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Critique de Alfaric


Face aux dessinateurs de mangas qui sortent 48 pages en 2 semaines et face aux dessinateurs de comics qui sortent 48 pages en 2 mois, il est difficile de fidéliser un public avec des dessinateurs de bandes dessinées qui font 48 pages en 2 ans… Donc de plus en plus d'éditeurs ont opté pour la formule gagnante de la collection thématique où interviennent plusieurs auteurs (les puristes crient à l'hérésie, mais il fallait bien trouver une solution pour ne pas dépérir encore davantage face à la concurrence). C'est dans cette optique que les éditions Soleil s'attaquent à L Histoire avec la collection "Médicis"…


Le projet est intéressant voire fascinant, car en effet qu'aurait été Florence sans les Médicis, et qu'aurait été l'Italie sans Florence ?!
On pourra regretter les ellipses dans le récit, c'est la malédiction du format de la bande-dessinée franco-belge même si ici on fait un tout petit effort avec 52 pages, mais au final on nous offre une chouette biographie du père fondateur de la dynastie Médicis. La narration fait la part belle à la voix off qui nous conte ses heurs et ses malheurs, et le la belle idée d'Olivier Peru c'est qu'il s'agit de la voix de Florence elle-même, qui voit en les membres de la dynastie Médicis à la fois ses amants, ses prêtres et ses champions…
Tout le récit est centré sur la rivalité entre Rinaldo Albizzi, rejeton arrogant de l'aristocratie né avec une cuillère d'argent dans la bouche et qui pense que tout lui est dû, et Cosme l'Ancien, fils prodigue de la bourgeoisie qui a dû prouver sa valeur et qui pense que le monde est à conquérir (et on n'oublie pas leurs frères respectifs qui essayent de temporiser la situation). Mais nous sommes dans l'histoire d'une élite qui en remplace une autre pour en adopter les mêmes us et coutumes : plus les choses changent et plus elles restent les mêmes… (enfin presque, car Rinaldo considère le peuple comme un objet de décoration dépassé et encombrant, et Cosme lui considère le peuple comme un nouvel outil à utiliser pour prendre le pouvoir et le conserver… Il y a moult similitudes entre Cosme l'Ancien et César Borgia, ne serait qu'entre "L'Art de la tyrannie" et "Le Prince" ^^).
Envers Cosme on passe de la sympathie à l'antipathie, mais les auteurs cultivent l'ambiguïté : le jeune loup devient un vieux lion, et le jeune érudit anticonformiste devient un redoutable animal politique, mais finalement n'a-t-il jamais été autre chose qu'un arriviste prêt à tout et au reste pour parvenir à ses fins ? et ses fins quelles sont-elles ? Cosme a-t-il été un individu tourmenté en quête de vengeance, un patriote florentin passionné voulant développer sa cité, ou tout simplement le détenteur d'un ego surdimensionné ???

J'aurais aimé que cette BD cultive encore plus les ambiguïtés du personnage et ses évolutions, mais dans le cadre d'un stand alone on nous offre du bon travail et j'ai pris grand plaisir à me replonger dans la geste des Médicis et les luttes de pouvoir florentines… J'espère que ce tome 1 consacré à Cosme l'Ancien saura trouver son public, mais dans tous les cas je gage que le tome 2 consacré à Laurent le Magnifique saura attirer du monde… ^^
Les dessins de Giovanni Lorusso, assisté aux couleurs d'Elodie Jacquemoire, ont été pour moi très plaisants car j'ai senti un effort sur les costumes et les décors même si la part belle est faite aux gros plans, car mine de rien il y a un travail de documentation qui est tout sauf négligeable !
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