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sur 2898 notes
Le roman de Benoît Philippon, renferme deux étages, deux degrés de lectures qui s'opposent et pourtant se complètent parfaitement.
Une première façon de présenter cette aventure serait d'insister sur l'humour et le comique de situation et des dialogues percutants qui ne sont pas sans rappeler, d'autres l'ont déjà dit avant moi, ceux d'Audiard ou de Frédéric Dard.
Berthe, petite bout de femme de 102 ans est en garde à vue pour avoir tiré sur son voisin. Elle a aussi permis à un couple en cavale d'échapper à la police.
L'inspecteur Ventura, chargé de l'interrogatoire, comprend toutefois, au fur et à mesure, que la mamie en question est plutôt du genre flingueuse que gâteau. Il découvre en même temps que nous cette vie qui débute avec la Première Guerre mondiale et qui traverse le XXe siècle à coup de meurtres en tout genre. Dans sa cave, à la mémé, on retrouve un cadavre, puis plusieurs. Et à chaque fois, Berthe explique ce qu'il s'est passé, avec une gouaille et une verve réjouissante, un décalage total entre la façon de le raconter et les horreurs qui sont commises. Les dialogues sont souvent très drôle, et on se dit que ce livre léger est parfait pour passer un bon moment, le sourire au lèvres.
Et puis, au fur et à mesure, se détache de ce fond humoristique, le patchwork que fut la vie de mamie Luger. On a les informations dans un ordre non chronologique, choisi par l'auteur, judicieusement disséminé et si l'humour des dialogues est présent du début à la fin, le deuxième étage de ce roman nous apparaît de plus en plus clairement et ce n'est plus aussi drôle que ça dans le fond.
Mamie Luger a connu une existence compliquée de sa jeunesse avec sa grand-mère, Nana qui en fait une fille forte et intelligente, à ses mariages avec des hommes violents, peu efficaces dans les choses de l'amour, adeptent de la domination masculine qui allait de soit à l'époque, sa traversée de l'Occupation dont elle a conservé le Luger qui lui donne son surnom, un autre mariage avec un séducteur italien …
Elle a traversé le siècle, subissant la condition féminine et refusant de se laisser faire par les hommes. Seulement, Berthe, quand elle doit résoudre un problème, elle le fait définitivement. Et quand les problèmes, ce sont les hommes de sa vie, la solution est tout aussi radicale.
Cette exagération et ce décalage, racontés avec des dialogues aux petits oignons apportent de l'humour et de légèreté, mais le fond, le véritable propos du livre, c'est la situation des femmes et sa très lente évolution au XXe siècle.
A la violence des mâles, Mamie Luger a répondu par une violence féminine, plus forte, et plus définitive. Plus intelligente aussi, pourrait-on dire, car, après tout, elle n'a jamais été prise. Avouer tous ces crimes à 102 ans a quelque chose de surréaliste.
Pourtant, on l'aime cette mamie Luger, on ne la voit pas comme un tueur en série ou une psychopathe, on lui trouve des circonstances atténuantes, on se réjouit presque du sort de tous ces c…
L'émotion aussi, vous guette au détour de quelques pages quand, la mémé en manque de confidences narre son amour pour un soldat américain noir, lui aussi victime de discrimination chez les siens et de préjugés en France.
Un roman plus profond qu'il n'en a l'air et qui sous un vernis réjouissant d'humour et de dialogues percutants présente un condition féminine beaucoup moins rose.
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Quoi, tu n'connais pas Mamie Luger ? Tsss ... permets moi de t'dire que tu râtes quelque chose. Laisse-moi te présenter l'animal.
Prénom : Berthe
Surnom : Mamie Luger , elle en a un en sa possession, volé à un Nazi ...
Âge : 102 ans, pas toutes ses dents mais pas d'Alzheimer en vue
Raison de sa garde-à-vue : a défouraillé son voisin et canardé des flics, avec son Luger, donc
Signes particuliers : franc-parler fracassant, humour gouailleux
Hobby : serial-killeuse à l'insu de son plein gré ( ou pas ), aime enterrer des choses dans sa cave et explorer toutes les possibilités d'une pelle …

