Les registres de baptêmes donnaient à la famille paternelle de Patrick Prunty les noms de Brunty ou Bruntee ; on y trouve en effet une orthographe variée. C'est le nom de Brunty qu'il avait décliné, quand, le 1er octobre 1802 il s'était fait inscrire au Collège Saint-John de Cambridge (...) Patrick Brunty remarqua que le secrétaire du collège écrivait Branty au lieu de Brunty sur le registre d'entrée (...) Mais il la fit rectifier alors en Bronte, sans doute à cause du titre de duc de Bronte que le roi George venait de décerner à l'amiral Nelson, le héros national de Grande-Bretagne.
Mais pourquoi Charlotte écrivait-elle avec tant de passion, avec cette fièvre d'inventer des vies et des événements ? (...) Elle l'avoue elle-même en toute simplicité à son éditeur, dans une lettre du 29 août 1949 : " écrire fut un bienfait pour moi. Il m'a enlevée à la triste et sombre réalité."
Depuis que Branwell avait provoqué le scandale chez les Robinson et qu'il passait à boire, journées et soirées, sa présence, quand elle se manifestait, n'était que prétexte à cris, à scènes, à menaces, et peut-être le pire, même, pouvait être craint de sa violence irraisonnée. Un jour n'alla-t-il pas jusqu'à lever un couteau... Il avait, pour une part, la responsabilité de l'échec du projet de pensionnat : en effet sa mauvaise conduite n'était un secret pour personne à dix lieues de la ronde, et vraiment nul n'aurait pensé que la maison où il se trouvait aurait pu accueillir des jeunes filles de la bonne société.
Après m'être renseigné, je compris que cette rue de village était Haworth... l'endroit le plus mort, le plus triste qu'il me fût donné de voir. - John Stores Smith, écrivain contemporain des Brontë
Avec les châtiments corporels, jugés nécessaires par le révérend William Carus Wilson, on pouvait considérer que l'on imposait aux enfants un régime en quelque sorte pénitentiaire, pour que s'élèvent dans la crainte ces filles de pasteurs auxquelles on ne se faisait pas faute de rappeler qu'elles étaient admises à Cowan Bridge par charité. Le révérend William Carus Wilson se piquait d'être éducateur : il avait écrit des contes à l'usage de la jeunesse, où il décrivait avec complaisance des agonies d'enfants sages et d'enfants réprouvés.
Emily, c'est un point à noter, n'avait pas autant que Charlotte et Anne, le désir d'écrire pour un public. Elle n'accepta cette publication de quelques-uns de ses poèmes qu'après de longues réticences : sa vie personnelle dans le royaume de l'imagination lui suffisait. Fille sauvage, toujours, rebelle à l'extériorisation.