Le goût des villes de l'Inde

Les Tamouls sont l'un des peuples les plus vifs, les plus industrieux, les plus accueillants de l'Inde. Pour les étrangers il y a, à partir de Madras et dans tout le sud de l'Inde, comme une douceur de vivre, bien différente de la tension palpable dans certaines villes du nord.

Bénarès, aujourd'hui Varansai, est un peu la capitale religieuse de l'Inde hindoue. Une ville sainte tout entière tournée vers le Gange, le fleuve sacré entre tous, don de Shiva, le dieu tutélaire omniprésent dans la cité aux innombrables temples. Sur ses ghats, quais pavés prolongés par des escaliers, qui descendent jusqu'au fleuve, se presse, en toute saison, à toute heure du jour et de la nuit, une foule indescriptible de prêtres, pèlerins, sadhus, touristes, mendiants, familles en deuil venues rendre ici le dernier hommage de la crémation rituelle à leurs défunts.

A 120 kilomètres au sud d'Agra, dans l'Etat du Madhya Pradesh, Gwalior est une cité dont le nom fit longtemps rêver le voyageur, familier des exploits des farouches guerriers rajpoutes qui la fondèrent, peut-être dès le IIIè siècle de notre ère.

Mais [Calcutta est] aussi la capitale du West Bengal (l'autre, East Bengal, après avoir appartenu au Pakistan, est devenu en 1971 le Bangladesh indépendant), une ville hyperactive, commerçante, immense foyer de vie intellectuelle, qui a donné à l'Inde quelques uns de ses plus grands hommes : Rabindranath Tagore, Sri Aurobindo, ou Satyajit Ray.

Calcutta la rouge et noire, capitale du Raj britannique jusqu'en 1911, est la ville de tous les contrastes, sans doute la plus paroxystique de l'Inde. Une mégalopole asphyxiée par des millions de voitures, un urbanisme anarchique, un habitat croulant, enserrée dans des bidonvilles où la survie quotidienne est à soi seule un acte d'héroïsme.