Tout se passe dans un commissariat avec la garde-à-vue de Mamie Luger, mais le cadre du huis-clos est très rapidement explosé avec les confessions de ladite mamie qui raconte des épisodes marquants de sa vie explosive, dans l'ordre qui lui sied, histoire de balader un peu beaucoup l'inspecteur qui mène l'interrogatoire. S'en suit une sarabande de révélations surprenantes, de dialogues truculents à mi-chemin entre Dard, Blier et Audiard ( pas pour rien que l'inspecteur se nomme Ventura, hein ), portés par la verve et la verdeur de la centenaire.

On s'amuse beaucoup mais à mi-parcours, j'avoue avoir été un peu lassée par la répétition du « protocole » criminel de Mamie. Et c'est là que le changement de braquet de l'auteur arrive à point nommé, insufflant émotion et profondeur. Car derrière la farce, se révèle le portrait d'une femme, libre, anticonformiste, indignée par le patriarcat et la domination masculine qu'il implique. Berthe est une féministe avant l'heure. Et si elle déroule crimes et aveux, elle dévoile aussi les épisodes douloureux de son intimité, notamment une très belle histoire d'amour, inattendue étant donné le profil de la Dame. Mamie Luger a été marquée par les hommes, prédateurs ou lâches, et malgré tout, sa force de vie ahurissante explose à la face du lecteur. Aucune loi ne peut la sauver, mais la morale est avec elle, et le lecteur aussi.

Un roman féministe léger mais pas que, souvent drôle, complètement dans l'air du temps. Très divertissant !

Lu dans le cadre du Prix des lecteurs Livre de Poche 2020, catégorie polar
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Durant sa longue vie, Mamie Luger a flingué à tout va. De préférence les hommes qu'elle a épousé et qui ont eu la mauvaise idée de lui manquer de respect, mais pas seulement. C'est ce qu'elle va confesser longuement au lieutenant de police, André Ventura, avant de tirer sa révérence à sa manière.

Visiblement très inspiré par San Antonio et Audiard (et ses Tontons flingueurs), Benoit Philippon nous convie à une comédie désopilante. Mais tout le sel de ce roman noir ne se réduit pas à tueuse en série de cent deux ans, hilarante, irrespectueuse et mal embouchée. La vielle dame indigne est aussi une femme sensible et une féministe convaincue qui entend lutter contre la domination masculine et la violence inhérente faite aux femmes. Même si ses moyens radicaux ne sont pas des exemples à suivre, on ne peut qu'être d'accord avec cet engagement...
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Blam ! Blam ! C'est à coups de Luger que Berthe accueille la flicaille qui cerne sa maison. du haut de ses 102 printemps, malgré l'arthrose et ses lunettes en cul de bouteille, elle en a encore dans le coffre ! Mais faut croire que les flics en ont encore plus puisque c'est avec un barouf de tous les diables qu'ils enfoncent la porte. À leur tête, l'inspecteur André Ventura qui dirigera l'interrogatoire. Car, non seulement la vieille dame, désormais en garde à vue, a tiré sur les flics mais aussi sur son voisin. À deux reprises et dans le cul ! Va falloir qu'elle s'explique, Berthe, pourquoi elle a fait ça pendant que Roy et Guillemette, deux fugitifs, se tiraient avec l'Audi dudit voisin. Et va falloir que Ventura soit patient. La garde à vue risque bien d'être longue au vu des secrets bien enterrés que cache Berthe !

