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Critique de fabienne2909


En cette journée de grève de la crèche, David garde sa fille. le temps est à la tempête, dans tous les sens du terme : météorologique d'abord ; théâtralement parlant ensuite puisque c'est le nom de la pièce de Shakespeare que David devait mettre en scène avant que le projet soit annulé faute de financements ; émotionnellement enfin, cette annulation plongeant David dans une sorte de rumination dépressive dont il peine à sortir.

Pour occuper sa fille en cette journée donc, David lui raconte, ou plutôt lui déclame, « La tempête ». Dans un glissement très fluide, peut-être trop, on passe de la pièce proprement dite aux pensées et analyses de David sur celle-ci, sur la catastrophe que son annulation provoque en lui et sur son couple, ses pensées sur l'état de la culture en France et sur l'intermittence du spectacle, le tout dans une espèce de monologue ininterrompu dans lequel il est parfois difficile de savoir sur quel plan on se trouve, ni à qui David s'adresse — à sa fille ? à quelqu'un d'autre ?
J'ai eu d'ailleurs l'impression que David perd franchement pied dans sa dépression (« A cet instant, une brusque sensation d'irréalité le saisit, c'est comme si le monde venait de se retourner, comme s'il était sur scène, dans son salon, face au décor peint de la rue détrempée et que le réel s'était échappé, mais où ça ? Il se sent artificiel, la tempête n'existe pas, une bande sonore imite le tonnerre tandis que le régisseur lumière fait flasher ses projecteurs, l'immeuble d'en face a été conçu par un scénographe pour faire illusion, il est une découpe d'aggloméré maintenu par des contrepoids métalliques. Jusqu'à la pluie qui parait un effet spécial coûteux. Puis l'impression reflue, le décor n'en est plus un, il redevient la cité familière ou David vit depuis des années, il n'est plus l'interprète d'un rôle et c'est bien pire, puisqu'il doit inventer son texte au fur et à mesure »), qui le plonge dans un état proche de la stupeur, et qui le prive de ses forces pour tenter de s'en remettre. Alors oui, il a passé trois ans à préparer ce projet pour qu'il tombe à l'eau, ce qui en outre lui a fait perdre son statut d'intermittent du spectacle, mais j'ai parfois eu l'impression qu'il se cachait derrière sa tempête émotionnelle pour ne pas agir, et remonter la pente.

Malgré cela, « La tempête » est un petit roman magnifiquement écrit, qui offre un très bel écrin à « La tempête » de Shakespeare, que l'auteur a traduit lui-même pour l'occasion et pour laquelle il propose de très belles analyses. Une belle introduction pour lire ou relire cette pièce qui apparaît intemporelle.

Merci à Netgalley France pour l'envoi en avant-première de ce roman prévu pour sortir au mois d'août.
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