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Critique de Domichel


Quel intérêt aurait une femme du monde, épouse d'un homme important par son métier et ses relations, à prendre la défense d'un écrivain maudit, alcoolique et réputé pour son inconduite ? À priori aucun, d'autant que l'homme en question est accusé d'agression sur une femme de petite vertu, et que trois jeunes hommes de la bonne société, l'accusent formellement, et compte-tenu de leur position on ne saurait dénigrer leurs témoignages.
Mais Catherine Burroughs n'est pas une femme ordinaire. Certes sa condition de femme mariée la met à l'abri de tout besoin et elle pourrait se contenter de passer ses après-midis en visites de courtoisie et prendre le thé chez d'autres femmes de son rang, mais ce n'est pas dans son caractère. Elle préfère travailler bénévolement au sein de la clinique tenue par Mrs Monk, s'occuper de femmes en détresse, malades et indigentes, souvent prostituées, et auxquelles le sentiment d'apporter un peu de réconfort lui donne l'impression de mieux occuper sa vie que dans les salons cossus. Aussi, quand au cours de cette soirée particulière, quelques jours avant Noël, elle se trouve au coeur de bavardages insignifiants, futiles et souvent hypocrites, elle préfère prendre l'air sur la terrasse et fait la connaissance de Dai Tregarron, ce fameux poète, dont le destin va basculer quelques instants plus tard. Mais ce court moment partagé avec un homme qu'elle n'aurait probablement jamais dû rencontrer, suffit à la mobiliser et enquêter pour faire jaillir une vérité dont personne (ou presque) n'a encore conscience.

Dans la série de ses contes de Noël, Anne Perry nous livre un remarquable roman, au coeur de la haute société Victorienne, dont on connaît les codes rigides et les discours compassés, surtout pour les habitués de l'auteur. Lecteur fidèle des enquêtes de Charlotte et Thomas Pitt, j'ai retrouvé avec un plaisir non dissimulé la verve habituelle d'Anne Perry, ses descriptions si complètes et son art consommé du suspense. J'ai fait également connaissance de Catherine Burroughs et de l'étonnant Squeaky au physique improbable et au caractère ombrageux, d'autant plus surprenant venant d'un homme dont le passé trouble et délictueux devrait plutôt l'inciter à plus de retenue et de respect, surtout à l'égard d'une femme du monde qui met son temps et ses moyens au service des plus démuni(e)s. Après avoir tourné la dernière page, même si l'on ne peut jamais parler de “happy end” dans ce genre de roman, on garde un sentiment d'espoir pour la condition humaine qui est capable de produire le pire comme le meilleur à toutes les époques et dans toutes les couches de la société.

Un très agréable moment de lecture.
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