Elle a du pep's, la Berthe ! du répondant, de la verve et de l'humour, noir parfois. Parce qu'à 102 ans (on peut dire qu'elle arrive au crépuscule de sa vie), elle en a vécu des choses. Des belles et des beaucoup moins belles aussi ! Ainsi, assise face à l'inspecteur Ventura, qu'elle surnomme affectueusement Lino, elle a de quoi en raconter pendant des heures. Et nous, lecteurs, suivons avec grand intérêt son histoire, loin d'être ennuyeuse d'ailleurs. de sa naissance en 14 à sa rencontre avec Roy et Guillemette, en passant par son adolescence auprès de Nana, sa grand-mère, ses mariages foireux ou ses épreuves, Berthe se dévoile sur un ton haut en couleur et envolé. Cette garde à vue, même si elle ne manque jamais de piquant tant par ces dialogues jouissifs et une joute verbale colorée, laisse entrevoir tout de même quelques lueurs d'émotions. Benoît Philippon, de par sa plume jubilatoire et ciselée, nous plonge dans un huis-clos inoubliable.
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Berthe, 102 ans, bon pied (au cul !), mauvail oeil, n'est pas une mamie gâteau qui tricote des écharpes à ses petits-enfants en ronflant devant les Feux de l'amour. C'est plutôt un croisement entre Tatie Danielle et Ma Dalton, serial veuve, qui a délaissé l'hydratation de ses géraniums pour arroser de plomb la bleusaille alertée par ses problèmes de voisinage. Inutile de vouloir lui confier des mioches pour les vacances quand il n'y a plus d'école pour s'en débarrasser.
La charmante vieille dame est placée en garde à vue et interrogée par l'inspecteur Ventura. Celui qu'elle surnomme Lino va bientôt découvrir que si beaucoup de gens cachent des cadavres dans leur placard, Mamie Luger préfère les enterrer dans sa cave. Et il y a foule dans les fondations, catacombe privative, ossuaire réservé aux dynasties d'animaux de compagnie et aux maris de mauvaise compagnie. Berthe a enchaîné les mauvais mariages et autant de veuvages plus ou moins prémédités.
Sa vie n'a pas été un fleuve tranquille. Plutôt un torrent déchaîné dont la vieille dame va raconter les nombreux débordements dans une langue crue.
Tartare à la Audiard lors des séquences d'interrogatoire, le récit échappe à la gaudriole san-antoniesque car la biographie macabre révèle une femme libre en avance sur son temps, faiseuse d'ange par compassion, démon radical face aux violences conjugales, les viols et le racisme. L'auteur ne précise pas si Berthe à de grands pieds, mais elle a les idées larges.
Il ne faut donc pas trop se fier à la couverture truculente et plus accrocheuse qu'une édition de minuit qui cherche midi sous un soleil de Plon. Ce qui se passe sous les draps de cette histoire ne relève pas du simple divertissement de transat. Benoit Philippon alterne avec brio les passages très drôles et les épisodes tragiques de la vie de la vieille dame. Son histoire d'amour avec un GI noir est aussi touchante que romanesque. Berthe est un coeur à vif qui porte le cynisme comme une armure.
A l'inverse, il faut oublier le romantisme quand la mamie aborde sans censure ni césure les compétences érotiques limitées et l'anatomie minimaliste de feu certains de ses maris qui lui rendirent le devoir conjugal aussi excitant qu'un sujet de trigonométrie. A défaut d'atteindre le Nirvana, Berthe tombe dans le Grunge quand il s'agit de se faire justice. Et la vieille dame interprète avec certaines libertés le concept de légitime défense pour se débarrasser de ses légitimes à coups de pelle.
Si l'aspect répétitif des crimes m'a parfois un peu lassé, le personnage sans filtre de Berthe est assez irrésistible et tout comme Ventura, je l'aurai bien gracié de ses crimes en lui accordant des circonstances plus amusantes qu'atténuantes.
