Le bouquin n'est pas mince mais il fallait bien ces cinq cents et quelques grandes pages pour contenir tous les sujets abordés. le narrateur est l'auteur lui-même, qui habite Gênes mais parcourt le monde en sa qualité de poète et écrivain célèbre, accompagné le plus souvent de Clio, l'amour de sa vie, spécialiste de la peinture ancienne.
Chaque étape est l'occasion de rencontrer des gens et de discuter avec eux de tas de sujets comme le déclin de l'Europe, l'immigration, l'invasion chinoise, la supercherie que constituent certaines formes de l'art contemporain, et surtout le tourisme de masse, qui fait bondir l'auteur, car ces touristes sont en train de détruire ce qu'ils veulent admirer : un comble ! Clio et lui ayant déménagé à Venise, Pfeijffer prend cette ville en exemple pour étayer sa thèse. le plus souvent, il donne son avis sous forme de dialogue entre deux personnages aux opinions opposées, mais on devine facilement sa propre conception des choses . Son roman est un plaidoyer pour l'Europe et son riche passé, mais qui vit peut-être un peu trop tourné vers ce passé, à l'opposé de la Chine par exemple pour qui seul compte le futur.
Après toutes ces pérégrinations, l'auteur se réfugie dans le
Grand Hôtel Europa pour mettre sur papier tout ce qu'il a vécu, tout ce qu'il pense, pour discuter encore avec d'autres résidents. Ceci est présenté en chapitres alternés, les meilleurs du roman selon moi. Cet hôtel est le symbole de l'Europe en déclin. Il a vu défiler jadis des tas de personnages célèbres, a connu des fêtes joyeuses dans un cadre somptueux, mais il vient d'être racheté par un chinois qui le tranforme pour plaire à ses compatriotes, heureux de découvrir dans ce lieu les clichés qu'ils assimilent à l'Europe. Ainsi un tableau de valeur est remplacé par une photo de la tour Eiffel, une pièce ancienne est transformée en pub anglais…
Bien sûr il y a des longueurs et certains chapitres sont moins intéressants que d'autres mais les supprimer romprait l'équilibre de l'ensemble. L'auteur a réussi à mettre le doigt sur nombre de problèmes de notre société. Son regard, certes élitiste, est néanmoins pertinent.