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Critique de celineavignon


Avant même la lecture, mention spéciale pour le titre Monsieur Pesquet !

J'admets avoir quelques réticences à lire des autobiographies de personnalités. Tout simplement parce que, la plupart du temps, elles n'en ont pas écrit une ligne! Vérification faite, Thomas Pesquet a été partie prenante de l'intégralité du livre, accompagné certes dans sa structuration par le romancier Arnaud Cathrine (oui, sans E), mais bel et bien à l'origine du propos et de sa mise en mots : « Merci à sa patience devant toutes mes réécritures, modifications, ajouts, corrections qui font qu'aujourd'hui, et grâce à son aide essentielle, je peux considérer ce livre comme le mien. »

Et puis Thomas Pesquet n'est pas seulement une personnalité.
Donc, lecture.

Dans cet ouvrage, l'astronaute ose dévoiler une face plus intime, et nous livre son histoire de l'intérieur. Nous avons tous suivi avidement ses missions, interviews ou interventions télé, beaucoup ont lu la BD de Marion Montaigne mais ce livre ajoute une dimension supplémentaire : ses ressentis.

Car non, soyons directs, Thomas n'est pas un surhomme.
Spoiler : on ne devient pas astronaute en claquant des doigts.
Spoiler numéro 2 : la réalité du job n'est pas forcément celle que l'on croit (et en plus, il est fonctionnaire!)

Loin du syndrome du héros, il remet les pendules à l'heure. Avec sensibilité, il parle du cocon dont il est issu, terreau fertile sur lequel il a pu s'épanouir : sa famille unie, ses parents profs défendant l'école de la République, les valeurs de travail, persévérance et empathie, l'amour de l'art et du sport, la découverte et l'ouverture. Des valeurs défendues en son temps par une autre personnalité très appréciée des français, un certain JJG...
Sa volonté d'apprendre toujours plus (et à vouloir être le premier!), sa passion pour les quiz, ses heures de travail obstiné ont fait le reste. Là, ça paraît simple. Lisez le livre, vous comprendrez.

Sans détour et avec une humble honnêteté, il évoque ses capacités, ses doutes et difficultés. Et puis l'envers du décor, les pensées inavouées (merci pour celle à propos de la Twingo abandonnée!), la rasade de Whisky en pleine nuit à Baïkonour la veille du décollage (alors qu'il n'est pas censé quitter sa chambre!), son côté tatasse dont il se moque joyeusement !

Et oui, j'y ai découvert un homme plein d'humour, et ses apartés dans le texte sont délicieuses. Il fait preuve d'une autodérision constante, et je me suis surprise à rire de nombreuses fois !
Mention spéciale pour sa maman qu'il chambre avec un amour infini tout le long du récit. « Ne vole pas trop vite », lui dit-elle avant chaque vol sur Airbus.

Avec précision et justesse, il fournit explications techniques, parle de son rapport à la photographie ou à la beauté du monde, évoque le dur apprentissage de la notoriété et émeut en comparant l'ISS (dont il nous fait une talentueuse visite guidée) avec la Terre, toutes deux lancées à pleine balle dans le vide spatial. Humilité, toujours.

Et il y a Anne. Son socle, dont il parle avec un respect qui frise l'admiration. Sans rentrer dans des détails qui ne regardent personne, il parle de leur relation et de la fragilité induite par la dangerosité de son métier. Anecdote savoureuse : de retour sur terre après sa première mission, il fait patienter au téléphone Emmanuel Macron pour parler à sa compagne en premier.

Et l'écriture dans tout cela ? le livre est très bien écrit, rythmé et difficile à lâcher. le prologue est judicieux, le ton juste et la balance informations techniques/récit plus personnel est savamment dosée. Pour preuve, j'ai un bac l'et j'ai tout compris !

Bilan :
Bravo pour cette plongée dans le milieu littéraire, il fallait oser. Témoignage édifiant sur le milieu spatial, tout en finesse. Une réussite. Quant à la chute du récit, un vrai délice. Pas difficile d'imaginer un deuxième tome d'ici quinze ans !

D'ici là, bon vol !
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