Mamie Luger apparaissait dans le premier roman de Benoit Philippon "cabossé" qui suivait la cavale d'un couple en cavale évoqué au début du roman. Je vais tâcher de me le procurer. L'auteur est également scénariste et on le sent très à l'aise dans les dialogues jubilatoires du roman et dans sa construction à base de flash-back.
J'ai donc apprécié cette mamie flingueuse. Je plaide coupable.
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Le choix de Benoît Philippon de nous présenter la " vie " de mamie Luger de façon désopilante aurait pu s'avérer un " fiasco total ". En effet , loin d'être une " comédie de boulevard ", ce roman dramatique va s'appuyer sur l'humour décalé et un style désopilant, pour nous faire rire , certes , mais mettre " le doigt " sur des sujets extrêmement graves de notre société comme les violences de toutes sortes faites aux femmes , l'auto - défense , car ce livre est profondément féministe, beaucoup plus sérieux qu'il n'y paraît au premier abord . Raconter de la sorte une telle " vie faite presqu'exclusivement de drames " relève tout simplement du grand art . Mon attention a été "accrochée " dés les toutes premiéres lignes et ne s'est relâchée qu'à la fin .
Sans arrêt, le drame et , sans arrêt, le comique de situation , de langue , un feu d'artifice des réparties dignes , quelqu'un l'a dit avant moi , de San Antonio et d'Audiard . J'ajouterais que , personnellement , mamie Luger m'a rappelé l'un des personnages des Bodin's par sa gouaille, son assurance , ses apparentes bonne humeur et joie de vivre .Et pourtant , quelle sensibilité cachée derrière cette inénarrable gouaille , ce culot monstre , ces certitudes que seule une solide expérience de la vie , c'est à dire un âge plus qu'avancé ,permet de " balancer sans filtre " comme on dit aujourd'hui .
Ce qui n'aurait jamais pu recevoir un écho favorable avec une héroïne plus jeune , va faire mouche avec " Mamie Luger " toute acquise à notre cause de par sa personnalité hors norme ....et ses 102 ans...C'est mon avis .Vous me direz mais , avant , il faut lire....ou avoir lu .Et si vous n'avez pas lu , mon conseil sera de vite mettre ce livre dans vos bagages pour les vacances .
Un langage un peu cru , des scènes difficiles prennent une toute autre allure sous la plume de monsieur Philippon , son habileté à " jouer " avec les mots , avec les phrases , fait mouche à chaque fois et nous conduit à une réflexion finalement plus pertinente quant à la gravité des faits . A force de lire , dans la presse , des faits divers plus dramatiques les uns que les autres , on finit par " s'y habituer " et les banaliser....
Alors , c'est vrai , on se " marre " , mais , comme Ventura , ou Beyoun , on finit par éprouver plein de "choses positives " , de compassion pour Berthe et on souhaite plein de bonheur à Roy et Guillemette .....Et que dire de Berthe et Luther ?
Ce roman est à lire ....Mamie Luger , c'est un cas ....hélas, pas unique. Tenez , un exemple "Mamie " , oui , bon , c'est à cause de son âge qu'on l'appelle comme ça....parce que mamie , personne n'a pu le lui dire , elle n'a jamais eu d'enfants donc pas de petits enfants non plus ...Au village , elle n'est pas trop en odeur de sainteté......Seule , toujours seule ....Pris de remords , vous envisagez de lui rendre visite ? Belle idée mais ....Attention, vous pourriez " morfler " . Mamie , non , le Luger , oui ....Et vous allez voir , elle vise plutôt bien ....Je vous aurai prévenus.....surtout les hommes , du reste .
" Cette petite vieille à un don pour passer d'une humeur à une autre , une vraie douche écossaise " ( p347). Au village , c'est " la Veuve Noire " . Vous savez tout . Bonne lecture et , après, croyez- moi , vous regarderez les vieilles dames avec plus ......
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Mais quel bout de femme cette mamie Luger ! Malgré ses 102 ans, elle garde une forme olympique. Mieux vaut l'éviter si vous la croisez par chez vous car avec son vieux calibre 22 repêché de la guerre, elle risque de vous mettre en pièces.

