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Critique de PGilly


Quel bonheur de lire Charles Pépin. Son ode à la beauté salvatrice m'a enchanté.
Le philosophe tellement proche de ses lecteurs a encore réussi à clarifier une zone grise de mon être, moi, qui ai déjà tant lu et tant vécu.
Il voit la beauté en factrice de l'harmonie interne, comme une ouverture sur la communion universelle. Charles Pépin convoque Kant, Hegel, Freud et bien d'autres penseurs, afin d'étayer notre soif latente de beau, source de réunification de l'être et de fluidification de l'existence.
Lorsque s'exclame un « C'est beau », c'est notre être entier qui palpite, et non une seule part de nous-mêmes, sachant que nous sommes faits de morale, de sensualité et de raison, composantes en conflits permanents, mineurs ou majeurs, utiles ou vains.
Si c'est beau, c'est indiscutable, nulle obligation d'expliquer cet état de grâce, que souvent on souhaite partager avec autrui.
Le cheminement intellectuel part de situations concrètes, de personnes incarnées, présentes d'emblée, disparaissant, réapparaissant dès que le propos se complexifie. Les revoir, dissipe une vague brume de perplexité, née de citations de philosophes illustres, anciens, humanistes et modernes.
À cet égard, la synthèse de l'apport de Freud sur le refoulement des pulsions, l'énergie de la libido et la sublimation est remarquable. L'auteur enthousiaste sur les vertus du Beau répète à l'envi l'évidence fondatrice : Nous avons besoin de la beauté pour nous sentir en paix avec nous-mêmes, et dans la foulée avec le monde. Même si ce moment de plénitude est éphémère, cet état de joie indicible ouvre une échappatoire vers un sens inespéré, exhume une valeur négligée, apprend à aimer.
Un père et son fils contemplent un Sphinx au Louvre ; un étudiant tombe en arrêt devant Terrasse de café la nuit, de van Gogh ; une conductrice énervée s'apaise dès les premières notes de la minute de silence de Michel Berger… la beauté est protéiforme, prend par surprise. Elle est inexplicable, elle est mystère.
Les derniers mots sont magnifiques, dynamisants, émouvants ; la beauté génère le mouvement. Je vous les livre précieusement car la beauté « nous donne la force d'aimer ce qui est en même temps que celle d'espérer ce qui pourrait être. Elle nous réapprend à habiter un monde auquel nous sommes de plus en plus étrangers. Elle nous rend au monde, à la vie, à nous-mêmes et aux autres – à notre puissance d'exister. Elle nous donne tant et nous demande si peu : juste d'ouvrir les yeux et de contempler. »

Que ce soit le passé, l'échec, la confiance, la rencontre, Charles Pépin énonce l'essentiel pour nous remettre en selle.


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