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Critique de BazaR


Superbe !
Je me suis proprement régalé avec ce second volet des Médicis, consacré au plus célèbre d'entre eux : Laurent le Magnifique. Compte tenu de la densité d'information, Olivier Peru a fait un travail de synthèse remarquable, tout en émotions de toutes sortes.

L'auteur se permet de rentrer dans l'esprit et les sentiments de cet homme qu'il juge complexe. Ainsi les actes de realpolitik d'une sournoiserie et d'une cruauté incroyables montrent Laurent comme impitoyable. Olivier Peru suppose qu'il prend en fait posture, qu'il refoule loin au fond de lui sa personnalité « naturelle » beaucoup plus humaine parce qu'il sait que cette humanité dévoilée ferait perdre à sa famille le pouvoir sur Florence. Cela ne l'empêche pas, une fois l'acte monstrueux réalisé, d'en être malade de dégoût et de culpabilité. Bref, une sorte de Janus à deux visages.
Peru a-t-il développé lui-même cette approche ou s'en est-il emparé après s'être profondément documenté ? L'absence de dossier empêche de résoudre la question.

Deuxième visage aussi (ou troisième), celui-là plus connu : son humanisme qui le pousse à soutenir les arts, à les aider à quitter les bras du religieux. Posture ou profonde passion ? La vision de l'humanisme qui nous est montrée possède pas mal d'angles décadents. Il y a Botticelli et de Vinci, mais aussi du porn.

Pas de dualité chez son plus grand ennemi : le pape Sixte IV. Celui-là n'est qu'un souverain temporel qui se sert de l'emprise de la religion sur le monde Chrétien pour agrandir son royaume. Je crois qu'aucun défaut ne lui est épargné ; il est immonde. On trouve beaucoup plus de « noblesse » même chez Savonarole qui va combattre la « pornitude » de Florence. Lui au moins croit à ce qu'il fait. C'est une sorte de Luther avant l'heure, mais extrémiste jusqu'au despotisme. L'album s'arrête à la mort de Laurent donc on ne voit du dominicain que ses débuts, mais tout est déjà là.
Tellement d'autres personnages sont bien trempés : la fière Clarisse, épouse de Laurent, son frère Julien – qui mourra assassiné lors de la conjuration des Pazzi – beaucoup plus désinvolte en apparence, le roi de Naples, si sérieux et sans malice. Un plaisir.

Le dessin est excellent – regardez ne serait-ce que la couverture. Eduard Torrents est précis. Jamais on ne risque de ne pas reconnaître ou de confondre l'un ou l'autre des personnages. Les décors de villes, les costumes, les armées sont impressionnants.

J'avais laissé cette série en plan sans aucune raison. C'était un tort. Je vais m'y remettre quand les librairies réouvriront.
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