Mamie Luger alias Berthe est tout d'abord interpelée en garde à vue pour avoir sabotté le derrière de son voisin à coup de luger. C'est qu'elle a confondu son voisin pour un gitan et sa 4 CV pour l'audi TT volée par ce même gitan de ce même voisin. C'est à y perdre son latin. À cent deux ans, elle ne voit peut-être plus très bien mais qu'est ce qu'elle en jette la mamie ! Elle n'a pas sa langue dans sa poche et a une sacrée répartie la mémé. L'inspecteur Ventura présage déjà que la garde à vue avec cette vieille bique enragée va être longue.

L'auteur nous régale d'entrée de jeu avec une sacrée dose d'humour à vous retourner la mâchoire. Ensuite, on se plonge dans la folle vie de Berthe alias mamie Luger et on finit par flipper grave. C'est que Berthe, sa vie, c'est digne des Grands Guignols, elle ne fait qu'une bouchée de ses maris qui la déçoivent les uns après les autres.

Je m'attendais à un roman léger à l'humour omniprésent, mais l'histoire de Berthe est plus sombre qu'il n'y parait. Ça frise pour moi un peu trop la poisse et les effusions noires. Il y a aussi beaucoup (trop) de passages où on frôle la nymphomanie grossière.

Ça n'en reste pas moins un roman à l'humour piquant, agréable n'est pas le mot exact, mais j'ai suivi les aventures de mamie Luger avec intérêt. Cette bonne femme a une façon bien à elle de régler ses comptes et ses désaccords, elle n'y va pas par quatre chemins, elle est cash et la vie, elle n'en fait qu'une bouchée la mamie Luger.

Merci Marina pour cette sympathique découverte.
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Mamie Luger a cent deux ans. Son surnom provient de l'arme qu'elle exhibe quand elle est contrariée, et elle l'a été au moins sept fois si l'on tient compte du nombre de cadavres enterrés dans sa cave ! C'est par ailleurs une forte tête, à son âge on ne la lui raconte pas, et l'inspecteur André Ventura, qu'elle s'obstine à appeler Lino, comprend rapidement que les méthodes habituelles d'interrogatoire devront être revisitées s'il veut vraiment découvrir le fin mot de l'histoire et comment cette brindille centenaire s'est retrouvée au poste de police après avoir dézingué son voisin.


C'est parti pour une longue nuit de garde à vue, au cours de laquelle la mamie va révéler ce que fût sa longue vie rythmée par les veuvages.

Les confessions de la criminelle ne sont pas restituées sous forme d'interrogatoire mais comme autant de chapitres du roman que fut sa vie. Et si le meurtre initial est sans doute le moins illégitime, on apprend peu à peu l'étendue des talents criminels de l'aïeule.

Après quelques doutes en parcourant les premières pages, et la crainte d'avoir affaire à une farce grotesque et vulgaire (il faut dire que la mamie ne châtie pas son langage), le roman prend son rythme et finalement les interventions fleuries de Mamie Luger apportent un peu de légèreté dans le récit dramatique de sa vie. Pour un peu, on lui pardonnerait tous ses forfaits.
Et on découvre en filigrane le portrait d'une femme libre, féministe avant l'heure et qui a dû défendre ses intérêts seule. Les aveux arrivent tardivement et sont d'autant moins difficiles à obtenir qu'à cent deux ans, la perpèt, elle s'en tape!

On passe sur les invraisemblances, et on apprécie l'histoire et même l'écriture. Avec un final en feu d'artifice !
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Troisième expérience de lecture audio en accompagnement de mes marches, et j'avoue que j'apprécie de plus en plus , même si je marche un peu moins vite qu'avec de la musique. L'attention est un peu plus sollicitée. Je ne pourrais jamais dire si ces livres écoutés auraient été plus ou moins appréciés en lecture traditionnelle. Ici, la voix de la lectrice unique accompagnait bien le texte, distinguait bien les interlocuteurs, mais sans m'avoir vraiment enthousiasmée.

