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Critique de Paulette2


Une très belle découverte pour moi que ce polar social écrit par la suédoise Malin Persson Giolito ! Elle fonde l'intrigue de son roman sur l'inégalité économique, qu'elle considère comme le plus grand conflit humain actuel.
Le suspense porte donc sur le meurtre de Billy, jeune délinquant issu d'un quartier défavorisé, qui aurait été visé par son meilleur ami, Dogge, voyou lui aussi mais beaucoup plus nanti. Ils ont 14 ans. Un troisième personnage de caïd qui terrorise la cité, Medhi, vient corser l'affaire...

Malgré le thème, qui est le récit d'une chute inéluctable, le mot qui me vient à cette lecture est celui d'équilibre : équilibre de l'écriture, agréable et fluide juste comme il faut, de la construction en chapitres courts, de la sensibilité tout en douceur, sans quête du sensationnel, du choquant ou d'un suspense artificiel.

Equilibre aussi entre la peinture psychologique de ses personnages et la problématique sociale. Tous les protagonistes nous sont en effet présentés sans misérabilisme ni jugement, qu'ils viennent du quartier défavorisé de Våringe ou de Rönnviken, la banlieue huppée qui lui fait face, qu'ils soient flic ou épicier, mère voilée ou père absent.
Ils existent par eux-mêmes mais aussi en ce qu'ils dévoilent les dérives inquiétantes de la société suédoise. A travers cette amitié entre deux adolescents différents, comme une passerelle entre deux mondes ennemis, on assiste au délabrement des quartiers pauvres, à la montée du crime organisé, aux techniques utilisées par les caïds pour recruter des guetteurs, les former et les transformer en bombes humaines, à la précocité de la violence (les deux garçons sont défoncés dès l'âge de 10 ans...).

L'auteure, une ancienne juriste, pose au lecteur la question de la responsabilité. Ballotés entre les violences que les deux garçons infligent et celles qu'on leur inflige, nous suspendons très vite notre jugement moral ou nos réflexes manichéens (sont-ils sympathiques? sont-ils des monstres?) pour prendre de la hauteur sur le récit. Nous cherchons des causes. Impuissants et désolés, nous assistons aux rebonds de la violence qui vient ricocher sur tous les protagonistes, même les mieux intentionnés.
Et quand nous refermons ce livre, nous ne pouvons en vouloir à aucun des personnages. Avec douceur et une grande humanité, l'autrice nous permet de nous élever au-dessus d'une intrigue pourtant bien ficelée et très incarnée, pour voir de près la maladie de la violence, plaie de nos sociétés modernes.
Expérience dont nous sortons grandis, et plus humains...

Lu dans le cadre du Grand Prix des lectrices Elle 2024 (catégorie roman policier)
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