au soleil vit l’astre se refléter sur lui ; de cela il prit grande gloire, et se révolta en pensée et commença à se dire : « Je ne retournerai plus à cette boutique dont je viens de sortir. Certes non : ne plaise à Dieu qu’une si splendide beauté tombe en telle vileté d’âme ! Quelle place, celle qui me conduit à raser les barbes ensavonnées de vilains rustres et de faire un office mécanique. Suis-je fait pour semblable exercice ? Certes non. Je veux me cacher dans quelque lieu secret et y passer ma vie en parfait repos. » Et ainsi, il reste caché pendant quelques mois et un beau jour revient à l’air et se dresse hors de sa gaine et il se voit semblable à une scie rouillée et sa surface ne reflétait plus le splendide soleil. Avec un vain repentir il déplore son irréparable dam, se disant : « Oh ! comme il valait mieux exercer chez le barbier mon fin tranchant maintenant perdu ? Où est l’éclat de ma surface ? L’implacable et brutale rouille l’a dévoré. »

Il en advient de même aux esprits qui quittent l’exercice pour se donner à l’inertie ; comme ce rasoir, ils perdent le tranchant de leur subtilité et la rouille de l’ignorance les déforme. (C. A. 172, v.)
Commenter  J’apprécie          00
QUI S’HUMILIE SERA EXALTÉ.
532. — Un peu de neige se trouvait sur la cime d’un rocher formant la dernière cime d’une très haute montagne, et se recueillant en ses imaginations elle commence à se comparer à la montagne et à se dire à elle-même :

« Je ne dois pas me juger altière et superbe, petit peu de neige placé en ce haut lieu et supporter qu’une telle quantité de neige que je vois soit située bien au-dessous de moi. Ma petite quantité ne mérite pas cette altitude qui peut bien, par le témoignage de ma petite figure, connaître celle que le soleil faisait hier à mes compagnes qui en peu de temps furent fondues par le soleil. Et cela leur est arrivé parce qu’elles étaient placées plus haut qu’il n’était nécessaire. Je veux fuir la colère du soleil et m’abaisser et trouver un endroit convenable à ma petitesse. Elle se jette en bas et commence à descendre, roulant de la roche élevée sur l’autre neige. Plus elle cherche un lieu bas, plus sa quantité s’accroît, de telle façon qu’au terme de son cours sur une colline qui se trouve guère moins grande que celle qu’elle soutient : ce fut la dernière neige que dans ce lieu le soleil fondit. Cela enseigne que ceux qui s’humilient seront exaltés. (C. A. 66, v.)

533. — La boule de neige plus elle roule et descend la montagne de neige, plus elle augmente de volume. (C. A. 67, v.)
Commenter  J’apprécie          00
LA FLAMME ET LA MARMITE.
531. — Un peu de feu, qui dans un petit charbon s’était caché, sous la cendre tiède, se jugeait avec dépit dans une situation misérable.

Quand la femme de la cuisine, pour faire sa nourriture habituelle, survient et pose le bois dans le foyer et ressuscite avec le soufflet une petite flamme et sur les bouts du bois apportés elle pose la marmite sans s’inquiéter si elle est bien d’aplomb.

Alors, ranimé le feu prend au bois sec et commence à s’élever.

Chassant l’air des interstices du bois qu’il remplit avec force et joyeux passage.

Il commence à souffler aux interstices du bois comme si c’étaient des fenêtres faites à souhait et pousse au dehors des flammes longues et rutilantes, éclairant soudain les ténèbres de la cuisine fermée.

Avec joie la flamme déjà croissante joue avec l’air qui l’entoure et comme chante avec un doux murmure, fait un joli son.

Le feu réjoui par le bois sec trouvé dans le four et par lequel il s’était réveillé, commence à folâtrer en ses petites flammèches et de moment en moment, par les interstices qu’il trouve dans le bois, il tire à soi.

Courant entre les bois, joyeux et passant gaiement il commence à souffler et apparaît aux intervalles supérieurs du bois, comme à des fenêtres propices, de temps à autre.

Déjà il apparaît au-dessus du bois, accru et assez vif, et commence à lever son esprit doux et tranquille jusque-là, en enflure et insupportable orgueil, faisant comme s’il croyait attirer tout le superbe élément sur le peu de bois. Et il commence à souffler et à coups d’étincelles d’une façon pétillante, tout autour du foyer, déjà la flamme, devenue grosse, se divisait sous la pression de l’air, quand plus haute, parcourant la marmite du fond au bord supérieur… (C. A. 116, v.)
Commenter  J’apprécie          00
FAUSSE SPLENDEUR.
530. — L’étourdi et vagabond papillon ne se contenta pas de pouvoir commodément voler dans l’air, il vint à l’attirante flamme de la chandelle, résolu à voler sur elle ; et son joyeux mouvement fut suivi d’une subite douleur. À cette lumière ses délicates ailes se consumèrent et le malheureux insecte tomba brûlé au pied du chandelier.

Après beaucoup de plaintes et lamentations il essuie les larmes qui baignent ses yeux et levant son visage dit : — Ô trompeuse lumière, combien, comme moi, tu dois avoir déjà abominablement trompés ! Oh ! j’ai voulu voir la lumière ; ne devais-je pas discerner le soleil de la fausse lueur du sale suif ? (C. A. 67, r.)
Commenter  J’apprécie          00
LA FLAMME ET LA CHANDELLE.

329. Une flamme durait déjà depuis un mois dans le four du verrier, lorsqu’elle vit près d’elle une chandelle placée sur un beau et brillant chandelier, et avec un grand désir elle s’efforça de l’atteindre. Abandonnant son cours naturel et quittant les autres, elle choisit un tison où elle s’augmente et sort par une petite fissure et se jette sur la chandelle qui était voisine et avec avidité et gloutonnement la dévore jusqu’à la consumer.

Voulant ensuite parer au prolongement de sa vie, elle tente de retourner au four d’où elle est partie, mais elle mourut et s’éteignit avec la chandelle ; enfin avec plaintes et pétillements elle se résolut en détestable fumée, tandis que toutes ses sœurs, les autres flammes, resplendissaient de longue vie et de beauté. (C. A. 67, r.)
Commenter  J’apprécie          00



    Autres livres de Francois Peltier (1) Voir plus

    Lecteurs (5) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Arts et littérature ...

    Quelle romancière publie "Les Hauts de Hurle-vent" en 1847 ?

    Charlotte Brontë
    Anne Brontë
    Emily Brontë

    16 questions
    1086 lecteurs ont répondu
    Thèmes : culture générale , littérature , art , musique , peinture , cinemaCréer un quiz sur ce livre

    {* *}