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Critique de michfred


Mon premier contact avec Amers a été...houleux! Un professeur emballé et sans doute visionnaire avait essayé de nous faire partager son enthousiasme à l'époque où seul comptait Oceano Nox de Victor Hugo..Fiasco total!

Puis, lentement, de même que se déploie la lame qu'on voit d'abord gonfler comme le cou orgueilleux du paon , puis ondoyer comme les anneaux de l'anaconda, puis exploser dans un fracas d'écume blanche,le verset hypnotique du grand poète marin agit sur nous, sa prose savante se fait oublier avec ses arrière-plans sémantiques complexes et ses images à double-fond, - et son rythme lent et dansant qui sait si bien dire la mer m'a emportée...

Amers est pour moi encore plus beau que Vents.

Quand je pense à la mer -et c'est presque tous les jours, tant elle me hante, tant elle me manque, tant elle me chante son chant profond - ce sont ces versets-là qui me viennent à la bouche, avec un goût salé d'huître fraîche et des odeurs de varech dans le souffle du vent..

Mettez contre votre oreille ce merveilleux bi-valve de Saint John Perse et écoutez le bruit immémorial de la mer en marche:

"Ainsi la Mer vint elle à nous dans son grand âge et dans ses grands plissements hercyniens - toute la mer à son affront de mer, d'un seul tenant et d'une seule tranche !
Et comme un peuple jusqu'à nous dont la langue est nouvelle, et comme une langue jusqu'à nous dont la phrase est nouvelle, menant à ses tables d'airain ses commandements suprêmes,
Par ses grands soulèvements d'humeur et grandes intumescences du langage, par grands reliefs d'images et versants d'ombres lumineuses, courant à ses splendeurs massives d'un très beau style périodique, et telle, en ses grands feux d'écailles et d'éclairs, qu'au sein des meutes héroîques,
La Mer mouvante et qui chemine au glissements de ses grands muscles errants, la Mer gluante au glissement de plèvre, et toute à son afflux de mer, s'en vint à nous sur ses anneaux de pithon noir,
Très grande chose en marche vers le soir et vers la transgression divine..."
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