Lorsqu'Étienne reçoit un appel de sa mère, Marlène, il comprend d'emblée la signification de son silence, elle d'ordinaire si bavarde. Les sanglots qui suivent confirmeront ce qu'il craint déjà : son père est mort. D'un coup, il a l'impression d'être privé de ses cinq sens. Privé de ce seul père qu'il avait et aimait pardessus tout. Malgré la distance qui le sépare de la maison familiale, il avale les kilomètres en pleine nuit. Et c'est en serrant sa mère dans ses bras, sur le pas de la porte, qu'il mesure l'ampleur de cette perte et de son désarroi. Eux qui formaient un couple si uni, si solide, depuis tant d'années, la voilà bancale. Atteint de la maladie de Charcot, ne pouvant communiquer que par de simples mouvements d'yeux, son père s'est sûrement étouffé suite à une atrophie du système respiratoire. C'est ce que le médecin, d'ailleurs, diagnostiquera. Après l'enterrement, au cours duquel Étienne est surpris de voir autant de monde, de voir son parrain, Lino, aussi affecté, le jeune homme préfère rester quelque temps auprès de sa mère puis rentrera chez lui, se réfugier dans les bras de Christa mais, pour autant, les semaines qui suivent sont sans saveur. Il propose alors à sa mère de se débarrasser des affaires de son père. Un soir, il pénètre dans la chambre de ce dernier, il consulte son ordinateur et tombe sur un fichier intitulé « Soit dit en passant » qui semble lui être destiné. Un récit dans lequel Henri se livre, mettant à mal toutes les certitudes du jeune homme...
Étienne s'est forgé une image du couple de ses parents idyllique. Un couple fort, uni, amoureux comme au premier jour qui a su surmonter toutes les épreuves de la vie, y compris la maladie de Charcot dont était atteint Henri. Mais lorsqu'il découvre, du propre aveu de son père dans son récit, que celui-ci a connu un amour adultérin, et ce, durant des dizaines d'années, son monde semble s'écrouler. Au fil de sa lecture, pourtant, il en apprendra beaucoup sur ses parents et leur couple, sur l'amour, sur l'essence et la beauté de la vie, sur ces petits riens ô combien exaltants. Tout comme le jeune homme, l'on est ému, chamboulé par cette lecture tant cet amour extra-conjugal se révèle d'une beauté folle, d'une intensité et d'une sincérité rares. Un amour inattendu, inexplicable, solennel, passionné, à la fois éphémère et éternel qui se nourrira d'attentes, de rendez-vous, de larmes, de rires, de déceptions, de secrets, de magie, de voyages et d'art. Un amour vertigineux qu'Henri ne trouvera la force d'apaiser malgré son bonheur auprès de Marlène.
Frédéric Perrot saisit à merveille, avec délicatesse, justesse et sensibilité, ces moments hors du temps, suspendus, poignants, presque irréels tant ils sont vécus avec une force et une profondeur incommensurables.
Un roman empreint d'émotions vives...