- Ceux qui, ayant porté les armes ou ayant pris part à la révolte et aux attroupements, auront été arrêtés sans armes, ou après avoir posé les armes, seront envoyés à la maison de justice du tribunal criminel du département ; et après avoir subi interrogatoire, dont il sera retenu note, ils seront dans les vingt-quatre heures livrés à l’exécuteur des jugements criminels et mis à mort, après que les juges du tribunal auront déclaré que les détenus sont convaincus d’avoir porté les armes parmi les révoltés, ou d’avoir pris part à la révolte ; […]
Art. IV du Décret du 19 mars 1793 pris par la Convention à l’égard des insurgés, et tous ceux suspectés de complicité, prêtres, nobles, seigneurs ou leurs domestiques, étrangers ou anciens hommes publics…
- Extrait de la conclusion de l'ouvrage.
Si l’explosion de 1793 laissa les conventionnels stupéfaits, c’est qu’ils n’avaient prêté aucune attention aux mille signes avant-coureurs. L’insurrection n’éclate pas comme un coup de tonnerre dans un ciel serein, elle s’intègre dans une longue suite de troubles allant se multipliant depuis 1791, et dont le plus grave avait été la puissante révolte des paysans des environs des environs de Châtillon et de Bressuire en août 1792. La fréquence de ces troubles dit l’ampleur du mécontentement. La colère s’est accumulée, en effet dans le bocage par la stratification des déceptions. C’est qu’en 1789, loin d’être voués par une sorte de fatalité à la contre-révolution, les futurs Vendéens attendaient beaucoup de la réunion des États Généraux. Leur révolte fut à la mesure se leur désenchantement.
Quelques régiments de troupes légères nous suffiroient en ce moment pour écraser nos ennemis, mais si on attend encore quinze jours, tout est perdu. Les insurgés se fortifient, établissent des postes, des magasins, forment des plans, rassemblent des armes, se donnent des chefs instruits ; l’incendie se propage et s’étend aujourd’hui dans les départements de la Vendée, des Deux-Sèvres, de Maine-et-Loire, d’Isle-et-Vilaine et du Morbihan, et dans peu de tems, nous craignons que toute la côte ne soit en insurrection. Vous sentez quel danger menace la patrie, si ces départements maritimes ne sont pas promptement pacifiés et soumis ; mais ils ne peuvent l’être que par la force, car ces insurgents sont animés de passions si violentes qu’il est impossible de leur faire entendre raison.
(orthographe de l’époque).