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Critique de LabiblideVal


Ah, ce thème des secrets de famille ; il en aura fait couler de l'encre ! Frédéric Perrot s'en est emparé ici pour produire un récit qui sort un peu de la norme de ce que j'ai pu lire jusqu'à aujourd'hui. Avec poésie et délicatesse, il raconte à un jeune homme qui vient de perdre son père, l'histoire d'amour que ce dernier a vécu en secret. Une révélation à la saveur amère pour un fils qui voyait en lui un modèle de probité.

« Sans en avoir conscience, il vient d'activer un engrenage qui va mettre un coup d'arrêt à quelques- unes de ses certitudes, de ses croyances. C'est une religion toute entière qui est sur le point de s'éteindre, celle de l'enfance et sa panoplie de trompe- l'oeil. » C'est bien souvent au moment où l'on se décide de ranger les affaires du défunt que l'on pénètre son intimité et que l'on en prend des détails, jusqu'alors cachés, de plein fouet. Etienne découvre un texte qu'Henri, son père, lui a destiné.

« On trinque et je songe que le bruit de deux bières s'entrechoquant est le plus merveilleux sur terre. Avec, peut- être, celui qui se produit quand vous les décapsulez. le chant d'une mésange n'a aucune forme d'intérêts à côté de ça. » Henri est un amoureux de la vie, de ses saveurs, de ses couleurs, de ses odeurs. Mais cela, il l'a découvert à trente ans, à l'occasion d'une rencontre qui aura bouleversé sa vie.

« Souvent je le hais, d'une haine haineuse, et la seconde d'après je l'aime d'un amour amoureux. Qu'on me fond dans du métal, qu'on m'aplatisse, qu'on m'affuble d'une crête et qu'on me foute en haut du clocher d'une église, je serai la girouette idéale, je le jure, et le vent chaud de ce printemps misérable achèvera d'assécher ma rancoeur. » Il aurait fallu deux vies à Henri pour qu'il puisse vivre chacune d'elle pleinement. Marlène, sa femme, la mère d'Etienne, prend la parole vers la fin du roman pour nous livrer son point de vue. Les deux récits sont rédigés à la première personne, pour leur donner une certaine force émotionnelle, tandis que les passages concernant Etienne sont à la troisième personne du singulier. Comme pour attester de son extériorité à l'histoire parentale, pour faire de lui l'un des nombreux oiseaux qui passent dans le récit, mais jamais ne s'y posent.

Au final, un roman qui m'a déstabilisée, puis émue. En effet, une fois le secret d'Henri révélé, je n'ai plus trouvé d'intérêt à cette histoire. J'ai même eu envie d'abandonner le livre quand il a été fait plusieurs fois mention de la curiosité incroyable du petit Etienne : j'ai alors trouvé incohérent qu'il n'ait pu rien voir de ce qui se tramait dans le couple de ses parents… Et puis, des phrases m'ont attrapée, telle « La grâce est un animal sauvage, imprévisible, capable de vous sauter à la gorge à chaque coin de rue », et la poésie qui s'est alors dégagée du récit m'a poussée à y revenir.

Merci à Babelio pour la Masse critique et aux éditions Mialet Barrault pour l'envoi du livre.
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