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Critique de CDIlyceecarnotbruay


Cher Eric Pessan,

Je vous écris pour vous faire part de mon avis sur ma lecture de "La-Gueule-Du-Loup". Tout d'abord, vous avez écrit un livre rempli de questionnement, de réflexion et d'émotions. Mais je voudrais rentrer un peu plus dans les détails.
J'ai beaucoup aimé la façon dont vous désignez le frère de la maman de Jo et Nono. Nous savons que le "loup" est une personnification de l'inceste et du désir sexuel et c'est vraiment très intelligent et prenant de l'appeler comme tel dans votre livre. Cela prouve l'emprise et la puissance des actes à caractère animalier. Vos phrases sont très franches et touchantes et représentent les réflexions que peuvent se faire les victimes.
En parlant de victimes, vous représentez avec beaucoup d'émotions et de vérité le ressenti de la maman. Vous expliquez cela comme une mort intérieure, mort des sentiments, plus elle se laisse dévorer par le loup, plus vite elle sera morte; plus elle lutte plus elle souffre, elle voudrait se tuer. On ressent la peur de la maman et la violence des gestes dans certains propos: "l'haleine lourde sur mon visage", "mon corps est dissout", "ses mains autour de mes poignées", "ta chair m'appartient", "j'ai vu au regard du loup qu'il viendrait me rejoindre dans ma chambre" tout cela est encore plus déchirant en sachant qu'elle n'avait que 9 ans. Avez-vous été confronté de près ou de loin à certains évènements pour le raconter avec tant de vérité ? le fait d'avoir apporté le syndrome de l'amnésie traumatique, de l'oubli du cerveau d'un événement choquant est fascinant, et le développement mental des personnages à leur arrivée dans la maison sont d'autant plus intéressant à étudier.
Puis, parlons du développement mental des personnages à leur arrivée. Dès l'entrée dans la maison, ils ressentent une suffocation, une noirceur, une présence, une froideur, un réel mal-être qui va s'accentuer. Vous faites survenir des phénomènes "paranormaux" assez cohérents avec l'histoire de la maison, comme la carcasse d'animal projeté sur le mur, le doudou de l'enfant déchiqueté, les bruits de pas dans la nuit. le papier peint qui semble se déformer. L'enfant parle même de connexion entre la maison et sa mère. Mais ensuite vous mettez en évidence l'imprégnation des événements dans les murs de la maison comme une éponge, son histoire "écrit" sur le papier peint et je suis totalement d'accord avec vous sur cette hypothèse, et j'adore la façon dont vous l'abordez avec des événements subtiles. Avez-vous assisté à certains phénomènes paranormaux dans votre vie ?
Pour finir, vous suggérez une hypothèse totalement frappante et émouvante: "c'était une âme de petite fille blessée, violée qui balançait des animaux morts, déchirait le doudou pour les convaincre de partir" ce qui est cohérent avec la mort intérieure de la mère à ce jeune âge. Ce qui laisse à penser qu'un viol ne tue pas extérieurement mais intérieurement.
Merci pour ce roman bouleversant et incontestable que j'ai adoré, le soutien que vous donnez aux victimes est exemplaire: "Mon corps Mon choix", "le silence tue". Ce livre fait et fera sûrement ouvrir les yeux et à ouvrir la parole à certaines personnes.

Sincère salutations
Marion H
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