De toute l'oeuvre de Perec «
Un homme qui dort » est le roman que je trouve le plus atypique, dans le ton ; même si l'on retrouve tout à fait sa voix obsessionnelle et baroque, et aussi son côté virtuose un peu vain. Et c'est précisément de la vanité, au sens de la vacuité, du vide, dont il question dans ce roman en négatif. Un sentiment sans passion. le ton n'est pas celui du désespoir noir mais du gris de l'acédie, de l'absurde sensation d'insensibilité. Un roman fait de riens, de solitude, de gestes communs, attentif aux moindres détails, au moindre bruit, mouvement, et pourtant indifférent à tout. Simple notation, catalogage. Un roman sur le temps qui passe, tout en actions et à l'activité réduite à presque rien, bourré de citations, de références littéraires, au
Rimbaud qui a cessé d'écrire, au Kafka diariste de l'empêchement, à l'Ulysse de Joyce, au narrateur de Moby Dick et encore plus à Bartleby.
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