Revenons à l'histoire . Mamie Luger : bizarre cette opposition entre Mamie, terme affectueux, synonyme de douceur et Luger, nom d'un pistolet associé à une triste époque.
C'est que Mamie Luger a plus à voir avec le pistolet qu'avec le statut de mamie. Mamie , elle ne l'est pas d'ailleurs, à part par l'age. Elle n'a pas eu d'enfants, elle aurait aimé, elle a même épousé un bel italien pour cela, c'est la nature qui n'a pas voulu. En revanche des maris , elle en a eu, plusieurs, pour le pire plus que pour le meilleur, pour elle souvent, pour eux toujours. Les maris de Mamie Luger n'ont pas fait de vieux os, leurs os d'ailleurs seront retrouvés dans le sol de sa cave.

Mamie Luger, Berthe pour les intimes, un vieille dame toute frêle, 102 ans, qui n'entend qu'avec un sonotone, un peu défaillant, aux yeux cachés derrière des culs de bouteilles, mais qui sait encore tirer à la carabine. C'est ainsi qu'elle accueille en ce matin d'une journée qui sera très longue les flics venus l'arrêter. Et va commencer une garde à vue qui donnera lieu à bien des surprises à l'inspecteur Ventura. Lui c'est André, même si Berthe s'obstine à le nommer Lino ou Colombo.

Dans un récit truculent, à la Audiard, Mamie Luger va raconter sa vie, de femme libre dans un temps où il n'était pas facile d'être autre chose que la femme de son mari, ou les discussions avec ceux-ci se terminaient souvent par des coups si la femme avait le malheur de vouloir avoir raison, où l'homme attiré par la beauté et la volupté du corps de Berthe n'avait de cesse de les lui reprocher une fois marié. Les coups, Berthe n'a jamais pu les supporter, alors si le mari n'essayait pas de se corriger, c'est elle qui trouvait la solution. Finale la solution.

Berthe va raconter sa vie, Bien sur il y a les meurtres, il y a son franc parler, mais il serait réducteur de résumer ce livre à cela. Berthe, c'est surtout une femme libre, qui si elle a accumulé les mauvais choix en terme d'époux, n'a jamais hésité à braver le qu'en dira-ton, a osé aimer et vivre avec un noir, qui aidera des jeunes femmes en détresse.

Alors même si Lino, je veux dire André invoque la loi et le proctologue comme dit Berthe (protocole en réalité), il ne peut s'empêcher de l'aimer et même de l'admirer, surtout quand elle va raconter les évènements qui la conduiront à exécuter trois hommes supplémentaires, pas ses maris cette fois-ci.

Un roman qui était depuis longtemps dans mon pense-bête et pour lequel je remercie Audiolib qui le met à disposition sur NetGalley.
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"Mamie Luger" de Benoît Philippon était annoncé comme un roman noir. Il l'est certes mais je serais tenté de dire qu'il bien plus que çà et ... pleinement coloré car l'animal en question, Berthe âgée de 102 ans a le verbe haut et facile (coloré aussi), tout comme la gâchette et la pelle et qui ose l'embêter finit par passer de vie à trépas.

Ce roman m'a épaté comme jamais car notre héroïne, sous des aspects plutôt gentillets se révèle être une tueuse en série, et de surcroit affligée de l'étiquette assez explicite de veuve noire car si elle en a épousé des maris, pas mal d'entre eux ont mal fini et ont justement fini dans sa cave.

On rit beaucoup dans ce roman et force est de constater que notre tueuse est au final sympathique et que sa garde à vue est le récit d'une femme centenaire qui a toujours été libre, féministe et avant-gardiste dans l'âme ... au caractère et aux idées bien trempées.

Je recommande sans hésitation ce bon livre qui décrispe les zygomatiques à chaque page et donne à réfléchir sur les violences conjugales, l'évolution des moeurs et du statut de la femme (mariée ou non) depuis un siècle. Un bon divertissement et rafraichissement estival en somme !
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